Depuis quelques jours, un sentiment de peur circule au sein de notre profession.
Allons nous être reconfinés ?
L’ordre va-t-il nous redemander de fermer les cabinets ?
Pour clore le débat de suite, non, nous ne refermerons pas. Et ce pour deux raisons que nous développerons plus bas.
Nous l’avons vu en mars, l’ordre des kinésithérapeutes et plus largement les ordres médicaux et paramédicaux nous ont offert une mascarade de gestion de crise que l’ensemble des professionnels concernés ont dénoncé.
La plupart des décisions n’ont réellement suivi aucun principe scientifique. Notre présidente a d’ailleurs rapporté à la commission d’évaluation du sénat que la décision de demande de fermeture des cabinets était de « bon sens ».
Je pense qu’il faudra rappeler le code de déontologie à notre très cher ordre. La science n’a apporté aucune preuve de contamination massive lorsque l’on suit les recommandations de la Haute Autorité de Santé concernant la protection du patient et du praticien au cabinet.
Il n’était pas moral de partir en vacances en début de crise et le bon sens n’est pas une preuve scientifique. J’ai d’ailleurs personnellement rappelé ces faits et principes scientifiques à la commission parlementaire.
Depuis la crise du mois de mars, le gouvernement s’est d’ailleurs penché sur la question et a largement revu sa copie.
L’un des premiers signes de désaveu des ordres par le gouvernement a été l’introduction dans les négociations de l’ACI CPTS de la notion de gestion de crise par les ARS en coordination avec les dites CPTS.
Et puis dans son courriel du 16/10/20 la Direction Générale de la Santé (DGS) a tenu a rappeler l’organisation et la hiérarchisation de la santé en France ainsi que la stratégie d’adaptation de l’offre de soins. Ainsi nous répondons désormais, je cite, une « instance de régulation territoriale partagée et commune sous l’égide de l’ARS et avec les acteurs du territoire (via les URPS notamment) ». Les ordres… Circulez, il n’y a plus rien à voir.
Trop de patients ont perdu des chances de survie et de guérison. Oui il y a eu des morts par manque de soins, oui il y aussi eu de nombreux handicaps par manque de soins. Certains ont du sang sur les mains et des morts sur la conscience, arrivent-ils encore à se regarder dans le miroir ?
Le second point qui fait que nous ne refermerons pas nos cabinets, c’est parce que nous le voudrons pas.
Comme me l’ont rappelé certains parlementaires, une recommandation est faite pour guider mais est aussi faites pour être discutée. Et si la recommandation est incongrue, elle est faite, en âme et conscience pour ne pas être suivie.
Si l’ordre me dit « nous te demandons de fermer ton cabinet », je répondrais « la DGS ma informé que l’ARS et les URPS étaient les référents en la matière ». Que l’ordre aille jouer aux billes et fasse preuve d’un peu plus de solidarité. 550 000€, c’est 5€ par kiné, c’est vraiment pingre (sans même parler du fait que nous sommes dorénavant à plus de 6 mois des fermetures, réactivité exceptionnelle). Et ne parlons pas du concept « reste assis t’es payé » qui semble trouver écho aussi au sein de notre profession…
Conclusion
Voilà c’est assez simple, dura lex sed lex, l’offre de soin ce n’est pas une prérogative des ordres.
La DGS nous confirme que nos intervenants en matière d’offre de soins sont les ARS en lien avec les URPS et personne d'autre. Si l'on vous demande de fermer, répondez "je demande confirmation à l'ARS"...
Vincent Jallu