Les Syndicats
l'enquête de représentativité
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Dans cet article je vous propose de faire une petite analyse de texte des promesses de campagne de nos chers syndicats. En effet, nous venons de recevoir le matériel de vote et oui, nous devons voter.
Loin de moi l’idée de vous dire pour qui voter, non. Je vous propose simplement mon analyse de cette campagne et plus particulièrement des différentes propagandes électorales.
Pour mieux comprendre comment d’organise notre système, je vous invite à lire l’article sur le sujet en cliquant ici.
Alizé
Dès le début de sa propagande, Alizé s’oppose aux syndicats « historiques »…
Or, malheureusement pour Alizé, les listes présentées aux élections de la CARPIMKO sont, depuis les années 90, souvent des alliances et rarement des listes issues des seuls syndicats.
Par exemple cette année les listes sont FFMKR-AMKO-CNMKDE, l’UNSMKL (SNMKR-OK) et Alizé. Doit on rappeler que l’UNSMKL date de 2006 et qu’Alizé de 2008 ? Il est vrai que 2 ans d’histoire cela change tout ! Rappelons aussi qu’Alizé a, dès 2010, présenté des candidats. D’ailleurs à cette époque où le courage animait Alizé, ces élections avaient été « animées »…
Non, Alizé est bien le seul syndicat à se présenter « seul ». N’est-ce pas le même Alizé qui prône à tort et à cris que nos syndicats doivent travailler ensemble ? Et bien quand l’occasion leur en est donnée… À priori ils semblent vouloir faire cavalier seul.
Ensuite Alizé nous promet tout un tas de chose qu’ils ne pourront malheureusement jamais obtenir. En plus d’être trop « technique » et sans plus d’explications, rien n’est réellement sérieux dans leurs propositions.
Ils vont même à revenir sur le principe de solidarité inter-régimes et peut être même la compensation nationale. Mais ont-il seulement compris que la compensation inter-régimes que nous versons à la CNAVPL est en partie, pour ne pas dire totalement, reversée au titre de la compensation nationale ? Je n’en suis pas sur…
La CNAVPL ne fait qu’appliquer le code de la santé publique. L’ennemi n’est donc pas la CNAVPL mais le législateur. Alizé se trompe totalement de cible.
Un petit détail qui m’a personnellement choqué. Être enceinte n’est pas une maladie ou un état pathologique. La formulation est très mal choisie. Peut être qu’Alizé voulais nous parler du congé maternité ou de l’abaissement de la carence pour les grossesses pathologiques ?
En tous cas c’est très maladroit et brouillon.
Étrangement, Alizé qui nous a plutôt habitué à une forme de démagogie entourant « l’union syndicale », fait, là encore, preuve ici de confrontation à l’encontre des autres professions constituant la CNAVPL. C’est une erreur politique majeure. En effet seuls, nous n’auront aucun poids (à lire ici), mais avec l’aide des autres professions nous pouvons peut être entrevoir quelque chose. Peut être qu’Alizé souffre de ne pas être convié aux réunions du haut commissariat sur la réforme des retraites, du CNPL et de la FFPS. Pour une fois qu’il fallait appeler à l’union, Alizé préfère l’opposition. Dommage.
Au final, la propagande d’Alizé bâtie sur des faussetés est trop technique pour le grand public et trop fallacieux pour les gens qui s’y connaissent. Une sensation de campagne « brouillon » se dégage de tout cela…
Alizé aurait pu nous montrer sa capacité à réunir et a préférer s’opposer au sein de notre profession et au sein de nos partenariats inter-professionnels.
FFMKR-AMKO-CNMKDE
Étrangement, la cette liste que j’appellerais « FFMKR » pour simplifier, est celle qui a le plus retenu mon attention. La FFMKR qui à son habitude communique peu en direction du grand public, a une nouvelle fois mis un certain nombre de processus électoraux pour cette campagne. Appels téléphoniques, courriels, invitation à des réunions-assemblées… Seuls les réseaux sociaux ont été un peu délaissés.
Cette liste FFMKR a fait une très belle propagande électorale.
Non sans rappeler le « moi président » de monsieur Hollande, celle-ci est sur un ton positif, ne s’implique pas de trop tout en dénonçant et en promettant ce qu’il faut. Je trouve qu’une forme de « juste milieu » se dégage de cette propagande. Même si là encore, aucune explication ne vient étayer les propositions, aucune opposition ne s’en dégage, ni à l’encontre des autres listes, ni à l’encontre des autres professionnels qui constituent la CARPIMKO ou la CNAVPL. Je l’avoue, c’est très bien fait.
À noter, la FFMKR signe cette liste avec l’AMKO et la CNMKDE. Certains diront « détail », d’autres apprécieront ces choix.
