Je vous annonce l’ouverture de la Chasse aux Primes sur les Territoires de Santé autrement appelé CPTS !
L’expression n’est pas de moi mais je l’ai trouvé tellement réaliste que je n’ai pu m’abstenir de la citer.
Depuis quelques temps tout le monde s’agite autours des CPTS. Sous cet acronyme se cache les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé.
Superbe idée à la base et si l’on écoute les professionnels déjà en place au sein d’une CPTS, tout est parfait dans e meilleur des mondes. Enfin les libéraux peuvent travailler ensemble autours d’un projet qui la plupart du temps est un projet qui nous touche directement.
Bénéficiant d’un financement entre 50 et 150 000€ comme l’a précisé la directrice de l’offre de soin, voilà qui pourrait être alléchant. puisque cela peut financer un secrétariat coordonnant le système ou tout autre moyen utile à la CPTS.
Travailler en collaboration, autours d’un objectif commun et en ayant les moyens de le faire, franchement ? Que demander de plus ?
Mais alors, où est le piège ?
Si certains affirment haut et fort que le financement des CPTS ne sert pas à rémunérer des actes, ils ont raisons. Mais le financement des CPTS pourrait rémunérer des missions !
L’UNCAM a trouvé là un moyen encore plus intéressant que les forfaits pour payer indirectement les professionnels. Car dans le forfait vous n’avez aucun objectif. Alors que là tout est clairement indiqué. L’UNCAM ayant même déjà délivré certains indicateurs. Vous savez, comme pour les ROSP ! Des indicateurs !…
Même origine, même trajet, même terminaison, ROSP=CPTS=piège à c..
De plus Nicolas Revel rajoute une petite phrase intéressante, « Il est nécessaire de passer de l’obligation déontologique individuelle à une organisation territoriale et collective ». Tout est dit. La déontologie individuelle ayant échouée, nous allons passer à une organisation obligatoire en collectif avec objectifs, indicateurs et prime à la clé.
Et si depuis 2016 les CPTS ont eu des fonctionnements « facile », l’étau se resserre déjà.
En effet, l’UNCAM a précisé que les CPTS fonctionneraient dorénavant autours de missions dites « socles » et de missions dites « complémentaires » et suivant des « indicateurs ».
D’ailleurs, Nicolas Revel a déjà indiqué que les médecins qui ne suivront pas le chemin des CPTS se verront « limités » dans leurs rémunérations forfaitaires ! Que ce soit pour employer un assistant médical, ou pourquoi pas tout ou partie de ROSP… Pensez vous réellement que si le système était si parfait, l’UNCAM aurait besoin de menacer ? Laissez moi rire, soit toutes celles et ceux qui vantent les méritent des CPTS se sont laissé bernés comme des imbéciles, soit ils n’ont vraiment aucune once de lucidité.
Ne doutons pas une seule seconde qu'avec le futur avenant 6 à notre convention, Nicolas Revel saura se montrer "convaincant" avec nous aussi !
Missions socles, missions complémentaires, indicateurs
Parmis les missions socles, indiscutablement, la rééducation n’en fait pas partie. Donc que tous les kinésithérapeutes qui ont eu la « chance » d’être dans une CPTS fonctionnant autours d’un projet de rééducation, malheureusement, tout cela c’est fini.
Les missions socles ? Simple. Il y en a 2.
- l’accès au soin (médecin traitant, soins programmés)
- l’organisation des parcours de soins
Voilà… Les kinés là dedans ? Désolé, il faudra repasser ! Ha si, nous serons dans l’organisation du parcours. Donc terminé les CPTS centrées autours de projets de soins. Seuls l’accès et l’organisation sont des missions socles.
Voici un exemple donnée par l’UNCAM, « la CPTS pourrait avoir la responsabilité de recenser les patients sans médecin traitant, d'identifier la capacité des médecins à prendre de nouveaux patients ou encore de définir les patients prioritaires pour la prise en charge par un médecin traitant ». Quelle joie pour les masseurs-kinésithérapeutes de faire partie d’une telle organisation !
Voilà ce à quoi ressemblera une CPTS.
Seulement après ces missions socles, interviennent les missions complémentaires.
Mais attention, ces missions ne sont pas « gratuitement » rémunérées, il faudra répondre à des indicateurs. Augmentation de la population prise en charge, augmentation de la patiente par praticien, augmentation du nombre de créneaux horaires par praticien, baisse du nombres de prises en charge aux urgences et même la « satisfaction » des patients ! Nous voilà prévenus !
Parlons des missions complémentaires. Quatre sont mises en avant.
- Prévention
- formation
- qualité
- pertinence
Voilà, en dehors de la prévention, tous les projets à titre rééducation semblent mis de côté non ?
Et cerise sur le gâteau, les financements seront attribués aux missions. Donc si les kinésithérapeutes d’une CPTS n’ont pas de mission réelle, pas de financement. Donc pour avoir le financement les kinésithérapeutes devront s’adapter et de venir des chasseurs de primes !
L’avenir des CPTS existantes ?
C’est un point des plus inquiétant. En effet, lorsque les objectifs de la CPTS déjà en place seront atteints, que va-t-il se passer ?
Les objectifs vont changer tout simplement. Et ces objectifs devront alors répondre aux missions socles. Donc toutes celles et ceux qui ont actuellement des projets « sympathiques » se verront avec des projets uniquement administratifs avec des indicateurs de réussite, des objectifs… En fait un contrat entre l’UNCAM, les ARS et les professionnels. Si le contrat n’est pas respecté, fin du financement (et pourquoi pas un remboursement) obligation de se conforter aux objectifs, indicateurs etc.
Conclusion
Compte tenu des missions socles, il est clair que les CPTS sont au mains des médecins et que les objectifs
Le gouvernement est en train de réinscrire le fait que nous ne sommes que des « para » médicaux et que nous n’aurons aucune place majeure et nous resteront subordonnés. Travailler « ensemble » dans un rapport hiérarchique parfaitement établi en suivant des objectifs strictement médicaux sans réels rapports avec nos objectifs du quotidien. Voilà ce que sont les CPTS.
Alors, ça vous tente ?
Tout est actuellement en construction au sein des négociations avec l’UNCAM. Peut être est-il temps d’interroger nos syndicats représentatifs avant que l’accord cadre interprofessionnel ne soit signé non ?
Dans tous les cas la chasse à la prime est ouverte !
Vincent Jallu