À quand le retour des quotas ?
Le rapport de la cour des comptes de septembre 2015 est formel sur ce point, les quotas n’ont jamais prouvé leur efficacité…
Et bien je vais vous démontrer le contraire.
Cependant il faut prendre en compte un quota intelligent et non un quota tel que nous l’avons connu fixé à 47 000 AMK par an !
En effet, le calcul par cotation est stupide car il créée soit une augmentation de volume à faible cotation soit une diminution de volume à forte cotation. Mais en aucun cas n’est régulateur du volume.
De plus, à l’époque, le « sport national » était de remplir son quota en juillet, partir en congés tout le mois d’août et de revenir en septembre avec un gentil assistant (et à l’époque les contrats n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui) qui prenait en charge les patients sur les trois derniers mois de l’année !
Une autre possibilité tant d’avoir 2 numéros ADELI sur deux départements pour facturer sur deux numéros différents…
Bref, je suis d’accord avec le rapport de la cour des comptes, ce type de quota n’a jamais fait diminué la dépense liée aux soins en massa-kinésithérapie.
Que proposer alors ?
Il faut étudier de près les chiffres de notre profession.
Selon l’édition 2016 du rapport de la DREES, la consommation de soins de masseurs-kinésithérapeutes délivrés en ville s’élève à 5,6 milliards d’euros pour environ 70 000 praticiens (métropole et DOM-TOM confondus).
Ceci indique qu’en moyenne, un praticien va pratiquer pour 80 000€ de soins annuels. En comptant 235j ouvrés, cela représente 340€ journalier.
Au jour d’aujourd’hui, en comptant 10 heures de travail journalier, cela représente 17€ par séance et 20 patients par jour sur 235j.
Les associations de gestion agréées nous apprennent que moyennement le ratio entre chiffre d’affaire (CA) et bénéfice (BNC) est de 48%. Donc pour 100€ de CA, le professionnel a 48% de « charges », il lui reste donc 52€ de BNC.
Il convient alors de mettre en corrélation le chiffre de 80000€ annuel en moyenne par thérapeute pour en conclure qu’en tenant compte de la dépense de santé constaté, en moyenne un masseur-kinésithérapeute a un BNC moyen de 41600€.
Or… la cour des comptes nous apprend que 10% de notre population a un BNC moyen de 92000€, c’est à dire un CA d’environ 177000€. Cela représente donc une dépense annuelle de 1,24 milliards d’euros.
Pour parler simplement, 10% de notre population coûtent 22,1% de la dépense totale !
Pour information, 177 000€ de CA cela veut dire que ces gens prennent en moyenne 44,3 patients par jour.
La solution est assez simple.
Supprimons les cabinets usine et établissons un quota équivalent à l’avant dernière décile telle que décrite pas la cour des comptes, 71326€ de BNC soit 137165€ de CA ou encore dit autrement, 34 patients par jour.
Cela tombe bien, car le tribunal des affaires de la sécurité sociale considère que passé 33 patients par jour la situation est déraisonnable !
Donc, APPLIQUONS la règle et rien que la règle et nous trouverons à économiser.
Un mauvais gestionnaire vous dirait, « nous allons gagner 1,24 milliards », bel effet de manche mais il faut bien comprendre que les patients de ces cabinets usines iront ailleurs ! Donc non, nous ne gagnerons pas 1,24 milliard d’euros.
Cependant si le soin est de meilleure qualité, que les ordonnances de « confort » sont supprimées (confort pour le thérapeute, entendons nous…), j’estime à environ 30% le gain final.
Nous pouvons donc espérer un gain total d’environ 372 millions d’euros par an.
Cela correspondrait à une augmentation de l’AMS/AMK entre 20 et 30 centimes, ce qui porterait l’AMS/AMK moyen de 17€ à plus de 19€. Et je le répète, SANS ENGENDRER AUCUNE AUGMENTATION DES DÉPENSES.
Comme monsieur Revel le souhaite, AUCUNE augmentation de dépense sur 2 ans en dehors des prescriptions de l’Ondam.
Aujourd’hui, avec l’avènement du RPPS, le traçage des professionnels en résultant, les systèmes mis en place pour « tricher » à l’époque ne seraient plus possible. Si en plus on ajoute à cela le système de conventionnement sélectif qui se profile à l’horizon, je pense qu’il sera parfaitement possible pour l’UNCAM de suivre chaque activité parfaitement.
Il me semble donc évident qu’un quota appliqué de la sorte et fixé à 34 patients par jour (hors participation à des réseaux type réseau bronchiolite) en moyenne est plus que réalisable et engendrerait une économie plus que substantielle.
Il pourrait même être envisagé une augmentation de la lettre clé de manière restreinte sur la première année après la mise en place du quota. Si les résultats sont significatifs, une seconde augmentation pourrait être envisagée.
Vincent Jallu