En effet, l’AMKO montre l’implication et la ligne politique que la FFMKR a commencé à mettre en place. Récupération d’audience auprès de nos confrères et consoeurs titrés en ostéopathie, c’est aussi un moyen de montrer sa position d’opposition par rapport aux décisions ordinales par exemple.
La CNMKDE, que tout le monde avait oublié ou presque, résonne certainement dans la tête de certains comme moi. Cette CNMKDE qui a émergé dans les années 90, était plus proche du SNMKR, de OK et plus globalement de l’UNSMKL. C’est donc un signal assez marqué que nous donne la FFMKR. Ayant su s’allier et montrant des stratégies politiques intéressantes.
Ce que nous pourrions malheureusement reprocher à cette liste est le fait que les élus sortants sont FFMKR et globalement il y a eu peu de communication sur les enjeux à venir et les dangers. Il manque aussi à mon goût une notion d’alliance inter-professionnelle.
Nous pourrions directement leur rappeler « qu’ils étaient au pouvoir et n’ont pas fait grand chose ou au moins n’ont pas su en parler… ».
Il est aussi dommage que la FFMKR n’ait pas mis en avant une volonté d’union avec les autres professions au sein de la CARPIMKO et plus largement au sein de la CNAVPL. En étant justement déjà largement présents au sein de la CARPIMKO, la FFMKR a toutes les cartes en main pour pouvoir tisser un réseau interprofessionnel autours du sujet.
Peut être l’ont ils fait, mais clairement il n’y a aucune communication sur les actions menées ou à venir.
Au final, j’ai presque peur que cette promesse électorale, très bien faite tant graphiquement que sur le fond, ne fasse que cacher la misère. Étant au pouvoir, la FFMKR n’a pas assez mis en avant les enjeux et risques pour notre avenir. Peut être que cette promesse électorale n’est qu’un maquillage pour habiller une façade s’effritant…
UNSMKL (SNMKR-OK)
L’union qui a pourtant fait une belle campagne en régions et sur les réseaux sociaux, avec de belles présentations claires et concises, me semble avoir complètement raté sa propagande électorale. Même si c’est un détail et que les conditions d’élaboration sont définies à l’avance, graphiquement la propagande de l’Union n’est pas à la hauteur de ce qu’ils ont l’habitude de nous proposer. Nous sommes assez proche des vieux tracts du PCF des années 70 !
Le pire venant des propositions en elle même. En effet, l’Union retombe dans ses travers… Je promets, je promets et… Je promets !
Alors que ce sont les premiers qui ont tiré la sonnette d’alarme sur l’avenir de notre système de retraite. Ce sont les premiers à avoir pris conscience des dangers. Ceux là, arrivent avec des propositions qui semblent totalement déconnectées de la réalité surfant sur le populo-démago. Alors oui, cela sera peut être vendeur auprès de la grande majorité de confrères et consoeurs qui ne s’intéressent pas aux jeux syndicaux. C’est peut être un pari gagnant, je leur souhaite, mais pour moi c’est une erreur de campagne. Nous le verrons avec le résultat des élections.
Personnellement je trouve dommage que l’UNSMKL ne se soit pas un peu plus « élevé » dans cette promesse.
Au final, j’ai bien du mal à comprendre cette volonté de ratisser large alors que les propositions seront intenables et sont simplement surréalistes. Je ne suis pas en phase avec cette ligne politique…
Conclusion
Merci à tous nos confrères et consoeurs qui se sont engagés dans cette voie. C’est un engagement complexe et difficile. Je pense même que certains qui l’avouent eux mêmes, sont novices en la matière, n’ont pas mesuré la porté de cet engagement.
Nos syndicats nous on rappelé dans cette campagne que l’intérêt collectif n’était pas réellement leur inquiétude. Ils nous ont montré que ces élections de la CARPIMKO restent une vitrine politique majeure pour eux.
Les enjeux de notre régime de retraite, de l’ASV, de l’invalidité-décès ou encore de l’action sociale doivent dépasser cela.
Aujourd’hui, tel que notre régime est fait. Seuls nous n’auront aucun poids, aucun espoir de nous faire entendre.
S’opposer aux autres était la pire chose à faire. S’allier, la meilleure chose.
J’aurais aimé lire « il y a 3 postes, nous présentons une liste tri-syndicale ». J’aurais encore plus aimé lire « nous nous sommes associées avec nos amis infirmiers-infirmières, ou orthophonistes ». Et par dessus tout j’aurais adoré lire « nous avons mis en oeuvre, tout notre réseau au sein du CNPL, de la FFPS pour que nous puissions tous ensemble, toutes les professions de santé, toutes les professions libérales, mettre en place une stratégie commune pour défendre réellement nos intérêts ». Là, franchement, celui ou ceux qui auraient fait cela auraient eu toute ma considération.
