La Profession
Attention au mélange des genres...
à venir (dans un ordre non exhaustif !)...
les négociations conventionnelles
le tarif d'autorité
les contrôles
la requalification des actes
les urps
les maisons de soin, de santé, pluridisciplinaires...
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- Written by Vincent Jallu
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Suite à la parution des recommandations de trois syndicats de médecins concernant des mesures d’attractivité en zone sous-dense, je vous propose un regard un peu « différent » concernant cette attractivité.
Dressons un portrait « ironique » du thérapeute...
Quand vous avez 25 ans
Vous ne souhaitez que vous amuser, profiter de la vie. Difficile de se projeter dans une région où le premier cinéma est à 20 kilomètres, la première boite de nuit étant tout aussi éloignée et ne parlons même pas d’une salle de concert ! Seul le café du coin du village voisin existant, inutile de recherche un endroit convivial pour les jeunes…
Le thérapeute « jeune » est le plus volatile, peu envie de s’installer, insouciance, peu de besoins financiers et pour lui, aller s’enterrer dans un mouroir sera difficile.
Quand vous avez entre 30 et 40 ans
La tranche d’âge complexe...
Envie de s’installer, besoins financiers élevés… La zone sous-dense propose-t-elle cela ?
Oui dans un sens car l’immobilier est en général bas (mais aussi souvent en moins bon état). Cependant, entre 30 et 40 ans la problématique change. Il faut commencer à chercher une école pour les enfants, un collège ou un lycée. L’école communale n’a que 3 classe pour 5 niveaux, la maternelle n’existe pas, le premier collège est à 20 kilomètres, et le lycée ne se fait qu’en internat !
Inutile de chercher une nounou pour un professionnel qui travaille 60h par semaine, cela n’existe pas.
Il faut penser aux économies d’énergie, mais quand il faut parcourir 150 kilomètres par jour pour ses enfants, ses patients etc, hormis en voiture cela est très difficile !
Tous ces paramètres font que cette tranche d’âge est bien compliquée et que la zone sous-dense n’a pas grand chose à offrir pour eux.
Quand vous avez 50 ans
Il vous faut trouver un lycée, une université, mais aussi un aéroport ! Oui, vous avez fini de payer votre crédit immobilier, vous recommencez à prendre des vacances, vous cherchez donc à aller « ailleurs ».
C’est aussi la période la plus dangereuse pour la zone sous-dense. Car justement économiquement vous êtes plus « libre » et donc vous pouvez commencer à réfléchir « déménagement » !
Quitte à être au milieu de nul part, autant être là où vous avez envie d’être. Et puis la campagne, c’est bien, mais aller gagner un peu de sous, monter un gros cabinet, faire comme les autres et avoir 5 assistants et profiter des rétrocessions, c’est pas mal !
La zone sous-dense vient de perdre son dernier thérapeute…
Quand vous avez 60 ans
Vous ne pensez qu’à une chose, partir en retraite... Et franchement, vous avez bien raison !
La seule réflexion que vous avez est « qu’ils ne viennent pas m’ennuyer avec toutes âneries… » !
Les problématiques de sous-dense ou sur-dense ne vous préoccupent plus et quelque part, je vous comprends parfaitement.
Une fois ce tableau à peine burlesque dressé…
Il faut poser la réflexion. Qu’est-ce qu’une zone sous dense ?
Toute la problématique est là.
L’UNCAM a utilisé plusieurs modes de calcul pour définir une zone sous-dense. Par exemple jusqu’à maintenant (l’avenant conventionnel n’étant pas encore signé), sachez qu’un « temps plein » est défini par « prise en charge de plus de 7 patients par jour ». Oui, vous avez bien lu. Si vous voyez plus de 7 patients par jour, vous êtes considéré comme « temps plein » dans votre secteur. Il devient donc limpide de comprendre pourquoi certaines zones sont classées sur-denses alors que finalement il n’y a pas tant de thérapeutes que cela.
Aujourd’hui l’UNCAM nous propose un nouvel indicateur pour dresser le zonage. Cela fait quelque mois que j’appréhende cet indicateur. Et bien objectivement, je dois l’avouer… il m’est impossible de me prononcer de manière tranchée sur le sujet.
L’indicateur ne me semble pas incohérent tout en sachant qu’aucune formulation algorithmique ne pourra se substituer à la problématique de terrain.
En effet, contrairement à ce qui a été présenté au-dessus, la réalité est tout autre. Une zone sous-dense peut être mitoyenne avec une zone sur-dense et les deux pouvant être en localisation citadine ou péri-citadine avec toutes les commodités.
