Nuages

C’est sans surprise que nous avons pris connaissance de la décision de l’Union de signer l’avenant N°5.
En effet, cette décision me paraissait tellement naturelle que je l’avais annoncée il y a quelques mois déjà.

Et si certains responsables syndicaux n’ont pas réellement compris ce qui se tramait et ont cru que quelques remous sur la toile pourraient changer la donne, alors, ils devraient changer de job… Quand on veut faire du syndicalisme, il faut parler syndicaliste… C’est un concept assez simple en fait.
Il fallait être bien candide ou n’avoir aucune conscience ne serait-ce qu’un peu politique du dossier pour croire que le SNMKR allait laisser filer cet avenant sans ne rien faire pour convaincre ses troupes…
Il faut presque être idiot pour penser que que quelques uns vont faire changer d’avis la décision politique du SNMKR.
Ainsi, s’agiter par monts et par vaux en criant au loup sur les réseaux sociaux me fait penser au chien qui aboie toute la journée dans un chenil et que personne n’entend plus… Il n’est pas du travail syndical de s’occuper des affaires des autres et pire, d’essayer d’influer une décision qui n’appartient de par la loi qu’aux adhérents d’une autre association.
Se sont de ses propres adhérents dont il faut prendre soin, et pas de ceux de autres
La pseudo démocratie participative n’est que pur échec (à lire ici). Et tant que l’on croira que seuls les réseaux sociaux portent, alors, il n’y aura qu’une seule issue, la sortie !

 

L’échec des réseaux sociaux
Cette négociation nous a montré un point important dans la communication et la gestion des syndicats. Le SNMKR a été le premier à goûter à l’échec de la communication via internet. En effet, leur plate-forme négo-kiné leur a, à priori, coûté une fortune et n’a absolument rien donné (à lire ici). À la suite, le SNMKR a joué la carte du silence radio et est revenu aux fondamentaux.
Quoi qu’on en dise, les réseaux sociaux sont beaucoup trop éphémères pour avoir une action de fond. De plus , beaucoup font l’erreur de surestimer la présence des kinésithérapeutes. Il n’y a en fait qu’une poignée de gens qui suivent réellement ces réseaux. Et que représentent quelques centaines de gens contre les 80 000 autres ?
Sur ces personnes, seules une poignée sont adhérents aux SNMKR et opposés à l’avenant. Allions nous réellement penser que quelques uns auraient eu la majorité sur l’ensemble des 2000 adhérents du SNMKR ?
Un peu de sérieux…

Si certains pensent réellement que les cinquante personnes réellement actives sur les réseaux représentent la majorité, alors permettez moi de vous dire que au moins 80% des kinésithérapeutes ne sont même pas au courant qu’un avenant est en phase de signature. Je suis même sur que la moitié des adhérents des syndicats ne le sont pas non plus.
Toutes les concertations via internet le montrent, il y a potentiellement 1500 réponses à attendre. Et sur ces 1500 réponses, il y a au moins la moitié de doublons car il n’y a aucune sécurisation des avis.
Il ne faut pas se voiler la face. Les réseaux ne mobilisent même pas 1000 personnes.

Pour qu’un syndicat fonctionne, une seule solution, le terrain. Les syndicats fesse de bouc n’auront qu’une issue, la disparition.
Si un syndicat veut vivre, il lui faut investir la proximité. Notre métier ce sont les relations humaines, le concret, et pas le virtuel et l’éphémère. Il faut tisser une relation forte avec ses adhérents et alimenter le terreau constitué.

 

Pourquoi le SNMKR a gagné ?
Parce que justement le SNMKR a su au moment opportun revenir au fondamental… le terrain ! Et aussi bien le terrain physique que le terrain politique.
Politiquement, depuis les dernières élections des URPS, le SNMKR s’auto-proclame comme étant le premier syndicat de France. Ainsi, pour assoir sa position, il se devait de marquer cela par un acte fort. Quoi de plus fort que d’engager l’ensemble de la profession ?
Si les conditions même d’accession à la représentativité sont contestables (à lire ici), l’UNION a parfaitement respecté le processus démocratique.
De plus l’évolution des conditions d’accessibilité aux élections des URPS (à lire ici) fait qu’il va être très difficile pour un syndicat de pouvoir se présenter à ces élections et donc d’obtenir in fine la représentativité.
En se plaçant comme un interlocuteur de choix, l’Union peut espérer la clémence du pouvoir administratif pour assurer sa place.
Et même si je ne partage absolument pas le choix du SNMKR, il est clair que la manoeuvre a été habile et intelligente.
Toute la finalité de la négociation a été très bien maitrisé. Même la date du vote des adhérents ! Si il y a quelques mois j’avais émis mon inquiétude quant à faire un vote durant les congés et arguant que la Fédération des Médecins de France avait commis cette erreur lors de leur négociations, finalement peut être était-ce volontaire. En effet, quoi de plus intéressant lorsque l’on est pas majoritaire, que de faire voter un jour où peu de gens sont présents ? C’est clairement un atout car il suffit de mobiliser ses troupes juste pour cet instant.

 

Conclusion
Le SNMKR vient de vendre la profession pour 60€ par mois au mieux des estimations les plus optimistes. Je ne sais quel adjectif serait le plus approprié pour décrire ma déception.
Pour la kinésithérapie c’est une immense déception et la continuité de la fin annoncée.
Pour le syndicalisme, c’est une grande leçon…

 

Vincent Jallu