Et bien non. Nous avons une liste qui s’oppose à tout, une liste qui était déjà au pouvoir et dont nous ne savons rien et une liste qui promet monts et merveilles. Le tout sans réellement prendre la mesure de la réforme de notre système.
Je vous laisse donc seul juge de comment et pour qui voter.
J’estime personnellement que c’est un devoir de voter et je ne cautionne en aucun cas l’abstention. Mais je vous l’avoue… Je comprendrais que le taux de participation soit peu élevé.
Vous l’aurez compris, aucune liste ne m’a réellement convaincu. À ce jour, je sais pour qui je ne voterais pas, mais pas pour qui je vais voter !…
Bon courage pour votre choix, ce sera de toutes façons un bon choix en accord avec vos idées et votre perception.
Vincent Jallu
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Le régime universel
Figure emblématique de l’élection du président Macron, le Régime Universel (RU) va uniformiser les 42 régimes de retraite. En dehors de toutes les tractations et les pseudos annonces, pour faire simple, en passant au régime universel, les kinésithérapeutes libéraux vont perdre en 12 et 25% de revenus.
Pire, oui nous allons cotiser plus, mais surtout, nous n’allons rien y gagner.
Si on nous disait « vous cotiserez 20% de plus et vous aurez 20% de retraite en plus », nous pourrions en discuter. Là non. Nous allons cotiser plus pour la même chose.
Pire encore, l’incertitude qui plane aujourd’hui autours de l’ASV. Cet Avantage Social Vieillesse, qui a déjà pris une lourde charge de plomb dans l’aile par le passé est plus que menacé. N’oublions que c’est un avantage conventionnel. Si il venait à disparaitre, cela constituerait un réel questionnement sur le fait de rester conventionné…
Aujourd’hui les discussions (car il ne s’agit pas de négociations) se font entre le haut commissariat à la réformes des retraites et les représentants des différentes branches. En ce qui nous concerne, la FFMKR et le SNMKR participent aux réunions avec le haut commissariat.
Comment s’organise la Carpimko
Je vais essayer de rester simple et de ne pas trop vous ennuyer avec des détails techniques.
Sachez cependant que la Carpimko est régit par 20 administrateurs dits « cotisants » et 2 membres dits « retraités ». 11 postes actifs et un poste retraité doivent être renouvelés.
Vous allez donc élire 3 administrateurs « masseurs kinésithérapeutes » et un administrateur « retraité ». Les retraité n’ont pas de distinction suivant l’origine de leur métier. Chaque administrateur a un suppléant.
Nous avons donc en toute logique, au mieux, 18% de choix décisionnaire au sein de la Carpimko. Celles et ceux qui vous font croire qu’en les élisant ils vont changer la face du monde au sein de la CARPIMKO sont des bonimenteurs !
Ensuite, sachez que la CARPIMKO est englobé dans la CNAVPL. En tant que membre de la CNAVPL, la CARPIMKO reverse une partie de ses bénéfices à la CNAVPL.
Cette CNAVPL regroupe 10 sections professionnels (chirurgiens dentistes-sages femmes, médecins, vétérinaires, agents d’assurance, experts-comptables et commissaires aux comptes, officiers ministériels-publics et des compagnies judiciaires, pharmaciens, architectes-géomètres-experts-consultants, notaires et enfin nous avec les IDE, les orthophonistes, les orthoptistes et les podologues).
Nous avons donc en toute logique 1,8% de pouvoir décisionnaire au sein de la CNAVPL. Celles et ceux qui vous font croire qu’en les élisant ils vont changer la face du monde au sein de la CNAVPL sont des bonimenteurs !
Cette même CNAVPL va être englobée dans le RU et ses 42 régimes !
Nous avons donc en toute logique 0,4 millièmes de pouvoir décisionnaire au sein du RU. Celles et ceux qui vous font croire qu’en les élisant ils vont changer la face du monde au sein du régime universel sont des bonimenteurs !
Un exemple de non négociation, le PASS c’est quoi ?
Beaucoup d’agitation autours du Plafond Annuel de la Sécurité Sociale (PASS). Dans le régime général de la CARPIMKO, tous les revenus en dessous du PASS (soit environ 40 500€) sont imposés à 8,23%. Tous les revenus au dessus du PASS sont imposés à 1,87%.
Le haut commissariat propose donc de passer cette limite à 3 PASS (121500€ environ). Donc tous les revenus jusqu’à 121500€ seraient imposés à 8,23%. Sachant que parallèlement ce taux de 8,25% augmenterait ! Autant vous dire que l’addition va être salée !!!