Les incitations
Comme décrit dans l’analyse du projet d’avenant (à lire), les mesures incitatives qui nous sont proposées le sont dans un cadre qui est très contraignant.
Je pense très sincèrement que si l’on souhaite faire de l’incitatif, il faut l’inscrire sur du long terme (10 ans) et non sur du court terme avec des contre-parties importantes.
En effet, la durée d’obtention d’une patientèle stable, les modalités de calcul des différents prélèvements (URSSAF, CARPIMKO…) font qu’au bout de 3 ans l’activité est à peine stable d’un point de vue comptable. Ces contrats incitatifs ne font que pérenniser l’instabilité comptable dans le temps.
Les opportunistes trouveront là une bonne idée pour papillonner d’une zone sous-dense à une autre pour rester « non imposables ». Les autres, devront faire preuve d’un niveau comptable important pour maitriser leur trésorerie.
De plus se pose la problématique de la sortie de la zone de sous-dense à intermédiaire.
En effet, la qualification de la zone étant amenée à évoluer, vous pourriez investir dans une zone sous-dense, et deux ou trois ans plus tard, la zone peut devenir intermédiaire et vous perdez l’ensemble des incitations…
Voilà pourquoi toute forme de défiscalisation ou d’incitation financière ou de moyen n’est pas une bonne idée.
La liberté de choix du praticien
Dans les textes prévus, le praticien s’engage à recevoir un certain pourcentage de patients de la zone sous-dense. Jusque là, je comprends parfaitement la mesure et même si je trouve les demandes de l’UNCAM un peu élevée, je partage la position.
Cependant, point important, un thérapeute ne choisi pas ses patients.
En effet le patient est libre de choisir sont thérapeute. Et compte tenu que les auxiliaires médicaux sont hors parcours de santé, il faudra à un moment donné pouvoir dire à un patient « hors zone », désolé je ne peux pas vous recevoir car vous allez faire baisser mon activité « sous-dense ». est-ce la finalité d'un soin que de refuser des patients sous prétexte qu'ils n'habitent pas dans la bonne commune ?
Vous pourrez mettre 10 thérapeutes en zone sous-dense, si ces derniers ne conviennent pas aux patients, ils iront ailleurs.
Le déploiement de la télémédecine
Comme je l’ai indiqué dans mon article sur la télémédecine (à lire), je pense que les médecins sont en train de se masquer la face quant à la finalité de la télémédecine.
Oui la télémédecine pourra supprimer tout désert médical, mais attention, peut être pas avec des médecins résidants en France…
Conclusion
Très clairement pour attirer des professionnels dans les zones sous-denses et plus généralement dans les déserts médicaux, il faut aussi penser plus globalement à l’attractivité générale des zones. Il faut penser services de proximité. Et sans vouloir condamner les petits villages de campagne, mais objectivement hormis un « enfant du pays », combien vont réellement avoir envie de venir dans un village sans poste, sans maison de la presse, sans café du coin, sans petit resto etc ?
La problématique de la désertification des campagnes est bien plus vaste et bien plus complexe que de dire à un thérapeute « tu t’installeras là où alors tu ne t’installeras pas ! »
De plus, peut on imposer à un jeune diplômé d’aller s’installer à un endroit où il ne le souhaite pas alors que sa formation lui a coûté 9000€ par an ?
Que l’état commence par dispenser les formations initiales gratuitement avant d’essayer de nous imposer quelque conventionnement sélectif que ce soit…
Toute tentative d'installation ou de restriction d'installation dans des zones sans avoir pensé plus globalement le pourquoi du désintérêt de la zone, ser un échec sur le long terme.
L'incitation est un piège dans lequel il faut faire très attention. Il faudrait des mesures qui s'inscrivent de manière pérenne dans le temps, même si la zone change de statut.
Mise à jour du 08/08/17
L’indicateur APL expliqué…
Vous trouverez en cliquant ici ou encore ici, deux documents expliquants l’indicateur d’Accessibilité Potentielle Localisée ou APL. C’est cet indicateur qui sera utilisé pour éditer une cartographie de notre démographie et définir les zones sous-denses ou non.
Rapport sénatorial
Le sénat a émis un rapport sur l’accès au soin. Celui-ci est consultable ici.
J’ai été très surpris de lire page 69 que madame la présidente du conseil de l’ordre avait été auditionnée et avait émis des commentaires concernant des dispositions conventionnelles qui sont de fait en dehors du champ d’action du conseil de l’ordre !
