Vous ne vous êtes surement pas intéressé à la réforme de l’assurance chômage, logique puisque nous ne sommes presque pas concernés.
Je ne reviendrais pas sur le contenu de cette réforme qui ne manquerait pas d’être largement commenté mais, non ce n’est pas le propos.
Non, je vais revenir sur un fait essentiel dans l’élaboration de cette réforme.
Cette réforme de l’assurance chômage s’est faite dans la plus grande perversion administrative possible. Le gouvernement a dit aux partenaires sociaux, « débrouillez vous, faites nous une réforme, amis assurez vous que cela nous fasse gagner de l’argent ». Après un certain temps, les partenaires sociaux ont dit « nous n’arrivons pas à un consensus ».
Le gouvernement a alors fait ce qu’il fait le mieux… Il a repris la main !
Le gouvernement a simplement éliminé les partenaires sociaux du dialogue et a imposé directement son texte. Texte qui ne sera pas débattu à l’assemblée, mais directement édicté par décrets. Point final. Peu importe le contenu, le gouvernement n’en a finalement fait qu’à sa tête et arrivera à nous faire croire que le processus a été démocratique alors que finalement nous sommes très proche du totalitarisme.
Je vous l’ai déjà dit, pour ma part, je pense que le monde politique a changé le 10 décembre 2016 lors de la campagne de monsieur Macron.
J’y ai vu là la fin. La fin de toutes négociations possibles.
Et malheureusement ce qui a suivi n’a fait que confirmer ce sentiment.
Depuis l’investiture du président Macron, les mots « dialogue social » n’ont plus aucune signification. Le ton est donné, « je vous écoute, je vous entends, mais je n’en fait qu’à ma tête »… voilà la réalité.
Pourquoi cela nous intéresse-t-il ?
La réponse est simple. L’état a déjà fait, passer en force en reniant les partenaires sociaux et cela, en 1995. La réforme de l’assurance maladie, cela vous rappelle quelque chose ?
Second point, une réforme d’ampleur nous concernant arrive sur le plateau politique. La réforme des retraites et la création du régime universel.
Voilà donc comment nous allons être traité… Nous pourrons nous agiter autant que nous le voulons, nous serons balayés du revers de la main.
Vous le savez, je ne suis habituellement pas tendre avec nos syndicats. Cependant, je dois bien avouer que dans cette situation ils n’auront aucun mot à dire, aucune marge de manoeuvre, aucun pouvoir. Et franchement, nous ne pourrons pas les blâmer dans cette difficile tâche.
La réforme des retraites est malheureusement perdue d’avance.
Allons plus loin
L’accord cadre interprofessionnel sur les CPTS, fraîchement signé, quelque soit son contenu est de la même trempe. Pour paraphraser Jean-Louis Barrault, la dictature c’est « ferme ta gueule », la démocratie c’est « cause toujours ». Plus que jamais cette citation prend tout son sens.
Le mot « libéral » n’a plus aucun sens aujourd’hui. Nous sommes libéraux emprisonnés dans un carcan administrativo-financier.
Jusqu’où irons nous ? Nous laisserons-nous nous faire dicter ce que nous devons faire en laissant nos libertés s’envoler ?
La question qui vient de suite à l’esprit, est « Comment faire ? ».
Vous le savez, je ne suis plus convaincu par « l’action », entendez par là que l’ensemble des manifestations, mouvement populaires ou autres n’ont plus rien donné depuis 2 ans maintenant. Bloquer le périphérique ? très bien… où en sont les taxis ? nul part. Les gilets jaunes, sincèrement qu’ont ils obtenus ?… Des promesses, rien d’autre.
Non, à mon sens il faut prendre l’état à son propre jeu. Par exemple la démarche du SMAER (https://smaer.fr) pour faire requalifier la relation caisse-médecins en contrat de travail n’est pas dénuée de sens. Nombre sont ceux qui ont essayé avant eux et qui malheureusement n’ont pas obtenu gain de cause, mais les contraintes augmentant, les textes évoluants, il se pourrait bien que…
Il faut être intelligent, créer des projets en adéquation avec la « législation » imposée et nos désidératas. Il faut être fin et arrêter la stupide opposition infertile pour tendre vers la subtilité juridique et le biais inattendu.
Tant que nous écouterons et adhèrerons aux chimères vendues par certains qui promettent monts et merveilles, nous ne resterons que médiocres et nous ferons phagocyter par nos tutelles.
Vincent Jallu