Cette règle de 3 PASS est remise en cause par nos syndicats.
Et bien malheureusement cette règle de 3 PASS est actée. Certains partenaires sociaux avaient avancé un plancher à 8 PASS et le gouvernement a déjà tranché de manière non négociable à 3 PASS pour équilibrer le système.
Il est donc inutile à nos syndicats de faire croire qu’ils pourront modifier cela… Ce ne sont que des effets d’annonces.
N’oubliez pas qu’ils ne représentent au mieux que 0,4 millièmes de pouvoir décisionnaire…
Mais alors… Pourquoi nos syndicats s’intéressent ils autant à la Carpimko ?
La réponse est simple, ces élections sont un tremplin pour la représentativité.
Même si ces élections ne sont pas un critère principal de l’enquête qui détermine quels syndicats nous représente, c’est un critère secondaire.
En effet les élections « syndicales » sont au nombre de 2. La CARPIMKO et les URPS. Seules les élection des URPS sont comptabilisées pour la représentativité, mais un syndicat qui aurait des élus à la CAPRIMKO et qui n’arriverait pas à remplir les critères de représentativité serait avantagé.
Les syndicats ne sont pas dupes, ils savent très bien qu’ils ne pourront rien changé ou presque dans le fonctionnement de la CARPIMKO et encore moins dans celui de la CNAVPL et encore moins dans celui du RU… Mais si ils bataillent autant et si ils dépensent autant d’énergie et d’argent dans ces élections, c’est uniquement pour la représentativité !
C'est donc bien un objectif strictement politique qui anime nos syndicats... Soyez en sur, après cet article, ils vont tous monter au créneau pour affirmer le contraire ! Cela sera à l'image des quelques députés européens que nous venons d'élire et qui vous promettent de changer les choses en étant 2 ou 3 sur 751 ! La bonne blague...
Beaucoup parlent de la retraite mais le reste ?
Et oui la CARPIMKO c’est aussi le régime invalidité, l’ASV, l’aide sociale… Et cela pourrait aussi être le congé maternité si l’on s’en donnait la peine (à lire ici). Certains ne parlent que de la retraite et ont totalement occulté que nous avions aussi un régime d’invalidité décès, un ASV ou une action sociale.
Et si nous n’avons que peu de pouvoir sur le régime de la retraite, nous en avons plus sur les autres missions de la CARPIMKO.
C’est pourquoi au moment du vote, ne l’oubliez pas.
Personnellement j’aurais voulu voir un syndicat nous parler « d’alliance » au moins avec des partenaires de notre caisse (IDE, orthophonistes…), montrer que « oui nous ne pouvons rien faire », mais qu’éventuellement « avec d’autres » nous pourrions faire quelque chose. Et pourquoi pas, puisque nos syndicats représentatifs sont dans des collectifs tels que la Fédération Française des Professions de Santé, ou sont tout simplement aux réunions du haut commissariat de la réforme des retraites, montrer qu’ils peuvent s’associer avec les autres partenaires de la CNAVPL pour faire front commun.
Doux rêve utopiste… Quoique… La campagne n’est pas finie ! Je suis convaincu que certains vont s'apercevoir de leur erreur et corriger le tir d'ici peu !... À suivre.
Vincent Jallu
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Si vous ne l’avez pas encore lu, le syndicat Alizé a fait paraître un article (à lire ici) concernant sa rencontre avec le député Thomas Mesnier.
Si cette annonce m’a paru être enfin une avancée pour Alizé qui semblait être en sommeil depuis quelque temps, le contenu de l’article m’a mis un peu hors de moi. « Ce n’est pas les vacances pour tout le monde! »… Et bien puisque ce ne sont pas les vacances pour tout le monde…
Pour faire simple, Alizé nous propose l’accès direct. En soi, c’est une excellente chose, sachant que nous l’avons déjà. Il est aussi proposé une consultation de prévention. Jusque là, étant moi même partisan d’une vraie consultation de première intention, de la valorisation de notre BDK et ayant déjà prêché pour une prévention digne de ce nom, je ne pouvais que me dire que cela serait de bonnes idée.
Et pourtant, Alizé veut, pour accéder à la première intention, nous faire retourner à l’école ! Et non seulement il faudra effectuer une centaine d’heures de cours, mais en plus il y aura un examen final… Le tout sans aucune proposition de compétences supplémentaires. Oui vous avez bien lu. Pour simplement exercer votre métier Alizé demande à ce que nous fassions une formation complémentaire.