J’ai retenu quelques points essentiels de ce rapport.
- la liberté d’installation c’est fini. Et si ce n’est pas pour aujourd’hui, ce sera pour demain.
- les sénateurs manquent cruellement d’imagination quant au recours à la télémédecine et négligent totalement les différents accès partiels et ou étrangers aux fonctions de médecin. Pourtant cela serait comme indiqué ici un moyen très simple de résoudre une grande partie des problèmes liés à la démographie des médecins.
- Le sénat a cependant la même conclusion que moi. L’aspect financier dans les problèmes de démographie ne fait pas tout. Nous pourrons utiliser autant de contrats incitatifs que l’on souhaite, si il n’y a pas de « vie » dans une zone, personne ne viendra s’y installer. Là où je diverge, c’est que les sénateur semblent indiquer qu’il faut dès lors passer sur des mesures répressives, ce qui à mon sens est une erreur.
- les maisons de santé… nous le savions déjà, mais cela va devenir à mon grand regret le standard de la médecine !
Vincent Jallu
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Suite à l’article sur la protection des données (à lire ici), je vous propose une réflexion sur les messageries sécurisées.
Je ne parlerais pas là de messagerie pour échanger des feuilles de soins sécurisées, mais bel et bien de messagerie pour communiquer avec l’ensemble des acteurs du parcours de soin d’un patient.
Les faits
Nous sommes tenus au secret médical et les échanges entre praticiens concernant des patients doivent aussi être sous le couvert de ce secret médical.
Il est donc impensable d’échanger via une messagerie non sécurisée.
De plus, les « projets » institutionnels vont tous dans le sens des échanges par voie électronique et vont tous aussi dans le sens de la sécurisation des données.
Il est donc important important voir essentiel d’utiliser une messagerie électronique sécurisée pour ses échanges.
Notez aussi que le projet d’avenant conventionnel N°5 précise que dans l’avenir il faudra avoir une messagerie sécurisée pour pouvoir bénéficier de l’aide pérenne.
Pensons aussi à l’avenir, le Dossier Médical Partagé (DMP), l’ensemble des données du patient, les analyses, les comptes rendus etc…
N'en doutons pas, la communication inter-professionnelle sera un point essentiel de notre devenir. Nous ne pouvons plus rester "terrés" dans notre coin. Les médecins reçoivent déjà l'ensemble des analyses via messagerie sécurisée. Il serait bon que nous puissions avoir les comptes rendus, les résultats d'examens complémentaires à disposition.
Les deux prétendants
Il existe à ce jour deux acteurs principaux dans le domaine.
MSSanté et Apicrypt.
Autant le dire tout de suite, les deux ont un fonctionnement très différent.
MSSanté
Ce service est gratuit mais a des fonctionnalités limités.
Il est développé par l’ASIP Santé que vous connaissez déjà puisque éditeur des carte CPS. Vous devrez d’ailleurs lors de votre inscription vous authentifier via votre CPS.
C’est là l’énorme avantage de MSSanté, en plus d’être gratuit, vous êtes sur que cette messagerie réponde et répondra aux demandes du législateur. D’ailleurs l’alimentation du DMP via MSSanté est déjà prévue.
La Direction Générale de la Santé a d’ailleurs fait savoir que l’ensemble des informations et alertes DGS-urgences seraient relayées via l’ensemble des utilisateurs de MSSanté.
Pour utiliser MSSanté, vous utiliserez par la suite un « webmail » pour échanger entre professionnels. Ce n’est donc pas via votre logiciel métier ou votre logiciel de messagerie que vous communiquerez mais via votre navigateur internet ou une application dédiée sur smartphone-tablettes.
L'activation de MSSanté est immédiate.
Pour aller plus loin mssante et esante.gouv.fr
Apicrypt
À l’inverse de MSSanté, Apicrypt est payant. Comptez 70€ par an. Cependant, l’offre de services est largement plus étendue.
Apicrypt est utilisé par 70 000 correspondants et est déjà intégré dans certains logiciels métier. Il est aussi largement déployé dans les hôpitaux et les Ehpad.
Apicrypt est actuellement le leader de la messagerie sécurisée, proposant des échanges via mails, sms etc. Son déploiement est largement plus vaste que MSSanté, même si ce dernier pallie sont retard.
L'activation d'Apicrypt nécessitera l'installation d'une "clé" et la finalisation prend quelques jours.
