La Profession
Attention au mélange des genres...
à venir (dans un ordre non exhaustif !)...
les négociations conventionnelles
le tarif d'autorité
les contrôles
la requalification des actes
les urps
les maisons de soin, de santé, pluridisciplinaires...
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- Written by Didier Lantz
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Le Bulletin Officiel du Ministère de la Santé du 15 mai nous annonce une bonne nouvelle mais une "patate chaude" pour la nouvelle équipe gouvernementale.
En effet, nous y découvrons que la profession de kinésithérapeute vient de faire un nouveau bond dans ce que nous souhaiterions être une reconnaissance et qui est le changement de classification au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP).
La kinésithérapie est passée au niveau 1 Français et niveau 7 Européen, les plus hauts niveaux de classification .
Il faut savoir que la profession était passée en 2016 du niveau 3 au niveau 2, c'est à dire du niveau de technicien supérieur au niveau agent de maîtrise.
Le passage au niveau 1 place la kinésithérapie au niveau des professions à Bac+5, cela avec une certaine ironie puisque le DEMK n'est reconnu qu'à 240ECTS.
Mais soyons positifs car suivant cette classification RNCP fait que, sur le papier, la profession est désormais au même niveau que celles des ingénieurs.
Mais revenons à la "patate chaude" car il incombe maintenant aux élus et au gouvernement de la nouvelle mandature de traduire dans la pratique cette reconnaissance légitime pour les kinésithérapeutes.
D'une part par la validation du Grade de Master avec 300ECTS qui marquera une étape décisive dans l'universitarisation de notre formation initiale et, d'autre part, par une traduction dans l'exercice de la profession avec un accès à la première intention ciblée et par une juste revalorisation financière tant dans les établissements de santé qu’en exercice libéral.
Didier LANTZ
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- Written by Vincent Jallu
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La dictature, c'est «ferme ta gueule»; la démocratie, c'est «cause toujours».
JL Barrault
Voilà une forme de pensée qui caractérise parfaitement notre état de droit actuel.
En effet, durant cette semaine entre l'élection du président de la république (bananière ?) et son investiture, les ministères publient les derniers décrets dont ils n'auront aucune responsabilité à porter… Autant dire que certains se lâchent et publient des absurdités ou des textes méprisants à souhait.
Notre profession n'a malheureusement pas été épargnée par ce fait...
Le paysage syndical masso-kinésithérapique Français n'est déjà pas très reluisant, mais avec la publication au journal officiel en date du 10/05/17 du décret du 09/05/17 portant modification des dispositions relatives aux unions régionales des professionnels de santé (URPS). (cliquez pour voir le texte du décret 2017-886)
L'état vient d'organiser la fin de la vie syndicale de notre profession ainsi que de l'ensemble des professions médicale et paramédicales.
En effet le 4e paragraphe de l’article premier indique « Les organisations syndicales souhaitant présenter des listes de candidats aux élections à venir transmettent les documents justifiant leur présence territoriale et leur ancienneté minimale de deux ans au ministre chargé de la santé entre le douzième et le neuvième mois précédant la fin du mandat en cours. Un arrêté ministériel fixe la liste des organisations syndicales admises à présenter des listes de candidats ».
La « présence territoriale » étant un critère totalement subjectif et la justice ayant récemment confirmé la possibilité au ministère d’infléchir ou de confirmer, voir d’augmenter certains critères d’évaluation, ce paragraphe ne fait que confirmer le pouvoir discrétionnaire (ou discriminatoire ou le fait du prince, choisissez l’appellation qui vous convient) de l’administration en général et plus particulièrement du ministère.
Vous comprendrez que par ce fait l'état vient de museler encore un peu plus l'ensemble des syndicats médicaux et paramédicaux.
En effet, pour avoir les « faveurs » du ministère et ne pas se retrouver mis à l’écart des élections aux URPS et en finalité à conserver ou à accéder au statut de syndicat représentatif, nos chers syndicats ne manqueront pas d’être les plus insipides et les moins vindicatifs possible à l’égard de nos dirigeants.
Ce texte vient indirectement de clore les négociations conventionnelles en cours, tout le monde va signer les propositions de l’UNCAM pour sauver sa place au sein des URPS…
Voilà comment la séparation des pouvoirs et des administrations viennent en quelques instants de se retrouver plus centralisés que jamais.
Monsieur Macron, qui a promis l'émergence de nouvelles têtes, aura t il le courage d'instaurer un réel climat de contradiction politique qui permet l'échange et l'évolution des pensées, ou laissera t il en l'état l'ensemble des syndicats "à la botte" du ministère ?
La quasi totalité de l'équipe Touraine ayant rejoint "En marche", devenu depuis "La république en marche", il est fort à parier que malheureusement rien ne change…
Il sera cependant très intéressant de constater l'immobilisme des syndicats en place, de voir si le courage l'emporte sur le pouvoir, si la conviction est plus forte que la contrainte…
En tous cas vous pouvez en être sur, les syndicats qui sont actuellement représentatifs et qui souhaitent le rester vont devenir (si ils ne l'étaient déjà) de bon toutous au pied de leur maître…
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- Written by Didier Lantz
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La kinésithérapie est une belle profession mais a-t-elle encore un avenir ?
C'est sur cette question que j'ai terminé ma première divagation mais avant de divaguer sur l'avenir si avenir il y a, penchons-nous sur le passé.
Point question de remonter à la nuit des temps, car le massage et les exercices thérapeutiques ou l'électrothérapie, remontent bien avant notre ère "chrétienne". Nous allons nous contenter de divaguer sur les 100 dernières années et quelques "dates".