Le principe est déontologique et éthique
Nous sommes une profession de santé. À ce titre nous avons appris et il est de notre devoir de nous tenir au fait des avancées scientifiques de notre profession. Nous nous devons d’avoir une conduite thérapeutique qui nous semble être la plus cohérente possible. Si un masseur-kinésithérapeute ne se sent pas la capacité d’accueillir certaines pathologies ou certains contextes comme le contexte de l’urgence et de l’accès direct, il est de son devoir de s’informer, de se former, et même de réorienter le(s) patient(s) si cela s’avère nécessaire.
Il n’est en aucun cas le devoir d’un syndicat seul, de conditionner la déontologie et l’éthique professionnelle.
Le conseil national de l’ordre depuis plus d’un an (à lire ici) nous a confirmé que chaque kinésithérapeute était à même de gérer les actes d’urgences dans le cadre de la loi et donc l’accès direct aux soins. Pourquoi Alizé d’un coup s’oppose à cela ?
Minimisation de notre formation initiale, balayage de la main d’éventuels acquis par l’expérience, de formations annexes déjà effectuées, dévalorisation de l’éthique et la déontologie professionnelle, quel beau programme qu’Alizé nous dresse là.
Nous gérons déjà tous les jours des « morceaux » d’accès direct. Lorsqu’une pathologie évolue dans un sens ou dans un autre ou simplement lorsque des signes y compris organiques apparaissent (phlébite, ictères, arthrites, ruptures ligamentaires, tendineuses ou musculaires…), lorsqu’une douleur apparait ou se modifie… Que faisons nous dans ces cas là ? Et bien simplement notre métier…
Sans accroissement de compétences significatives (droit de prescription médicamenteuse, d’imageries, puncture sèche etc…), il est aberrant de demander aux professionnels d’avoir une obligation de formation complémentaire.
La formation se doit d’être à la discrétion des professionnels
Pour ne pas remettre en cause le principe fondamental du diplôme d’état qui garanti la qualité de formation ainsi que l’ensemble des connaissances délivrée pour in fine assurer la sécurité des patients, la formation continue ait partie intégrante de notre éthique et notre déontologie. C’est ainsi que tous les MKDE de France sont considérés avec la même valeur, le même niveau et la même qualité de formation. C’est ce qui garanti la sécurité et la qualité de la prise en charge de nos patients.
Alizé nous propose de valider un DU ou un DIU.
Le DU est un diplôme d’université, qui est un « simple » diplôme d’établissement qui est non national et dont seule l’université qui est l’initiatrice du diplôme est garante de l’information et de la formation délivrée. En aucun cas un DU ne peut garantir les mêmes valeurs q’un diplôme d’état. Le DIU, même si il regroupe plusieurs université est lui aussi à porté limité.
Avez vous besoin d’un DU de kinésithérapie du sport pour traiter un sportif ? Avez vous besoin d’être le titulaire d’un DU de kinésithérapie respiratoire pédiatrique ambulatoire pour prendre en charge une bronchiolite ?
Non. Par contre si vous traitez beaucoup de sportifs et qui un moment donné vous vous dites « comment améliorer mes prises en charges » vous pouvez être amené à vous dire « je vais aller voir ce qui se passe dans le DU du sport ».
Pour avoir une porté nationale, il existe des titres, des capacités voire des pratiques avancées… Le DU n’est pas une réponse adaptée.
Ce qui est clair c’est que nous faisons déjà 5 années études pour ne pas avoir de grade master et qu’Alizé nous demande de continuer à nous former pour toujours ne rien avoir au bout ? Est-ce sérieux ?
Les autres professions
Il ya peu les chiropracteurs ont su nous rappeler qu’ils étaient de première intention. Nous aurions pu répondre que nous aussi et que fort de notre position de professionnels de santé tels que défini par le code de la santé publique, nous aurions pu mettre en avant notre savoir faire et nos compétences.
Et bien pour Alizé, non. Eux, nous proposent pour obtenir la première intention de nous former.
Le syndicat Alizé admet donc que notre formation est bien inférieure à celle des chiropracteurs. Ces derniers ont donc gagné, Alizé vient de nous crucifier sur l’autel de la reconnaissance des compétences. Merci à eux !
Les chiropracteurs pourront donc continuer à voir les patients en première intention, pendant que nous nous monterons des DU au travers de la France et que peut être que dans 10 ou 15 ans, nous aurons tous les droit d’être de première intention…
Que dire des 12 000 kinésithérapeutes ayant un titre d’ostéopathe ? Ceux-là même qui ont droit à l’accès direct à 95% grâce à ce titre. N’y aurait-il pas un paradoxe de négliger totalement ce titre pourtant accordé par les ARS et reconnu nationalement ?