Apicrypt a développé des partenariats avec les URPS principalement pour le côté « libéral » et les établissements pour le côté « salarié ».
Pour aller plus loin, apicrypt.fr
Lequel choisir ?
Thé ou café ? telle est toujours et encore la question…
MSSanté, gratuit mais « simple » messagerie, développé par l’état avec l’assurance d’être toujours « à la pointe » de la législation en la matière.
Apicrypt, payant mais avec une offre bien plus importante. Le problème étant que si vous n’avez pas besoin de plus qu’une messagerie, Apicrypt n’a que peu d’intérêt dans l’avenir. Malgré tout son annuaire est bien plus important que celui de MSSanté, et c'est bien là la seule vraie raison de souscrire à Apicrypt.
À l’heure actuelle, je dirais « essayez MSSanté, c’est gratuit ». Dans quelques mois ou années quand les grandes évolutions majeures du mode de communication des données de santé seront en place, il sera toujours temps de changer. Et si vous sentez le besoin de certaines fonctionnalités d’Apicrypt, n’hésitez pas, 70€ par an, c’est certes toujours une somme, mais c’est peu.
N’oubliez pas la CNIL !
Dans tous les cas, si vous optez pour une messagerie sécurisée, n’oubliez pas si vous ne l’avez pas encore fait de vérifier de complémenter ou de créer votre déclaration à la CNIL. (cnil.fr)
Vincent Jallu
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Voilà c'est désormais fait, le SNMKR a ouvert sa plateforme négo-kiné au vote général concernant l'avenant numéro cinq de notre convention.
Ne soyons pas dupe, l'avenant N°5 n'a rien à voir avec le N°5 d'un célèbre parfumeur mais est bel et bien un piège sur le long terme.
À la première lecture de la plate-forme, je suis heureux de voir que le SNMKR a suivi quelques unes de mes propositions (à lire).
Cependant, au final la dite plate-forme a toujours quelques soucis.
L'identification par mail n'empêche en rien de voter plusieurs fois et la confirmation d'inscription ne fonctionne pas toujours et surtout, on ne peut aucunement vérifier que la personne qui vote soit bel et bien un kinésithérapeute conventionné !
Que les représentants des divers syndicats qui ne voient que par la démocratie participative aillent lire le texte que j'ai écrit sur le sujet... (à lire)
Autant le dire tout de suite, monsieur Revel, je vous en prie, vous voulez que l'avenant soit signé par le SNMKR, pardon, par l'Union ? Et bien c'est assez simple, faites voter l'ensemble des employés de la CNAM et vous aurez largement plus de voix que celles des masseurs-kinésithérapeutes !
Nous dirons merci au SNMKR...
Union vs SNMKR
Encore une fois je suis surpris de lire que le SNMKR ceci, le SNMKR cela... Cependant, juste histoire de rappeler un point important, le SNMKR n'est pas représentatif. C'est l'Union qui l’est.
Où est donc passé l'Union ? Où sont les membres d'Objectif Kiné (OK) ?... Nul part, pas une seule fois dans l'ensemble des discussions je n'ai pu lire ou voir intervenir un membre d'OK ! Étrange n'est-il pas ?
Non, pas si étrange que cela. Le SNMKR semble être dans un but purement commercialo-syndical. Comme je vous l'ai expliqué dans mon article sur la modification des URPS (à lire), les syndicats, si ils souhaitent conserver ou devenir représentatifs auront tout intérêt à être de bons et loyaux toutous auprès des tutelles. Il devront faire amende honorable pour ne pas être écartés...
Et bien voilà. Je pense que le SNMKR a fait son choix et fait tout pour nous expliquer que cet avenant n'est pas si mal que cela. La réalité est que, et je reprends les chiffres annoncés par le SNMKR, au mieux les mesures rapporteront en moyenne 1326€ par an et par praticien en 2019 soit 110€ par mois et au pire 668€ par an soit 56€ par mois. Êtes-vous prêts à vendre votre profession pour 86€ par mois en moyenne sur 4 ans ?
Moi non !
D'autant qu'aucune de ces mesures ne prend en compte le fait que nous allons au mieux être victime d'une augmentation de 1,7% de CSG dans les mois à venir.
Faites le calcul...
Ce qui est sur, c'est que le SNMKR, a fait un raz de marrée sur les réseaux sociaux pour nous convaincre que cet avenant était une bonne solution. Et malheureusement quelques "lieutenants" du SNMKR ont eu des propos qui n'étaient pas toujours très adaptés sur ces dits réseaux. Ainsi j'ai profondément été outré quand j'ai pu lire qu'un professionnel de santé (du moins qu'il prétend être) a osé dire ouvertement "je prends l'argent là où il est". Si la démarche "commercial" peut être « entendable », d'un professionnel qui se veut être au service des malades, je trouve cela très irrespectueux et contraire à l’éthique.
