Événement passé totalement inaperçu par le microcosme kinésithérapie, la création des Conseils Nationaux des Universités (CNU). La semaine dernière, l’ensemble des structures dirigeantes en orthophonie, se sont élevées contre la création du CNU des métiers de la rééducation. Nos dirigeants à nous, s’en sont félicité il y a quelques mois !
Comme quoi les attentes des uns ne sont pas les mêmes que celles des autres.
Encore une fois, merci à nos amies orthophonistes de se préoccuper un peu mieux des professions paramédicales que ce que nous pouvons le faire ! (à lire ici)
Un CNU c’est quoi ?
Pour faire simple, c’est l’organisme qui s’occupe de la carrière des enseignants-chercheurs. Si le CNU de votre profession n’existe pas, vous n’avez ni carrière ni recherche possible au titre de votre profession. Vous pouvez toujours vous faire embaucher comme enseignant ou comme chercheur, mais dans une branche qui n’est pas la votre spécifiquement.
Ainsi il y a eu une création de CNU en sciences infirmières, un autre en sciences maïeutique et un dernier en sciences de la réadaptation et de la rééducation. Les IDE ayant validé par le biais de pratiques avancées le fait d’accéder au grade Master et donc d’accéder à des carrières spécifiques d’enseignants en soins infirmiers et ou de chercheurs en soins infirmiers. Le président de la faculté de Rennes ayant déjà annoncé les premiers « maitres de conférence en sciences infirmières d’ici à la fin de l’année ». Mieux, dans son communiqué de presse du 03/05, madame la ministre Agnès Buzyn déclarait « Enfin, « Ma santé 2022 » repose sur le principe de libérer du temps médical utile pour permettre aux médecins d’accueillir de nouveaux patients. Cet objectif sera notamment rempli par la création de la fonction d’assistant médical et l’arrivée des 300 premiers infirmiers en pratique avancée. Ces derniers, de niveau Bac+5, disposeront de compétences plus étendues pour se voir confier le suivi de patients atteints de maladies chroniques stabilisées ». Voilà comment les infirmières arrivent à faire avancer leur profession.
Voilà aussi pourquoi les orthophonistes ne veulent pas se contenter d’un CNU non spécifique à leur profession et pourquoi elles qui ont aussi le grade Master, aimeraient bien aller de l’avant et obtenir ce que les infirmières ont obtenu.
Et nous ?
Ne cherchez pas le CNU des masseurs-kinésithérapeutes, il n’existe pas et n’existera jamais !
En effet, il a été créé un CNU « fourre tout » regroupant tous les métiers de la rééducation !
Voilà c’est simple, un « truc » ou l’on range « ce qui ennuie le gouvernement » et où il mettra tout le « bordel » pour lequel il a pas envie de faire quoi que ce soit.
Nous sommes prévenus, la masso-kinésithérapie ne semble pas être à la hauteur pour que le législateur s’intéresse à nous.
Contrairement à nous les IDE, ont vraiment bien joué leur jeu. Les orthophonistes, elles réagissent et montent au créneau. Et nous, nous nous complaisons de cela !
Encore une fois nous allons être le dindon de la farce !
Il est notable de voir que le conseil de l’ordre des orthophonistes a vaillamment bataillé pour obtenir le grade master et de voir aussi sa réactivité face à la constitution de ces CNU. Merci à lui d’oeuvrer de manière aussi présente et puissante.
Mais j’y pense ?
Il n’existe pas de conseil de l’ordre des orthophonistes ! C’est peut être pour cela qu’elles ont obtenus ce que nous n’arrivons pas à avoir et qu’elles ont une réelle volonté de défense de leur profession en refusant la médiocrité proposée !
Devons nous, nous contenter uniquement de cette médiocrité que l’on nous propose ? Où peut on espérer qu’un jour nos dirigeants prennent réellement conscience de comment ils sont traités et nous fasse de vraies propositions de défense de notre profession ?
Ce qui est sur c’est que chez nous, nous trouverons toujours quelques illuminés pour défendre l’indéfendable à savoir que la situation est idyllique et que tout va bien se finir !
Non, la réalité est que le Master de Masso-Kinésithérapie n’existera jamais. Nous devrons nous contenter de ce qui se fait « à côté ». J’irais même jusqu’à dire, « tout cela pour ça ! ». Oui 10 ans de bataille et d’énergie perdue pour revenir à ce que nous avions déjà avant ! La recherche en masso-kinésithérapie continuera à végéter jusqu’à l’extinction de la profession.
Conclusion
J’espère que cet article fera, un tant soit peu, réagir nos têtes vides mais qui essayent de penser, et qu’au moins ils nous tiendrons informé des événements à venir. Devrons nous pleurer la réforme du PACES, devrons nous en finir avec l’espoir du Master de Masso-Kinésithérapie, devrons nous en finir avec l’espoir d’une pratique avancée, devrons nous en finir avec l’espoir de voir un jour un « docteur en kinésithérapie » ou un « maitre de conférence en sciences kinésithérapique », etc…
Vincent Jallu
P.S. Merci à Didier Lantz au passage...