Les infirmier(e)s ont obtenu une pratique avancée. Nouvelles compétences, formation supplémentaire, diplôme supplémentaire, grade master. Peut être un exemple à suivre... (à lire ici)
Le temps
Aller, soyons fous, et regardons ce que la proposition d'Alizé pourrait donner...
Combien de temps faudra-t-il pour former 90 000 personnes ?
On dénombre environ 75 universités en France. A coup de 25 personnes par an (nombre de participants moyen dans les DU spécifiques aux kinésithérapeutes), il faudra 48 années pour former les 90 000 kinésithérapeute soit-disant « sous-formés » selon Alizé.
Je ne commenterais pas plus, la situation est assez ubuesque comme cela…
Qui va financer ?
C’est bien joli d’imposer une formation, mais qui va la payer ? Alizé ?
Non, un DU c’est une dépense de 2000€ environ rien qu’en frais d’inscription. À cela comme à l’accoutumé, se rajoutent les frais d’hébergement, de déplacement etc…
L’OGDPC et le FIFPL ont intérêt à bien se tenir car nous allons épuiser les crédits pour les 50 prochaines années ! Sauf à augmenter considérablement les cotisations, il sera impossible de financer cela.
Le cas des DE étrangers
Comment va-t-on s’organiser pour les équivalences de DE étrangers ?
Va-t-on leur demander à eux aussi de faire une formation complémentaire ou va-t-on juste leur dire « ok pas de soucis pour vous » ?
Beaucoup de questions sans réponse…
Une cotation NGAP ?
La proposition d’Alizé est bien alléchante. Mais je pose la même question qu’au CNO à l’époque, et la NGAP là dedans ?
Un accès direct doit être national, ouvert à toutes et à tous sans restriction. Et sans cotation inscrite à la NGAP, ce serait à mon sens une erreur politique majeure. L’accès direct doit se faire sous couvert de convention. Si nous exerçons cela hors convention, notre action ne sera jamais quantifiable et l’accès au soin sera biaisé par l’aspect financier.
Nous ne pouvons pas d’un côté nous battre contre la mutualisation de la santé et d’un autre prôner un système hors convention dans le cadre de nos soins.
Mais bien sur, de ce côté là Alizé ne propose rien...
Conclusion
J’espère qu’Alizé mesure bien la porté d’une telle proposition. Faire des propositions hasardeuse, soit. Mais remettre en cause la notion même de diplôme d’état et le professionnalisme ainsi que la déontologie et l’éthique de l’ensemble des professionnels, il fallait oser…
Je suis titulaire comme vous toutes et vous tous d’un diplôme d’état de masso-kinésithérapie reconnu comme tel sur l’ensemble du territoire et dans les états membres de l’union européenne.
Qui est Alizé pour remettre en cause cela ?
Ce qui est clair c’est qu’Alizé vient de se mettre à dos 90 000 confrères et consoeurs en jugeant que ces professionnels n’étaient pas à même d’effectuer leur métier…
Vincent Jallu
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Suite au communiqué commun de nos trois syndicats (Alizé, FFMKR et SNMKR) de début septembre, ceux-ci avaient annoncé attendre les propositions du président Macron le 18 septembre pour se positionner quant aux suites à donner au mouvement de manifestation de juillet dernier.
Voilà cela fait 10 jours que monsieur Macron a édicté son plan. Vous pouvez lire mes commentaires sur « Ma Santé 2022 » ici.
10 jours après… Et ? Nos syndicats n’ont fait que commenter individuellement.
Devons nous attendre une annonce commune ? Devons nous supposer que l’entente entre les 3 n’est plus qu’histoire ancienne ?
Aucune piste pour l’instant.
À titre personnel, j’ai bien peur que la situation syndicale ne deviennent compliquée. Certains l’ont compris, d’autres semble avoir encore un peu de mal. Mais notre pays est en train de vivre une redéfinition de l’action syndicale au sens large.
Le SNMKR (à lire ici)
Une fois n’est pas coutume, le SNMKR a été le premier et surtout le seul à avoir une réelle analyse de « Ma santé 2022 ».
Tout est détaillé, bien présenté et analysé. Globalement assez en accord avec les analyses du SNMKR, et pour les mauvaises langues, non je ne suis pas adhérent au SNMKR et je n’ai pas aspiration à l’être… Je ne peux que dire que leur vision me semble cohérente et pertinente. Il y a bien quelques points de détail mais qui ne méritent pas d’être relevés ici.
Je vais quand même oser une question avec humour… Et Objectif Kiné là dedans ?
La FFMKR (à lire ici)
Celle-ci a décidé de favoriser son congrès qui a lieu mi octobre pour commenter et préciser son analyse.