À vouloir trop en faire, on en fait de trop comme le dirait monsieur de la Palice et c'est le piège dans lequel le SNMKR est tombé.
Ceci étant dit, je remercie le SNMKR pour la diffusion du document qui serait le projet d'avenant numéro cinq ainsi que ses annexes. De mémoire c'est la première fois que cela se fait.
Le filouterie est dans les détails
Vous l'avez certainement remarqué, les débats autours de cet avenant font que nous parlons beaucoup des revalorisations mais peu de gens ont eu la curiosité de lire en entier le document.
Sur les rémunérations, j'avais chiffré il y a quelques mois pour Alizé, à 90 millions d'euros par an, au mieux. Nous sommes finalement à 287 millions sur 4 ans soit en gros 70 millions par an. Je vous avoue que je suis assez assez satisfait que mon analyse fut la bonne, et en même temps, comme je le disais à l'époque, profondément déçu que ce ne soit que si peu.
D'autant que comme souvent dans ce genre de texte, le pouvoir est dans le détails...
En effet, l'un des effets positifs du conventionnement sélectif, est de permettre aux titulaires de pouvoir à nouveau négocier leur départ en retraite ! Et oui, la signature du précieux document signifiant le nom du repreneur va se vendre très cher !…
Il est important que les jeunes diplômés et les futures professionnels enclin au déménagement fassent bien attention à tout ceci.
Il serait peut être même intéressant de voir si quelques partisans de cet avenant ne seraient pas en zone sur-dotée et proche de mettre leur cabinet à la vente...
Notez aussi que les avis de la commission paritaire départementale (CPD) doivent être rendus à la majorité des deux tiers. Les CPD étant composée à part égale des représentants des caisses d'assurance maladie et des représetnants syndicaux, autant dire que la majorité des deux tiers ne sera obtenue que si les représentants de l'assurance maladie le souhaite !
On appelle cela une démocratie "orientée".
Notons aussi que l'UNCAM commence à introduire la notion d'"activités spécifiques". N'osons pas dire « spécialisation"...
Il va falloir suivre cela de très près. Car non seulement nous n'imaginons pas la portée que peut avoir cette distinction mais avec ces activités spécifiques, l'UNCAM introduit aussi un volume nécessaire pour maintenir le conventionnement. Cette épée de Damoclès est effroyable... Autant je suis favorable à un quota général, autant imposer un volume d'actes spécifiques me semble ubuesque.
Relevons aussi le contrat d'exercice temporaire, qui si il peut paraitre anecdotique, montre que l'UNCAM a pensé le conventionnement sélectif depuis des années et a déjà mis en place un certain nombre de mesures à venir.
N'en doutons pas une seule seconde, les dindons de l'histoires seront tous kinésithérapeutes !
Nous retrouvons les mêmes notions d'actes minimums dans les différents contrats d'incitations. Ces derniers étant justement "contractuels", cela n'est pas dérangeant, vous savez quand vous signez. Pensez tout de même que les chiffres avancés, à bien y calculer, ne sont pas si "évidents" que cela à réaliser et me laisse penser que nous n'avons pas fini de lire et d'entendre parler de conflits engendrés entre les caisses et les professionnels au sujet de ces contrats.
Bien noter aussi sur ces contrats les conséquences d'une modification de zone.
Ces contrats d'incitations sont très dangereux pour les nouveaux diplômés qui se lanceraient dans l'aventure. Je pense que sans expérience de création d'activité au préalable, il sera très difficile de ne pas avoir de conflits avec la caisse. Il faudra un suivi comptable et de patientèle quasi quotidien. Et il faudra pouvoir dire "vous n'êtes pas de ma zone, désolé je ne vous prendrais pas en charge sinon je risque de ne plus être dans les contraintes de mon contrat".
La rémunération de prise en charge d'un stagiaire me parait déplacée... Soit on instaure un réel contrat de prise en charge des stagiaires égalitaire entre tous, soit on ne fait rien. Mais une demie-mesure ségrégationniste par la localisation... Je suis perplexe.
Le titre 2 de cet avenant (refonte de la nomenclature) me choque particulièrement car il est plein de sens mais vide de texte !
