Nuages

Nous le savons désormais, le confinement va durer jusqu’au 11 mai.

Cependant, j’espère que vous avez été attentifs aux annonces du président.

 

Le discours du président de la république a été clair. La France a sous estimé cette crise. Nous n’avons pas les moyens techniques, humains, logistiques d’assurer la réaction face à cette pandémie.

Donc nous devons jouer la carte de l’autruche et devons rester confinés.

Je ne discuterais pas du choix de renvoyer à l’école nos enfants, ce qui sera certainement la pire ânerie à faire.

Le message est clair, nous devrons attendre un mois avant d’avoir les capacité de protection et de prise en charge des malades. En attendant, démerdez vous braves gens...

Sous un air de « nous sommes les meilleurs » il faut savoir entendre « en fait nous avons été totalement nuls et avons sous estimés l’ampleur du problème avec une politique délétère du système de santé alors que depuis plus de 20 ans les personnels soignants ne cessent de le revendiquer ».

 

le 11 mai, si tout va bien !

Oui si tout va bien, car si la situation ne s’améliore pas, ce sera plus tard !

De plus, le 11 mai commencera le déconfinement. Il n’est absolument pas question de dire le 12 au matin « c’est fini, reprenez votre petite vie tranquille ». Non, le 11 mai les lieux recevant du public resteront fermés. Les personnes sensibles (nos patients) resteront confinés jusqu’à juillet au mieux. Et vous pouvez compter sur notre très cher CNO, animé par la peur, l’angoisse, l’absence de concertation des données scientifiques et l’impulsivité pour maintenir nos cabinets fermés jusqu’à juillet. Quant à défendre la profession qui s’organise déjà sans lui, et bien disons que le père noël n’existe pas vraiment...

 

Le 11 mai, le début d’une nouvelle kinésithérapie

Nous le voyons déjà, nous devons nous adapter.

La réalité est que le covid-19 est là pour un moment. Certains scientifiques (les vrais, pas ceux de facebook) commencent à annoncer que tant qu’il n’y aura pas de vaccin ou de traitement fiable, il sera là omniprésent.

Le 11 mai sera une étape, mi-juillet une autre et personnellement, à moins d’avoir d’un traitement, je n’imagine pas un retour « à la normale » avant septembre-octobre, voir l’année prochaine... Je ne parlerais même pas de cette publication de l’université d’Harvard qui parle de distanciation sociale souque 2022…

Gants, masque, surblouse, lunettes, charlotte vont devenir nos meilleurs amis. Les désinfectants en tous genres que nous aurons dans une citerne tellement nous en serons consommateur seront notre luxe !

Nous le savons tous, nos plannings sont pleins à craquer et le temps dédié à gérer ce matériel consommable à l’achat, à l’utilisation et au recyclage, sera énergivore, coûteux et source de temps perdu. 

 

À la reprise, nous aurons moins de patients

Oui, il faut s’y attendre. Nous aurons plus de prises en charge à domicile. Domiciles que nous aurons du mal à réduire en terme de temporalité. Il faudra s’équiper, se déséquiper pour chaque patient.

Au cabinet aussi cela sera chronophage. Nous perdrons du temps,  nous aurons donc moins de patients. Au départ ce sera 1 patient à la fois sans jamais croiser quelqu’un d’autre, là encore gestion de temps, d’espace. Les salles d’attentes seront certainement fermées, les « gymnases » et les « box » inutilisables.

Ajouté à cela, certains patients ne reviendront pas. Nous l’entendons déjà, au téléphone, ces patients dans la terreur qui ne sortent plus et qui ne retourneront pas dans un lieu public avant des mois. Ils ne vont même pas renouveler leurs médicaments par peur d’être infecté. Ne parlons même pas de celles et ceux qui disent déjà « ha vous voyez des gens infectés ? Heu... peut-on suspendre les séances ? »...

Donc oui à la reprise, nous aurons moins de monde.

Et si il n’est pas très subtil de parler d’argent dans cette période, il faut l’avouer, le manque à gagner sera colossal pendant des mois. Car si pour l’instant nous pouvons encore lire certains « c’est rien on a de la trésorerie », dans six mois avec une activité toujours réduite, ce seront les premiers a râler... Cette année, financièrement, cela va être catastrophique... Même si l’on pense à une reprise en mai, nous reprendrons à 25-30% pour arriver certainement en septembre à 80%. En cumulant l’ensemble, j’estime à 40-50% de perte globale sur l’année en comptabilisant aussi les investissements en consommables que nous aurons.

 

La position de notre ordre

Nous l’avons vu au cours des derniers jours, déclarations contradictoires ou comment se dépêtrer les pieds qui sont dans ce tapis qui ne cesse de bouger. Notre ordre qui a fait de mauvais choix tant politiques, que scientifiques ou qu’en matière de communication, outre-passant ses prérogatives, ne cesse de se décrédibiliser aux yeux de notre profession, de nos syndicats et des instances. Nous ne parlerons même pas de cette propension à s’attribuer des prérogatives qui ne sont pas les siennes...

Bonne nouvelle cependant, certains CDO, certaines ARS et certaines préfectures partagent mon avis et sont presque prêts à engager le pas a l’encontre de notre CNO qui devra assumer ses actes et paroles. Mieux encore, les infirmières et les sages-femmes continuent à officier en cabinet certainement car elles ont le sens des responsabilités pas seulement le « bon sens » (du masque ! petite blague personnelle…).

Lorsque l’on est assis derrière son bureau en gagnant quelques milliers d’euros d’indemnités alors que l’on est bénévole, en disant à ses confrères et consoeurs « ne vous inquiétez pas vous aurez du travail après la crise », il y a un petit air de Marie-Antoinette arguant « qu’ils mangent de la brioche »... Remarquez, Marie-Antoinette y a perdu sa tête, notre CNO fera peut être de même.

 

Conclusion

Pour vous en sortir, ne comptez que sur vous. Si vous restez terré, tant pis. Si vous vous bougez, ce sera dur mais vous vous en sortirez. Ce qui est clair, si vous ne prévoyez pas un minimum l’avenir et que vous n’entrevoyez pas ce qui se profile, vous aurez beaucoup de mal le moment venu.

 

Vincent Jallu