Le commerce
Oui n’ayons pas peur des mots, nos syndicats sont de véritables entreprises au bilan comptable strictement et uniquement à but commercial.
Ayez juste conscience que vous n’adhérez pas toujours à un syndicat, mais bien souvent à une machine commerciale qui vous vendra bien des produits sous couvert de « c’est pour votre bien, ayez confiance… ».
Mais force est de constater que quand un syndicat vous « tient » pas la seule assurance responsabilité civile, il est à se demander si cet organisme veut réellement votre bien ou si il ne souhaite qu’une seule chose c’est que vous continuiez à adhérer par la force des choses.
Il en est de même pour toutes les prestations que nos syndicats offrent, association de gestion, librairie, organisme de formation etc…
La plupart de nos syndicats n’ont de syndicat que le terme, mais sont en réalité de belles entreprises commerciale qui n’ont qu’un seul objectif, vous vendre !
J’ajouterais que depuis le décret du 9/05/17 modifiant les modalité des élections aux URPS, le nombre de sièges possible étant définis par le nombre d’adhérents, les syndicats ont donc tout intérêt à avoir le plus grand nombre d’adhérents.
N’en doutons pas, l’intelligence machiavélique de certains dirigeants saura vous séduire, voir vous charmer pour vous faire adhérer ou même vous offrir une adhésion pour mieux vous cadenasser par la suite…
C’est pourquoi…
Ayez un regard critique et suivez deux principes simples
Il y a un point commun entre le monde politique, le monde syndical et le grand banditisme (oui j’ai osé !).
Il faut suivre deux principes pour comprendre comment tout s’organise…
Suivez l’argent
D’où vient il, comment est il utilisé et où va-t-il ?
À qui profite l’action
Pourquoi faire cela et dans quel but. Qui sera le réel bénéficiaire de cette action.
Un exemple simple, votre adhésion…
D’où vient l’argent ? De votre poche.
Comment est-il utilisé ? Là la réponse n’est pas aussi simple qu’il y parait. On pourrait répondre, il va au syndicat. Et bien non. Décortiquez votre cotisation et voyez comment elle s’articule. Il y a une part syndicale, une autre part qui peut être fédérale, nationale ou sous tout autre appellation et en fin il y a souvent une part assurantielle. Vous pourrez alors vous rendre compte que la part strictement syndicale est minime. Ne soyez pas dupe…
Se pose alors la seconde question, à qui profite l’action ?
Et bien finalement votre action ne profite pas obligatoirement au syndicat et donc à la défense des professionnels, non l’action profite souvent plus à une compagnie d’assurance !
De la même façon, quand un syndicat publie un article, posez vous les deux mêmes questions… Qui a financé, pourquoi, comment, à qui cela va-t-il profiter ?
La démocratie participative
Qu’est-ce donc ?
La démocratie participative est une forme de gouvernance, où les « élite » consultent la « base » pour la faire participer à l’action.
Excellente idée que voilà. Oui… Mais… La démocratie participative a deux échecs majeurs. Souvent elle est le signe que les « élites » n’ont rien à apporter, ce qui est un trais mauvais signe sur le long terme. En effet, surtout venant d’un syndicat, les idées doivent être fortes, pérennes et surtout la ligne syndicale doit être inscrite sur le long terme.
Le second échec est que la « base » ne maîtrise pas l’ensemble des arcanes qui entoure son fonctionnement. Il en ressort que les doléances émanant de la « base » sont souvent en gros décalage avec la réalité. Par exemple, moi aussi j’aimerais bien gagner 30€ par séance, mais cela impliquerait une dépense supplémentaire de 3 ou 4 milliards à l’échelle nationale. Or, le budget pour augmentation qui nous est alloué doit être de 100 ou 200 millions. Il est donc totalement inutile de discuter pendant des heures si l’on a pas ces données, la mesure est simplement inenvisageable, sauf à trouver de l’argent ailleurs (comme ici ou là)…
Dernier point hautement important, il ne faut pas confondre démocratie participative et populisme. En effet, si un syndicat décide d’interroger ses adhérents sur tel ou tel sujet, nous sommes dans la démocratie participative, excellente chose tant que cela reste en complément des idées avancées par le syndicat.
Si par contre un syndicat veut aller glaner des idées chez les autres en effectuant une campagne « nationale », c’est certes très intelligent politiquement parlant, mais la preuve d’une paupérisation intellectuelle au sein même du syndicat. Reposez-vous alors les deux questions…
D’où vient l’argent ? Et bien le syndicat a financé une grand campagne. Si cela est fait par voie électronique sans grand support ou un support type « doodle » ou « google form », cela n’a rien couté, pas d’argent en jeu. Si à l’inverse on installe un système coûteux, ce sont bel et bien les adhérents du syndicat qui ont financé. Cela implique directement que pour un non syndiqué, il se dit « quel est l’intérêt de me syndiquer puisque même si je ne le suis pas on me demande mon avis ? ». Réciproque mathématique, le syndiqué peut se dire « j’ai cotisé pour que l’on prenne en compte mon avis et finalement on le demande à tout le monde, et en plus c’est ma cotisation qui a financé ! ».
