Nuages

Ce 10 décembre sont parus au journal officiel deux textes concernant l’exercice partiel des professions de santé.

Le premier texte défini l’avis rendu par les commissions d'autorisation d'exercice ou par les ordres des professions de santé en cas d'accès partiel à une profession dans le domaine de la santé.

Comprenez par là, « ce que l'avis de l'ordre doit contenir».

le second texte défini les modalité des mesures compensatoires pour permettre l’exercice partiel de notre profession. Comprenez par là, que lorsqu’un étranger arrive en France et demande un titre d’usage partiel, il devra effectuer un stage et/ou une épreuve d’aptitude.

La FFMKR a été la première a réagir sur ce sujet, mais uniquement sur le second texte et pas sur le premier. Pourtant la lecture du premier texte m’inquiète presque plus que le second…

Commençons d’ailleurs par ce dernier.

 

Le second texte
À lire en intégralité ici.

Ce texte précise que si le niveau de formation du demandeur est niveau Baccalauréat, il devra effectuer un stage et passer un examen.
Si le demandeur a un niveau supérieur au baccalauréat , il aura le choix entre effectuer un stage ou passer un examen d’aptitude.

L’examen d’aptitude n’étant pas précisé… Technique, Français, connaissance générale, que de mystères !

Si je comprends parfaitement l’inquiétude de la FFMKR, comprenons que les gens en exercice partiel ne seront que des exécutants sans aucune portée. Ce seront là de véritables « poseurs d’électrodes ». On ne demande actuellement aucune qualifications aux gens pratiquant dans les salons de massage et pourtant ils exercent une partie de nos compétences...

Il est important, et je partage sur ce point l’avis de la FFMKR, de garantir la sécurité des patients et la qualité des actes proposés. Cependant, est-il raisonnable de demander à un physiothérapeute Italien de repasser un examen complet pour savoir si il sait poser 2 électrodes ? Alors que lui même maitrise certainement mieux la physiothérapie que nous mêmes ?

Prenons aussi le problème à l’envers, si nous imposons des conditions dantesques pour un exercice partiel, devons nous craindre que la reconnaissance de notre diplôme à l’étranger puisse s’en trouver effritée ?

 

Le premier texte
À lire en intégralité ici.

Ce texte m’inquiète car il peut avoir une portée importante d’un point de vue ordinal.

Pendant ce temps, à l’ordre s’est déroulé une réunion ayant justement pour thème l’accès partiel et l’universitarisation !
À voir la photographie publiée sur Twitter, une trentaine de personnes présentes… l’addition de l’ensemble des indemnités va être très salée, surtout quand on sait que comme toutes les autres réunions, elle ne servira qu’à faire le constat que madame la ministre de la santé se moque éperdument de l’avis de l’ordre. Cela étant dit, je ne la blâme pas.
Il est d’ailleurs notable de voir que ces deux arrêtés ont été rédigés sous l’avis du haut conseil des professions paramédicales et non des ordres professionnels dédiés.
En quelques mots, l’ordre ne fait que constater ce qu’on lui impose.

En effet, l’ordre a beau s’agiter, la réalité est bel et bien que ce dossier, comme beaucoup d’autres pour ne pas dire la totalité, leur échappe totalement dès lors que le législateur intervient.
Au final l’ordre ne se voit attribuer que le rôle de « secrétaire » pour enregistrer les « accédants partiels » et vérifier que le dossier est bien complet. Cela fait tout de même cher le secrétariat !
Nous en avons l’habitude puisque l’enregistrement et l’attribution des numéros ADELI étaient effectués par les DDASS avant que l’ordre ne fasse le même travail pour un budget nettement plus élevé. Cependant ce budget étant sous le coup de la profession et non plus de la collectivité, l’état y a trouvé son compte, nous… Non.

Pire, l ‘ordre devra, je cite « faciliter la bonne insertion du professionnel auquel l’autorisation d’exercice partiel serait accordé »…
L’ordre aura donc pour mission de faciliter l’insertion des exercices partiels dans notre système de santé, mais n’a pas pour mission de faciliter l’insertion des masseurs-kinésithérapeutes exerçant pleinement !
Cherchez l’erreur…

Et je parierais même que nous allons apprendre d’ici peu que ces gens qui exerceront partiellement, puisqu’ils seront inscris sur un tableau différent du notre, auront une cotisation elle aussi partielle ! Et pourquoi pas non plus un code de déontologie tout aussi partiel !…

J’ai bien peur que l’ordre ne nous apprenne que ces pauvres professionnels venant de loin pour n’ayons pas peur des mots, venir nous « piquer une partie de notre activité », n’exerçant qu’un quart de nos actes, n’auront qu’un quart de cotisation à payer ! Et comme ils ne sont qu’exécutants et pas des professionnels de la santé, il ne seront pas soumis au code de déontologie ou du moins dans sa version complète…

Nous verrons bien ce que notre très cher ordre nous apprend. Nous pouvons peut être espérer une communication sur le sujet avant la fin de l’année, ou plus tard, ou peut être seront nous mis au pied du mur comme souvent.

 

Vincent Jallu