Nuages

Nous le savons, c’est dans les temps difficiles où émergent des actions fortes, où certains « se révèlent » et où d’autres montrent leurs peurs et fuient leurs responsabilités.

L’Homme est ainsi. Et si il a développé une forme de conscience, une logique et une forme d’intelligence, il ne peut dans ces situations, retenir ses instincts primaires.

Exils des grandes villes, approvisionnements démesurés, peurs diverses, fuites en tous genres...

Cependant, nous masseurs-kinésithérapeutes, nous sommes du personnel soignant. Nous avons des responsabilités et des engagements de santé publique à tenir.

Nous ne pouvons et ne devons pas fuir devant eux.

 

Nous aurons un rôle majeur à tenir, mais pourrons nous le faire ?

Si les médias ne cessent de nous comptabiliser les décès, peu parlent des 85% qui sortent de réanimation et qui guérissent.

Ils s’en sortent oui, mais avec des séquelles encore peu connues et auxquelles nous devrons faire face. Les associations d’HAD commencent à nous contacter pour débuter les soins...

Séquelles respiratoires, avec des défauts de perfusions, des lésions pulmonaires périphériques graves, des pertes de volumes... Séquelles musculo-squelettiques, réentraînement à l’effort, car après 3 semaines d’alitement sans réels soins de mobilisations et autres, les corps souffrent, les neuropathies post-réanimation, sans même parler des séquelles psychologiques...

 

La question est donc simple, êtes vous prêts à prendre en charge ces patients ?

Avez vous pensé à l’éventualité du « vos cabinets réouvrent mais que la pandémie n’est pas finie », à comment réorganiser et optimiser l’accueil des patients ?

Comment se protéger et protéger ses patients à domicile ?

 

Nous devons aussi penser aux autres

Oui, nous devons penser à tous les patients que l’on nous a demandé d’abandonner en chemin.

Tous ces soins « non vitaux » laissés de côté sur ordre...

 Parfois même nous devrons leur dire « vous avez attendu... mais il va falloir attendre encore car nous devons prendre les suites de réanimation en premier et je n’ai pas assez de place pour tout le monde ».

 

Les drames psychologiques

Pourrons prendre en charge toutes ces pathologies qui vont se développer suite aux multiples facteurs psycho-sociaux que nous sommes en train de vivre ?

Les instances des psychiatres ou autres psychologues se posent largement la question.

Il ne faut pas être grand devin pour prédire une explosion sanitaire dans les mois à venir.

 

Le concept de résilience

Pour faire simple, la résilience est la faculté de rebondir et d’agir face à un évènement.

Serons nous capable de rebondir ?

Notre CNO, depuis le début de cette crise est aux abonnés absents. Voyage en outre-mer, négligence totale de la monté de crise, aucune action préventive, aucun soutien, rien.

Uniquement de la réaction, aucune action. Réactions « à chaud » bien sur, donc pas forcement réfléchies et posées.

Les actions de défense et de promotion de la professions n’existent plus.

Des choses simples auraient du être mises en place. Des rappels d’hygiènes élémentaires, car oui, on oublie. Comment se laver les mains, désinfecter une surface, du matériel, mettre un masque des gants une surblouse une charlotte, comment désinfecter son véhicule etc... Tout cela aurait du être fait en amont, dès les premiers cas.

Évidemment, tout cela il fallait l’anticiper, plutôt que d’aller buller sous le soleil...

Si nous ne sommes pas des soignants de première ligne face à cette épidémie, nous aurions pu nous placer en soutien.

Soutien au soignants tant de première ligne, massage, détente, relaxation. Mais aussi prévention des TMS, prise en charge des petites pathologies dans les services et auprès des soignants.

Soutien aux médecins généralistes, avec la prise en charge de toutes les pathologies de notre éventail évitant ainsi une visite aux urgences, libérant ainsi du temps médical. L’accès direct c’était maintenant... L’occasion est manquée.

Non à la place nous voyons au journal télévisé des ostéopathes prendre en charge ces soignants. Quelle belle image de nous... Et que nos très chers élus ordinaux ne viennent pleurer à coup de nofakemed quand ces mêmes ostéopathes obtiendront une avancée professionnelle. Les ostéopathes pourront remercier notre CNO...

 

En une phrase, accompagner la profession était la solution, s’opposer à elle était une erreur.

 

Ceux qui sont sensés nous représenter doivent faire preuve d’une résilience absolue.

Et bien malheureusement, nous sommes en train de le vivre, le concept « reste assis t’es payé par les braves kinés qui sont dans des situations toutes plus complexes les unes des autres » n’a jamais autant trouvé écho qu’aujourd’hui.

Il y aura des comptes à rendre, des explications à donner, oui, c’est certain. Mais demain. Des têtes tomberont, nos élus et dirigeants de toutes parts, qu’ils soient de la république, professionnels ou autres, devront assumer leurs responsabilités.

Aujourd’hui notre ordre répond a son instinct grégaire et de facto n’a aucune résilience.

Que nos élus commencent par être solidaires et qu’ils reversent leurs indemnités à l’action sociale !...

 

Serez nous donc prêts à rebondir et à réorganiser notre avenir, à prendre en main la défense et la promotion de notre profession sans nous cacher, sans avoir peur et en assumant pleinement nos responsabilités ?

L’avenir c’est maintenant qu’il faut l’anticiper et le construire

 

Conclusion

Nous pouvons féliciter tous les masseurs-kinésithérapeutes qui se sont engagés, aussi bien en local pour aider au quotidien la population, dans les réserves (sanitaire, sociale, agricole) ou auprès des personnels soignants.

Merci à vous de faire briller notre profession. Notre ordre ne vous arrive même pas à la cheville, et vous démontrez au quotidien qu’il ne sert à rien…

Notre société va être marquée pour de longues années suite cette pandémie. Nous aurons de grosses responsabilités à assumer. Des opportunités mais aussi des responsabilités à aller prendre, si nous le souhaitons bien sur.

Soyons prêts ! Commençons à préparer l’avenir.

 

Vincent Jallu