À qui cela profite-t-il ? Et bien pas à vous, car le syndicat va utiliser votre avis pour définir sa ligne de conduite mais comme vous n’êtes pas membre du syndicat, cela ne vous sert à rien. Non le grand gagnant de l’histoire est bel et bien le syndicat qui va aller piocher des idées de ci de là, les dirigeants qui en manque d’idées, n’ont pas grand chose à faire pour en trouver. Et si finalement le « packaging » est joli et qu’à coup d’argumentaire commerciaux on arrive à faire croire que tout cela est au profit de la profession, un comble !
Tout ceci étant dit, je pense qu’il faut un minimum de démocratie participative au sein d’un syndicat. Cela peut permettre de mettre en avant des gens de la « base » qui pourront démontrer qu’ils ont des idées et avec un minimum de soutien, il pourront évoluer et devenir des réels acteurs au sein de la structure syndicale.
Le système pyramidal
À l’inverse de la démocratie participative on trouve le système pyramidal. Une « base », des « cadres dirigeants » et les « élites » voir « un big boss » ou un tout petit groupe de 3-4 personnes qui est à la tête d’une véritable holding. Souvenez-vous, le roi et sa cour, les nobles, le peuple… (il ne manque que le clergé… Peut être pourrions nous dire que le CNOMK a ce statut…).
Ce système est intéressant lorsqu’en haut de la pyramide se trouve une « élite » réellement pensante, investie, maîtrisant le « système », ses leviers etc… Mais il faut que cette élite soit à l’écoute et puisse faire évoluer le gens au travers de la pyramide.
Le principal risque est d’avoir comme nous l’avons malheureusement en politique ou au travers de notre univers syndical, des gens qui se croient « élite » et qui finalement ne sont que médiocres.
Le système idéal ? Une structure semi-pyramidale avec une ouverture à la vraie démocratie participative. Une « élite » forte avec des idées fortes et surtout une ligne de conduite qui est stable et marquée dans le temps.
Doit on partager toutes les idées d’un syndicat ?
Ma réponse est claire, non.
Il est impossible d’être d’accord sur tous les détails organisant notre vie professionnelle. Nous le voyons tous les jours en politique, les uns passent d’un bord à un autres. Ce qu’il faut c’est partager la ligne de conduite syndicale et l’idée globale. C’est bien pour cela qu’il faut un syndicat ayant des idées fortes et pérennes.
La question revient souvent sur les réseaux sociaux, « quel syndicat choisir ? », cela montre bien que malheureusement la plupart de nos syndicat n’ont aucune identité.
Il est donc d’emblée difficile de se projeter dans l’avenir avec un syndicat qui n’a pas d’identité et souvent l’adhésion ne se fait que parce qu’untel ou unetelle, un ami, une amie, ou une connaissance est déjà au sein du syndicat.
Pire suivant l’organisation du syndicat il peut y avoir des idées au niveau local qui ne sont pas reprises au niveau national, voir ces même idées sont fermement combattues !
Le syndicat défend il "la profession" ?
Notre profession souffre malheureusement de la mégalomanie de certains dirigeants qui pensent ou ne parlent que de "la profession" alors qu'ils devraient se souvenir que ce que défendent les syndicats ce sont bien les intérêts des professionnels !
Avez vous déjà entendu un dirigeant de la CGT, FO, CGC, Sud ou autre centrale syndicale parler de "la profession" ? Non, jamais. Le seul intérêt des centrales syndicales est "la plénitude des travailleurs".
Voilà le grand échec de nos syndicats. C'est l'histoire de la grenouille voulant se faire aussi grosse qu'un boeuf…
Et c'est ainsi que nous en sommes arrivés aux errements actuels où des syndicats se sentent investis de défendre l'ensemble de la profession, parlent en son au nom et finalement méprisent leurs adhérents.
L'état a même participé à cette mascarade en créant les Unions Régionales des Professionnels de Santé (URPS) et en faisant croire que les syndicats pouvaient par le biais des URPS contrôler les politiques de santé. Or, il n'en est rien Car quand on regarde comment s'insèrent les URPS dans le système se santé, on s'aperçoit que celles-ci sont à la solde de l'état, et ne font que ce que l'administration n'avait ni le temps ni l'envie de faire.
Et pour l'instant toutes les manoeuvres politico-politiciennes des syndicats présidant les URPS ont échoué car l'état organise le système de santé depuis le ministère et délègue au fur et à mesure des échelons inférieurs…
Le fait est qu'il n'en faut pas plus pour comprendre que les adhérents fuient les systèmes syndicaux qui ne présentent aucun intéressement pour leurs adhérents.
Alors oui, les syndicats doivent s'occuper des évolutions et modifications de "la profession", mais non pas en tant que tel, mais au titre de l'influence sue cela pourrait avoir pour les professionnels.
Et si il existe une confusion majeure entre syndicats, ordre et autres, c'est bien parce que nos syndicat sont omnipotents, totipotents et et avides de concentration horizontale…
Le jour où nos syndicats reprendront la place qui est la leur, le jour où ils arrêteront le démarchage commercial, le jour où ils auront simplement de réelles idées pour les masseurs-kinésithérapeutes…
Ce jour là… les adhésions suivront.
En attendant… l'érosion n'est qu'une conséquence des politiques syndicales désastreuses et délétères.