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J’avais annoncé peu avant la manifestation du 5 juillet que la mobilisation serait là, mais que malheureusement nous ne serions pas trop entendus mais que parallèlement nous pourrions avoir quelques miettes à grignoter…

Et bien, finalement, je me suis trompé.

 

Le constat est bien pire que ce je pensais

En effet, même pas un os à ronger… Tout s’est déroulé dans le plus profond dédain possible. Non seulement nous n’avons rien obtenu, mais de plus, alors que la manifestation était prévue de longue date, rien n’a été fait en amont pour nous recevoir.

Même le SNMKR dans sa communication indique bien que toutes les promesses qui ont été avancées ne sont que des effets d’annonces. Je passe la petite phrase du président de la FFMKR « nous n’avons rien eu »…

Madame la ministre n’a même pas eu besoin d’aller au journal télévisé pour rassurer la ménagère de plus de 50 ans. Non, inutile. La belle mobilisation que nous avons fourni n’a même pas eu l’effet d’une tornade dans un verre d’eau, mais plutôt celui d’un soufflet trop cuit…

Pas ou peu de couverture médiatique au lendemain, ce sont les résultats du « bac » qui ont mobilisé la presse…

Merci de votre participation à cette grande manifestation. Nous étions un peu plus de 2000. Si certains sont heureux d’avoir pu s’exprimer, l’intersyndicale m’a semblé ne vraiment être qu’une façade, où les discours des uns et des autres, parfois hésitants, se sont avérés presque incohérents entre eux.

Petite mention spéciale au président dAlizé, arrivé trop tardivement pour pouvoir se rendre à la réunion improvisée. « Merci d’être venu » résume assez bien la situation…

 

Communiquer cela s’apprend

Et à ce jeu, je dois l’avouer, peu m’ont convaincu.

Espérons que pour la prochaine fois, en septembre, les bannières puissent être communes, que le discours « commun » sera travaillé, qu’un minimum de « dress code » sera respecté et organisé. Enfin bref, tout ce qui fait que l’on ait l’impression que la cohésion est de mise.

L’action syndicale semble bien en retrait de la réalité et si je n’aime pas cumuler les anglicismes, un certain côté « has been » est franchement ressorti de tout cela.

Les actions doivent changer, les modes de penser aussi. Nos syndicats doivent se renouveler dans leur organisation, dans leur mode d’expression et dans leurs faits et gestes.

Nos syndicats se semblent pas avoir compris l’essence même du « virage macronien » et comment les cartes ont été redistribuées.

 

Conclusion

Il est temps de changer notre mode de pensées.

Il est urgent de faire un constat raisonné et dénoué d’émotionnel.

Peut être devrions nous réfléchir à une évolution majeure de notre profession, accepter certaines délégations de compétences pour en acquérir d’autres nous-mêmes. Les pratiques avancées, les pratiques spécifiques etc…

Les propositions et les idées ne manquent pas, mais personne ne prend se responsabilités pour informer clairement les kinésithérapeutes. Alors je vous le dit clairement.

Le modèle que nous connaissons est en fin de vie, il faut en changer. Soit nous sommes acteurs de ce changement soit nous subirons changement.

Et si certains pensent que c’est la preuve que nous avons baissé les bras, je ne sais vraiment pas comment leur faire comprendre que le mode de réflexion suranné qu’ils nous propose n’est ni entendu ni écouté. Et même lorsque l’ensemble de la profession est dans la rue, du côté de nos tutelles, tout le monde s’en fout !

J’irais même plus loin en avançant que ces gens qui nous promettent la lune en nous faisant croire que l’acte unique est possible, qu’il faut revaloriser la lettre clé, que la nomenclature va perte plus simple, n’ont non seulement rien compris du monde qui nous régit, n’ont rien anticipé, ne proposent rien d’autres que de doux rêves, mais surtout sont aussi très dangereux pour notre profession.

Car c’est à cause d’eux que nous ne sommes plus écoutés et que notre manifestation a été un échec cuisant.

Notre polyvalence est une force mais aussi notre principal défaut. Nous n’avons aucun monopole et nous ne pourrons jamais garantir le fait de conserver nos actes et compétences sous notre coupole exclusive. Si personne n’ose vous le dire, voilà ce sera fait.

Nous devons nous adapter aux demandes des patients, à l’évolution du système de santé et aux pressions européennes.

Toutes celles et ceux qui vous font croire qu’ils peuvent encore changer le système sont soit des menteurs soit des illuminés. D’ailleurs ils essayent depuis des lustres, y sont-ils arrivés ?

Tant que nos syndicats n’auront pas compris cela, nous ne ferons que de la politique de grand père et nous ne serons plus jamais ni entendus, ni écoutés.

C’était une belle manifestation, qui n’a servi à rien certes, mais cela, c’était prévu !

 

Vincent Jallu