En effet, nous découvrons que l'actuelle nomenclature n'est pas assez descriptive et qu'elle sera étudiée ultérieurement !
Autant nous attendre à une belle usine à gaz !
Attention toutefois au calendrier, à savoir fin du premier semestre 2018, donc quasi conjointement avec la mise ne place de l'ensemble des mesures de l'avenant.
Je flaire le piège à 500 lieues. Pourquoi ne pas avoir fait cela en amont ? Pourquoi ai-je l'impression d'être pris pour le dernier des imbéciles ? Iriez vous signer quelque chose à l'aveugle mais qui contraindra la profession sans même savoir à l'avance de quoi nous parlons ?
En effet, même si l'on va argumenter que ce seront des discussions, que rien n'est fait etc... Laissez moi vous mettre en garde.
À l'UNCAM, tout est déjà écrit
Et cette volonté d'en discuter plus tard pourrait cacher simplement le fait qu'ils savent que cela pourrait remettre en cause la signature de l'avenant. Cela ne présage rien de bon. N'en doutons donc pas, la refonte de la nomenclature sera à notre encontre.
Notez aussi des petites phrases qui semblent anodines mais qui ont leur importance, comme la dématérialisation et la transmission du BDK qui de fait deviendrait quasi obligatoire avec la remise d'un document au patient.
Alors oui le BDK va être augmenté mais pensez bien que les frais liés à sa transmission et à la remise d'un document au patient seront à votre charge... Vous souvenez vous combien votre éditeur de logiciel vous a demandé pour le module SCOR ?... Et combien il vous facture la "maintenance logicielle" à l'année ?
Méfiance, le BDK augmentera, mais au final nous y perdrons…
Sur le même thème, les aides à l’informatisation seront reformulées.
Ainsi les critères d’admissibilité au forfait annuel augmentent.
Votre logiciel devra être certifié HAS et compatible DMP et compatible avec le recours aux téléservices tels que l’applicatif ADR i.
N’en doutez à aucun moment… cela aura un prix et votre éditeur de logiciel s’en frotte déjà les mains.
il vous faudra aussi avoir une messagerie sécurisée dont le coût vous incombera aussi…
Les 490€ annuels promis ne sont rien face à ce que nous dépensons annuellement en frais informatiques, maintenance logiciel etc…
Toujours dans l'idée des "points de détails", la convention peut être résiliée par différents moyen dont "modifications législatives ou réglementaires affectant substantiellement les rapports entre les organismes d’assurance maladie et les masseurs -kinésithérapeutes", or Monsieur Macron a promis la suppression du RSI, ce qui entrainerait une modification de la sections sociale de la commission paritaire nationale, régionale et départementale, ce qui constituerait une modification affectant les rapports entre les organismes d"assurance maladie et les kinésithérapeutes... Cela pourrait donc être un bon moyen de reformuler une convention à ce moment là... Messieurs-dames, dirigeants des syndicats représentatifs, la balle est dans votre camp.
Attention, de nouvelles sanctions sont applicables liées au zonage. En effet la pratique d'une activité spécifique pouvant permettre d'exercer en zone sur dotée, si le taux de pratique de cette activité spécifique n'est pas atteint, le professionnel se vera déconventionné dans la zone.
Être interdit d'exercice pendant 1 mois n'est jamais plaisant mais je dirais que c'est "gérable" (ne prenez pas mon propos pour une insoumission générale, loin de là, je suis pour le respect de la convention, même si elle est mauvaise). Par contre être interdit d'exercice dans une zone, implique un déménagement, ce qui est beaucoup moins gérable et largement plus coûteux. Sachant que lorsque l'on est déconventionné, il est impossible de se faire remplacé ou d'être remplaçant, la procédure est stricte et ferme.
Attention aussi à l'apparition d'une procédure exceptionnelle de déconventionnement.
Dans le cadre d'un dépôt de plainte par l'organisme de sécurité sociale suite à une fraude (article L114-9 du code de la sécurité sociale) qui dépasserait 8 fois le plafond mensuel, soit 26152€ pour 2017, le déconventionnement est à la discrétion du directeur de la caisse. et si 26000€ vous parraissent "énormes" pensez que sur 5 années (délai maximal pour notifier une fraude) cela ne représente que 5200€ par an... à méditer.
Voilà pour les quelques "détails" que j'ai relevé.
Pourquoi l'UNCAM ne réparti pas l'argent sur une augmentation de la lettre clé ?
La réponse est simple. L'UNCAM a des obligation en matière d'objectifs prioritaires de santé.
