Nuages

Suite aux discours de messieurs Macron et Philippe, ainsi qu’à la parution d’interviews de madame Buzyn, je n’ai pu résister à l’envie d’écrire quelques commentaires sur l’ensemble de notre actualité "politique de santé" !
 
Madame Buzyn, ministre de la santé, me semble être en passe de devenir la championne du paradoxe… 
 
En effet, elle a affirmé être ni une ministre des annonces, ni une ministre normative tout en souhaitant entretenir un apaisement durable avec les médecins libéraux.
Elle ajoute vouloir « éviter l’obligation de tiers payant généralisé ».
 
Premier paradoxe, des annonces qui n'en sont pas !
Pour quelqu’un qui souhaite ne pas être une ministre « d’annonces », en voilà pourtant une qui mérite que l’on s’y intéresse de plus près.
En effet, en France, pour abroger une loi il n’y a pas 50 solutions. Et qui plus est, une fois cette loi abrogée, il faut bien la remplacer par une autre. Cela va donc être difficile de ne pas être normatif et législatif pour subvenir à cette annonce !
 
Second paradoxe, l'obligation vaccinale
Toujours sur le même thème du normatif et du législatif, que penser de l’obligation vaccinale alors que l’on a dit quelques heures auparavant que l’on ne souhaitait pas imposer de norme ?
 
Je ne parlerais pas du fond du problème qui est l’obligation vaccinale, mais du fait que d’un côté la ministre veut engager les professionnels de santé dans les politiques de santé publique de manière non contraignante, et que d’un autre, elle impose une série de vaccination.
Qui plus est, au lendemain de l'annonce de la mesure, volte-face, madame Buzyn prend déjà des gants pour introduire une procédure de dérogation...
 
Si telle est la « méthode » de madame Buzyn, je vais bientôt inventer un « point Barrault », en référence au « point Godwin » pour celles et ceux qui vont dans le sens de « la dictature, c’est ferme ta gueule; la démocratie, c’est cause toujours » !
Car oui madame Buzyn, par cette missive mériterait bien son « point Barrault » !
 
Troisième paradoxe, le temps !
Non, ne parlons pas de mécanique quantique, loin de là, mais simplement de calendrier !
Le mouvement « En Marche » nous avait promis via notre président Emmanuel Macron, des solutions rapides et radicales… Et bien madame Buzyn a confirmé que les solutions seraient peut être dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale de 2018, mais finalement uniquement via des expérimentations, sachant que les stratégies en santé au niveau des régions ne seraient à l’ordre du jour qu’en avril 2018 si tout va bien…
Donc finalement, En Marche, ralenti bien vite et nous allons bientôt être en marche à reculons pour avoir des mesures dans le PLFSS de 2019 au mieux, voir pour le prochain quinquennat !
 
Au jour d’aujourd’hui, si des projets sont édictés sur, par exemple la prévention, la santé mentale, les maladies chroniques etc. Cependant, nous n’avons toujours pas de détails précis sur qui, quoi, quand, comment, et avec quel argent !
Pire, madame la ministre avoue « je fais confiance aux acteurs de terrain pour l’aider à trouver des solutions » ! Cela montre que finalement on va faire quelque chose, mais on ne sait pas quoi.
Nous sommes donc toujours dans le flou en marche…
 
Quatrième paradoxe, les dépassements d'honoraires
En effet, madame Buzyn a prévu de s’atteler à ceux-ci.
Là encore, sans rentrer dans le débat de fond sur la pertinence même du dépassement, si un professionnel, lié par une convention tarifaire, estime nécessaire, voir indispensable d’effectuer un dépassement, peut être, est-ce la finalité d’une succession de politiques de santé beaucoup trop restrictives qui n’ont jamais pris en compte les réelles demandes des praticiens.
 
Cinquième paradoxe, l'ONDAM
Notre président a annoncé un ONDAM à 2,3% sur le quinquennat. J’ai bien intégré que nous parlions de l’ensemble du quinquennat… Mais si nous sommes à 4% en 2018, il faudra fatalement être à 1,9% les années suivantes pour retomber dans la moyenne !
Sachant qu’en parallèle, il est prévu à l’horizon 2022 une prise en charge à 100% des lunettes et prothèses auditives !
 
Mesdames, messieurs, attendez vous à non pas vous serrer la ceinture, mais à baisser vos tarifs de 10% pour rester dans les clous de l’ONDAM !
 
Sincèrement je souhaite beaucoup de courage à madame Buzyn pour réussir le tour de force de garantir les chiffres annoncés.
Ce qui est sur, c’est que si les chiffres sont à l’images des différents discours tenus, n’en doutons pas, il y aura du paradoxe dans l’air !
 
Et pour répondre à la question de départ, où en sommes nous, la réponse est simple, nul part !
Les fameux « 100 jours » de la présidence en sont presque à la moitié et osons le dire, il n’y a pas grand chose à en retenir…
 
Vincent Jallu