Nuages

Et non, cette phrase n’est pas de moi, mais du Conseil d’État lui-même qui qualifie ainsi l’excellentissime travail du CNO !

 

Le fond

Nous allons parler aujourd’hui de dry needling (DN) ou ponctuer sèche.

Quand le CNO a publier ses avis sur le DN et surtout sur les modalités d’examen autours du DN, je n’avais pas manqué d’interpelé (à lire ici https://leskinesengages.org/index.php/pro/360-l-escroquerie-de-l-annee) sur « l’escroquerie de l’année » et sur le fait que le CNO me semblait outrepasser quelque peu ses prérogatives.

Bien sur, comme souvent le CNO n’a ni souhaiter en discuter et a traiter les critiques comme à son habitude, avec mépris et condescendance, car EUX, savent, mais nous non… Effet Dunning-Kruger.

 

Et bien c’était sans compter que la Société Française de Dry Needling (SFDN) demande au CNO l’abrogation des avis publiés. Et vous savez quoi ? La SFDN a elle aussi subit le « silence » du CNO. « Silence », comme l’appelle très pudiquement le Conseil d’État que nous pourrions qualifier de « mépris ».

C’est pourquoi la SFDN, qui a du interpréter ce « silence » comme moi,  a alors saisi le Conseil d’État pour éclaircir toute cette histoire.

 

Et quelques deux années plus tard, le Conseil d’État a statué. Il constate que le CNO a outrepassé ses prérogatives et il rappelle que le CNO ne peut en aucun cas « déterminer les contenus de formations requises pour la pratique, par les masseurs-kinésithérapeutes , des différents actes professionnels de masse-kinésithérapie ».

 

Le CNO, telle la grenouille qui voulait se faire aussi grosse qu’un boeuf, a voulu se positionner en donneur d’ordre et se voit là, caquet rabattu, obliger de manger son chapeau.

 

Pire, le CNO a dédié l’examen finale de « qualification » au Collège de la Masso-Kinésithérapie (CMK).

Or, comme le rappelle le Conseil d’État, le CMK , est une « instance professionnelle n’ayant qu’une compétence de proposition en matière de formation continue ».

Petit message personnel à tous les gens qui m’ont envoyé de gentils messages suite à mon récent article (à lire ici https://leskinesengages.org/index.php/pro/399-pourquoi-l-echec-des-negociations-conventionnelles-est-avant-tout-un-echec-syndical-mais-pas-que) dont une partie était dédiée au CMK, voilà encore une preuve de l’inutilité de la chose…

 

Le CNO a donc commis deux erreurs, la première, sa mégalomanie, la seconde croire que le CMK était qualifié pour faire passer des examens !

 

Le patient dans cette histoire ?

Et oui, car dorénavant, nous sommes dans une situation complexe du point de vue de la sécurité du patient.

Car si vous ne l’avez pas complètement compris, aujourd’hui presque n’importe qui peut se lancer dans le DN. Il n’y a plus d’examen « obligatoire ». Les thérapeutes sont faces à leurs responsabilités comme pour n’importe quel acte professionnel.

Par la faute du CNO et sa méconnaissance de ses compétences, nous voici donc dans une situation qui  fait que le CNO met potentiellement en danger les patients.

Si le CNO n’avait pas méprisé les critiques et avait fait preuve d’écoute, cette situation n’existerait pas.

Le CNO doit assumer toute la responsabilité qui l’incombe dans cette affaire.

 

Et si j’ai déjà pu lire des élus nationaux dire en substance « la SFDN ne se rend pas compte de ce qu’elle a fait », c’est une position totalement insoutenable.

Ces élus veulent faire porter le chapeau à la SFDN en total mépris des faits !

Les faits sont que le CNO a publier un avis favorable à la pratique du DN et ensuite a souhaiter organiser un système dont il n’avait pas la compétence !

Toute cette histoire n’est que la faute du CNO et de sa mauvaise gestion du dossier.

 

La forme

Comme nous venons de le voir, le CNO est entièrement responsable de la situation présente.

Mais peut être était-ce le « bon sens » que de prendre ces décisions ? LE fameux « bon sens » du CNO !

 

S’en suivent quelques interrogations.

Que va entreprendre la CNO aujourd’hui pour corriger ses erreurs ?

Et bien premièrement, plutôt que de prendre le problème à bras le corps, le CNO parade au salon SanteExpo, cela nous rappelle malheureusement sa gestion de crise COVID. Partons en outremer pendant que la crise gronde, nous avons vu ce que cela a donné ensuite…

À toutes celles et ceux qui pratiquent le DN, attention « les cabinets doivent cesser le DN » va arriver !

 

Le CNO va-t-il continuer à se regarder le nombril ou va-t-il commencer à se dire qu’écouter les critiques serait intelligent ? 

Va-t-il indemniser les professionnels floués financièrement par cet examen illégal ?

Va-t-il dédommager les organismes de formation ?

Va-t-il demander aux élus responsables du dossier de rendre des comptes, voir de démissionner ?

 

Il y a aujourd’hui au sein du bureau du CNO des élus qui étaient aussi au bureau lors des décisions prises, et ce bureau, comme l’indique le Conseil d’État, méconnaissait ses compétences. Faut-il aussi demander au bureau de démissionner ?

Plus largement, les élus concernés tant au niveau du bureau que des commissions en charge du dossier, auront-ils l’honnêteté intellectuelle de démissionner spontanément pour faire amende honorable ?

Vont-ils rembourser les indemnités perçues alors que ce process n’était pas de leur compétence ?

Nous kinésithérapeutes, qui finançons le CNO, allons nous continuer à supporter que ce CNO utilise notre argent à des fins qui ne sont pas les siennes ? Allons nous supporter que ces élus puissent continuer à agir en toute impunité ?

Un kinésithérapeute, lorsqu’il dépasse ses compétences, est sanctionné. Pourquoi un élu national ne le serait pas ?

Doit on continuer à supporter « l’intouchabilité » des élus nationaux ?

 

Y aura-t-il une totale transparence sur le sujet ? Tant d’un point de vue politique, que financier. Nous parlons ici de dizaines de milliers d’euros d’indemnités ordinales versées aux élus responsables du dossier, mais aussi de frais juridiques (au passage, cher CNO, je te l’ai déjà dit, mais visiblement tes conseillers juridiques…), sans même compter les frais de justice etc.

 

Des sanctions doivent être prises !

 

Ne serait-il pas temps de (re)demander au gouvernement la mise en place d’un organisme de régulation des ordres professionnels ? 

Car jusqu’à présent le CNO n’a jamais pleinement pris conscience de ses erreurs et n’a jamais assumé ses actes.

 

Conclusion

Je ne cesserais de le dire, mais le CNO agit dans la plus totale obscurité. Je pensais que j’étais le seul à qui le CNO ne répondait pas, mais visiblement non. Je pensais que cette condescendance qui me semblait se dégager du CNO n’était qu’une vision de ma part. En fait le CNO est ultracrépidarianiste. Je pensais aussi que j’était le seul à penser que le CNO était mal conseillé, tant d’un point de vue scientifique que d’un point de vue légal.

Et bien finalement non. Comme le confirme le Conseil d’État, le CNO ne connait pas sa compétence, il est effectivement condescendant envers les gens qui émettent des critiques fondées en ne faisant exprimer que le « silence » et le CNO par la somme de ses actes vient de mettre potentiellement en danger les patients.

Les élus du CNO auront-ils le courage d’assumer leurs actes et décisions ?

 

Vincent Jallu