Elle a donc un budget défini à ce titre et doit prouver qu'elle a agit dans ces domaines. Et ce budget ne peut en aucun cas aller à une autre prestation.
Une fois que l'on a compris cela, on s'aperçoit que cet avenant ne fait que répondre aux objectifs prioritaires de santé et que le reste n'est que saupoudrage destiné à nous plaire, ou presque.
Nous ne sommes pas responsables des erreurs de santé publique et des différentes politiques catastrophiques menées depuis des années. Politiques que nous dénonçons largement depuis des lustres.
Que l'UNCAM se débrouille avec ses obligations et qu'elle rémunère correctement les acteurs de santé, point à la ligne.
Je pense qu'il faut être forts et montrer à l'UNCAM que nous ne sommes pas des moutons et que non, nous ne signerons pas cette mascarade.
Personnellement si j'étais en mesure de signer cet avenant, je ne signerais pas, non pas à cause de modalités de rémunération qui sont de la poudre aux yeux, non, mais à cause des multiples pièges qui sont inclus dans cet avenant et qui auront des impacts dans l'avenir sans que nous puissions y faire quoi que ce soit.
Il faudrait soit avoir un intérêt particulier soit avoir une lecture plus que superficielle pour croire que ce texte est bon et qu'il faille le signer.
Et la FFMKR ?
Celle-ci est resté assez "muette" durant l'ensemble de la négociation, c'est ainsi avec plaisir que j'ai pris connaissance des positions de la FFMKR.
J'ai trouvé dommage ce long silence de six mois hormis quelques mails et communications via des sections départementales très ciblées, mais cependant, stratégiquement je le comprends et finalement, à la vue de ce que l'hypercommunication du SNMKR (et pas de l'Union) a apporté, il me semble que la stratégie de la FFMKR était la bonne solution.
À noter surtout, l'absence très intelligente de commentaires des "lieutenants" de la FFMKR sur l'ensemble des réseaux sociaux. Cela démontre une certainement forme de hiérarchie au sein du syndicat et de l'autorité nécessaire au maintien de l'ordre en son sein.
Je ne suis pas partisan de la FFMKR pour pleins de raisons, cependant, je dois avouer que leur politique interne autours de ces négociations est mille fois plus respectueuse que celle du SNMKR.
Ils se sont réunis en congrès, ont fait voté les sections départementales, ont à priori pris en considération leurs adhérents et ont adopté le vote en conséquence.
C'est là une vraie politique syndicale et surtout une vraie démocratie participative. Que certains autres en prennent exemple...
Bref, aujourd'hui nous le savons, suite à leur congrès, il a été décidé de ne pas signer cet avenant. Peut être ont ils eu une analyse plus approfondie du texte et ont su voir les quelques pièges posés de ci de là.
Voilà, c'était mon analyse de cet avenant et de négo-kiné qui aurait pu être un outil formidable mais qui finalement a eu l'effet d'une tornade dans un verre d'eau mais qui aura un effet boomerang je pense important sur le SNMKR. Ce qui est sur, c'est que moi, j'ai la mémoire longue...
Si vous avez noté des choses que je n'ai pas relevé, ce qui est fort probable, n'hésitez pas à me contacter (This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.).
Vincent Jallu
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- Written by Didier Lantz
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Il y a des moments où la réalité dépasse la fiction et cette fin juin est révélatrice à ce sujet.
Malheureusement, cette réalité se présente plus comme un drame pour la kinésithérapie, et la santé en général, que comme une histoire d’amour.
Quand nous parlons d’amour, nous pensons à l’amour de ceux qui nous gouvernent vis-à-vis des citoyens que nous sommes au travers du soin qu’ils prennent à propos de notre santé.
Si la Santé, notre santé, a besoin de réforme voire de réformes, il s’avère que nous n’avons pas la même lecture et encore moins les mêmes objectifs que les tutelles.
Nous pensons en qualité des soins, en accès aux soins pour tous, en amélioration des prises en charge ce qui, dans un contexte d’augmentation de la population, d’allongement de la durée de la vie, de multiplication de la chronicité, ne peut qu’engendrer une augmentation des dépenses de santé pour vivre mieux et mieux vivre, nos élites pensantes n’observent que la question budgétaire.
Ce qu’elles traduisent par dépenses incongrues !
Il est tout à fait remarquable de lire le même jour les propos de Nicolas REVEL, Directeur Général de la CNAM et le rapport attendu (on se demande pourquoi !) de la Cour des Comptes et de constater l’harmonie parfaite au sujet de la santé, notre santé, entre ces deux « monuments » de la République.