Si d’un point de vue strictement syndicaliste, c’est une excellente idée de favoriser sa fédération et ses adhérents, je trouve qu’attendre presque 1 mois pour se positionner, c’est long, très long…
Dans son bref communiqué la FFMKR semble toutefois assez en accord avec ce qui a été déjà dit par le SNMKR ou votre serviteur.
Cependant, je me permets de donner un avis d’un non adhérent à la FFMKR, aujourd’hui à l’heure de hyper communication des réseaux sociaux, il serait peut être bon de revoir la politique vis à vis du monde extérieur à la fédération.
En effet, la FFMKR est quasi absente des réseaux. Seuls quelques participants à titre individuels interviennent
Et si votre position historique vous a toujours « favorisé » et a apporté un grand nombre d’adhérent, il semblerait que la croissance de ceux-ci ne soit pas en rapport avec la démographie actuelle…
Quelle est aujourd’hui la ligne politique de la FFMKR ? Je serais bien incapable de le dire tant l’opacité est de rigueur. En tant que non adhérent cela ne m’incite pas à venir adhérer…
Et si je suis le premier à dire qu’un syndicat se doit de favoriser ses adhérents et sa structure, il y a tout de même du point de vue de la communication un fossé actuellement entre la FFMKR et les non adhérents.
Alizé (à lire ici)
Presque coutumier du fait, il faut bien quelqu’un pour fermer la marche…
Ma première réaction en lisant le texte d’Alizé a été de penser qu’enfin ils ouvraient les yeux. Ils ont peut être finalement fini par comprendre où en était le syndicalisme aujourd’hui. Quelle magnifique surprise.
Si cette modification de politique interne présage un renouveau pour Alizé, je reste cependant dubitatif sur quelques points majeurs.
Les pratiques avancées, futur de notre profession, semble ne pas du tout être maitrisées par Alizé. Ce que nous pouvons déjà faire ne doit pas être une pratique avancée…
Par ailleurs, quand on sait à quel point certains membres du conseil d’administration d’Alizé ont été vindicatifs contre la démarche qualité, je suis assez surpris de lire le contraire dans ce texte…
De plus, en lisant « Si la création de forfaits rémunérant les soins qui répondent aux objectifs prioritaires de santé publique est pertinente », j’en conclus qu’Alizé est devenu favorable à l’élaboration de forfaits de soins. Voilà une petite révolution puisque là encore de nombreux membres du conseil d’administration exprimaient il y a quelques jours non seulement leur volonté de continuer à demander l’augmentation de la lettre clé, mais aussi leur opposition aux forfaitisations.
Il reste donc à Alizé de tout construire puisque n’ayant aucun proposition en adéquation avec cette vison nouvelle et même quelques discours dans leur actualité presque en contradiction.
Nous attendrons donc avec impatience les idées, propositions et actions cohérentes avec la nouvelle ligne politique d’Alizé.
En espérant que tout ceci ne soit pas un « plan comm’ » sans réelle volonté derrière, juste pour ne pa paraître « déconnecté » de la réalité… Car finalement si la ligne politique semble changer, il n’est malheureusement fait aucune proposition concrète allant dans le même sens et les analyses sont comparativement au SNMKR, assez superficielles.
Attention d’ailleurs à ne pas devenir qu’une pâle copie d’autre(s) syndicat(s) existant(s).
Conclusion
Finalement, chaque syndicat a parlé en son nom. Mais aucun n’a proposé de suite(s) à donner au mouvement du mois de juillet. Soit ils ont tous compris que monsieur Macron avait modifié l’impact et l’influence syndicale au cours de son mandat (où en est le mouvement des cheminots ? Personne ne le sait et tout le monde a tourné la page…), soit ils n’ont simplement pas envie de se lancer dans des actions inutiles et coûteuses.
Quelques question restent en suspens. Où en est la fameuse réécriture du « décret chiro » que certains candides ont cru être possible ? Où en sont les futures actions communes aux trois syndicats ? Où en sont les actions individuelles des syndicats ?
Autant de questions sans réponse.
Ce qui est sur c’est que plus que jamais nos syndicats sont en danger. Certains l’ont compris, d’autres ont du mal.
La période est complexe, assemblée générale pour les uns, fin de mandats pour les autres, congrès… Les 3 présidents des 3 syndicats peuvent potentiellement changer. Peut être ont ils été animés par la frilosité…
Ce qui est certain c’est que le syndicalisme doit changer pour survivre et les prochains présidents de nos syndicats devront clairement avoir cela en tête.
Ce qui est sur, c’est que concernant l’action collective de nos trois syndicats, 10 jours après et… Nous n’en savons toujours pas plus.
Vincent Jallu
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J’avais annoncé peu avant la manifestation du 5 juillet que la mobilisation serait là, mais que malheureusement nous ne serions pas trop entendus mais que parallèlement nous pourrions avoir quelques miettes à grignoter…
Et bien, finalement, je me suis trompé.