D’un côté comme de l’autre, la kinésithérapie est ciblée. Il est vrai que ce n’est pas une première mais cela devient lassant et si nous ajoutons la signature par l’Union du SNMKR avec lui-même de la convention il est certain que les kinésithérapeutes vont largement participer aux économies demandées.
Si cette répétition des attaques contre la kinésithérapie est un sujet récurrent et lassant, la vision focalisée des décideurs qui occulte volontairement les réalités de terrain en ne s’attaquant pas aux vrais problèmes est également un sujet des plus lassants.
La France veut faire des économies de santé… soit !
La France doit faire des économies de santé… soit !
Nous en sommes conscients, nous en sommes partisans, mais en s’attaquant au mal réel mais pas aux malades qui ont besoin de soins et de kinésithérapie.
Les économies, il suffit d’ouvrir les yeux et de faire ce qu’il y a à faire pour les réaliser.
Que la CNAM contrôle réellement la réalité des prescriptions médicales.
Que la CNAM contrôle les cabinets usines et les sanctionne.
Que les études de kinésithérapie soient gratuites et universitaires avec un DE de grade Master.
Que les kinésithérapeutes aient accès à la première intention et un droit de prescription qui limitera les consultations médicales, dont les médecins se passeraient bien pour se consacrer à autre chose que de compléter des ordonnances pour avoir oublié tel ou tel consommable.
Que l’incompétence et l’inconséquence ne soient plus les critères principaux des recrutements dans les établissements de santé en particulier au niveau des décideurs.
Que l’on arrête les décisions prises à la va-vite qui produisent plus de dépenses que d’économies.
Que l’on arrête la prolifération des directeurs, directeurs adjoints, sous-directeurs, qui pour la plus part n’ont d’autres objectifs que leur efficience personnelle c’est-à-dire aller toujours plus haut et plus loin dans leur carrière. Dans un dédain de plus en plus prégnant pour les personnels et les patients car l’important est l’objectif économique qu’ils ne trouvent que sur le dos des personnels et pas dans leurs décisions inconsidérées.
Les hôpitaux sont devenus des navires sans gouverne car il y a trop de capitaines pour les diriger. Chacun ayant son propre cap à suivre. Les hôpitaux sont devenus des Galères pour les personnels qui rament de plus en plus à essayer de faire leur boulot c’est-à-dire soigner !
Mesdames, Messieurs les élites et autres gouvernants, arrêtez de vous duper en regardant ailleurs que là où il faut ! Arrêtez de jouer avec la santé des Françaises et des Français !
Didier Lantz
Vous trouverez l'auridt de la cour des comptes en cliquant ici
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Voilà… c’est fait !
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C’est officiel, le DEMK est considéré au plus haut niveau de certification tant en France qu’en Europe mais…
Mais, aucune traduction dans l’exercice de tous les jours.
Aucune traduction de reconnaissance tant dans les compétences, les savoirs faire, sur le terrain que ce soit en exercice salarié qu’en exercice libéral.
Pourtant il y a urgence car l’hémorragie de kinésithérapeutes dans les établissements de santé s’accélère mais il est vrai que les tutelles comptent sur les glissements de tâches, le partage des compétences et l’exercice illégal pour suppléer à cette défection qui est une véritable perte de chance pour les patients.
En libéral, à l’heure où les négociations conventionnelles s’enlisent, il est aussi grand temps que ce niveau de certification professionnelle soit pris en compte.
Est-il normal qu’un professionnel détenteur d’un diplôme situé au plus haut de la certification soit rémunéré sur la base horaire d’un OS ?
Il est probable que cela n’évolue pas, les tutelles comptant sur l’incapacité des syndicats dits représentatifs à faire front commun et encore moins à appeler l’ensemble des structures et des forces professionnelles à s’unir.
L’exemple de la réingénierie a été exemplaire et le Ministère, Bercy, et par conséquence les caisses l’ont bien intégré.
En ce qui nous concerne, nous n’abandonnons pas ce combat pour la reconnaissance du DEMK au niveau master puis l’intégration universitaire pleine et entière avec l’ensemble des reconnaissances que cela génère.
Notre concept du kinésithérapeute Ingénieur en Rééducation, chaînons manquant dans notre système de santé, est toujours notre objectif comme l’est la kinésithérapie maître de sa recherche et de sa formation pour devenir une vraie profession autonome qui collabore de concert avec faculté de médecine.
Didier LANTZ
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