Le constat est bien pire que ce je pensais
En effet, même pas un os à ronger… Tout s’est déroulé dans le plus profond dédain possible. Non seulement nous n’avons rien obtenu, mais de plus, alors que la manifestation était prévue de longue date, rien n’a été fait en amont pour nous recevoir.
Même le SNMKR dans sa communication indique bien que toutes les promesses qui ont été avancées ne sont que des effets d’annonces. Je passe la petite phrase du président de la FFMKR « nous n’avons rien eu »…
Madame la ministre n’a même pas eu besoin d’aller au journal télévisé pour rassurer la ménagère de plus de 50 ans. Non, inutile. La belle mobilisation que nous avons fourni n’a même pas eu l’effet d’une tornade dans un verre d’eau, mais plutôt celui d’un soufflet trop cuit…
Pas ou peu de couverture médiatique au lendemain, ce sont les résultats du « bac » qui ont mobilisé la presse…
Merci de votre participation à cette grande manifestation. Nous étions un peu plus de 2000. Si certains sont heureux d’avoir pu s’exprimer, l’intersyndicale m’a semblé ne vraiment être qu’une façade, où les discours des uns et des autres, parfois hésitants, se sont avérés presque incohérents entre eux.
Petite mention spéciale au président dAlizé, arrivé trop tardivement pour pouvoir se rendre à la réunion improvisée. « Merci d’être venu » résume assez bien la situation…
Communiquer cela s’apprend
Et à ce jeu, je dois l’avouer, peu m’ont convaincu.
Espérons que pour la prochaine fois, en septembre, les bannières puissent être communes, que le discours « commun » sera travaillé, qu’un minimum de « dress code » sera respecté et organisé. Enfin bref, tout ce qui fait que l’on ait l’impression que la cohésion est de mise.
L’action syndicale semble bien en retrait de la réalité et si je n’aime pas cumuler les anglicismes, un certain côté « has been » est franchement ressorti de tout cela.
Les actions doivent changer, les modes de penser aussi. Nos syndicats doivent se renouveler dans leur organisation, dans leur mode d’expression et dans leurs faits et gestes.
Nos syndicats se semblent pas avoir compris l’essence même du « virage macronien » et comment les cartes ont été redistribuées.
Conclusion
Il est temps de changer notre mode de pensées.
Il est urgent de faire un constat raisonné et dénoué d’émotionnel.
Peut être devrions nous réfléchir à une évolution majeure de notre profession, accepter certaines délégations de compétences pour en acquérir d’autres nous-mêmes. Les pratiques avancées, les pratiques spécifiques etc…
Les propositions et les idées ne manquent pas, mais personne ne prend se responsabilités pour informer clairement les kinésithérapeutes. Alors je vous le dit clairement.
Le modèle que nous connaissons est en fin de vie, il faut en changer. Soit nous sommes acteurs de ce changement soit nous subirons changement.
Et si certains pensent que c’est la preuve que nous avons baissé les bras, je ne sais vraiment pas comment leur faire comprendre que le mode de réflexion suranné qu’ils nous propose n’est ni entendu ni écouté. Et même lorsque l’ensemble de la profession est dans la rue, du côté de nos tutelles, tout le monde s’en fout !
J’irais même plus loin en avançant que ces gens qui nous promettent la lune en nous faisant croire que l’acte unique est possible, qu’il faut revaloriser la lettre clé, que la nomenclature va perte plus simple, n’ont non seulement rien compris du monde qui nous régit, n’ont rien anticipé, ne proposent rien d’autres que de doux rêves, mais surtout sont aussi très dangereux pour notre profession.
Car c’est à cause d’eux que nous ne sommes plus écoutés et que notre manifestation a été un échec cuisant.
Notre polyvalence est une force mais aussi notre principal défaut. Nous n’avons aucun monopole et nous ne pourrons jamais garantir le fait de conserver nos actes et compétences sous notre coupole exclusive. Si personne n’ose vous le dire, voilà ce sera fait.
Nous devons nous adapter aux demandes des patients, à l’évolution du système de santé et aux pressions européennes.
Toutes celles et ceux qui vous font croire qu’ils peuvent encore changer le système sont soit des menteurs soit des illuminés. D’ailleurs ils essayent depuis des lustres, y sont-ils arrivés ?
Tant que nos syndicats n’auront pas compris cela, nous ne ferons que de la politique de grand père et nous ne serons plus jamais ni entendus, ni écoutés.
C’était une belle manifestation, qui n’a servi à rien certes, mais cela, c’était prévu !
Vincent Jallu
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