Si nous regardons l'histoire de la kinésithérapie en France, nous ne pouvons ignorer les liens qui existent avec des moments terribles de l'histoire de France.
N'en doutons pas, la reconnaissance de la "rééducation" commence vraiment avec la Grande Guerre. En effet, pendant la première guerre mondiale, se développe sur le "tas" la rééducation des blessés afin qu'ils retournent au front au plus vite.
Cette reconnaissance acquise pendant ce premier conflit mondial débouchera à l'après guerre, qui verra des milliers de blessés et handicapés et la nécessité de les soutenir, de les réadapter pour qu'ils retrouvent emplois et dignité, à la création en 1924 au certificat d'infirmier-masseur.
Au tout début des années 1940, en pleine seconde guerre mondiale, mais la France n'est plus en guerre (!) depuis la reddition voit émerger le "moniteur de gymnastique médicale" pour déboucher juste à l'après guerre par la loi du 30 avril 1946 et le Diplôme d'Etat de Masseur-Kinésithérapeutes.
Pendant les années 1950-1960 le développement de la rééducation se poursuit mais faut-il se souvenir qu'en plus de l'évolution de la médecine, nous sommes toujours en conflits avec la guerre d'Indochine puis celle d'Algérie jusqu'en septembre 1962. Et en 1969, la formation initiale obtient sa troisième année.
Il faudra attendre septembre 1976 pour obtenir une autre avancée pour la profession avec la création du certificat de cadre en masso-kinésithérapie suivi quelques jours après de l'agrément des écoles de cadres en masso-kinésithérapie.
S'en suit une période sans évolution notable règlementaire mais qui fût probablement l'âge d'or de la kinésithérapie avant que ne commence son déclin.
Déclin que la filière doit à des choix des syndicats dits représentatifs qui étaient de véritables erreurs stratégiques.
Sans entrer dans les détails, 5 erreurs grossières qui chacune en leur temps ont contribué au déclin de la profession sont inscrites au cours des 30 dernières années.
La première date de 1989 avec l'acceptation d'avoir une simple expérimentation pour seuls 3 instituts de formation de réaliser la formation initiale en 4 années. Expérimentation qui perdurera pendant plus d'un quart de siècle et restera une expérimentation indéfinie.
La seconde, probablement une des plus graves est la publication en août 1995 de l'abrogation du certificat de moniteur cadre en masso-kinésithérapie au profit du cadre de santé. Ce qui coupa le lien que les kinésithérapeutes pouvaient faire avec l'université pour développer l'évaluation de leurs pratiques. Cela principalement au fait d'un projet porté par un responsable du SNKS attaché à la CFE-CGC et par celui qui était directeur de l'INK, filière de la FFMKR.
La troisième, qui est le résultat d'une vision sociétale erronée de frustrés d'avoir raté médecine, est la pseudo création de l'ordre des kinésithérapeutes. Pourquoi pseudo création, simplement car il n'existe aucun article de loi portant création de cet ordre.
Avant de poursuivre, il ne faut pas oublier que la motivation première des concepteurs d'un ordre était d'obliger les kinésithérapeutes à payer et à adhérer à une structure car il n'adhéraient pas aux syndicats.
Vision sociétale erronée car les concepteurs de l'ordre ont réalisé une analyse complètement fausse de ce qu'est une profession autonome. Ils ont voulu croire que l'autonomie professionnelle venait de la présence d'un ordre. Or cela est complètement faux.
D'une part les professions autonomes ne le sont que par la maîtrise de leur formation et de leur recherche. Cela est un fait incontestable validé par des études sociologiques. De plus les professions autonomes dotées d'un ordre, elles ne le sont pas toutes loin s'en faut, ont créée ou subit un ordre car elles étaient justement autonomes en préalable.
D'autre part, les ordres, et toutes les recherches sérieuses et impartiales sur le sujet aboutissent au même constat, sont fait pour museler les professionnels. Les ordres sont aux ordres des gouvernements.
A noter qu'au début des années 2000, un consensus proposait de porter la kinésithérapie à une formation en 5 années type DESS mais que ce consensus a "explosé" pour voire arriver la loi de 2004 qui mettait en marche l'ordre sans le créer.
Les deux dernières erreurs sont très récentes avec en premier une validation de la réingénierie du DEMK qui a abouti à 5 années de formation initiale reconnues bac + 3 sans véritable reconnaissance universitaire et tout récemment une nouvelle définition qui ouvre encore plus la porte au démantèlement des compétences des kinésithérapeutes et à leur partage.
Et les différents textes législatifs et règlementaires que le ministère de la santé en fin de mandature promulgue depuis plusieurs semaines ne permettent pas d'être optimiste.
Alors si la kinésithérapie a un avenir, quel peut-il être ?
Didier LANTZ
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La kinésithérapie est une belle profession.
Elle allie savoir faire et relation humaine ou comme certains pourraient le dire, savoirs théoriques et savoirs pratiques au service des autres le tout alimentant les savoirs expérienciels clés de la maturation de chaque professionnel au bénéfice des patients dont il a la charge.
Les kinésithérapeutes, les études sociétales en attestent, comptent parmi les professionnels de santé les plus appréciés des patients.
Ces deux premiers constats permettent de dire que la kinésithérapie est une belle profession.
La kinésithérapie est une belle profession mais... !
Mais quoi ?
Mais elle est sinistrée dans l'exercice salarié.
Mais elle est bloquée dans les négociations conventionnelles.
Mais elle est gelée dans la reconnaissance de profession intermédiaire indispensable au système de santé.
Et des "mais" il y en a d'autres mais pourquoi ?
Parce que la kinésithérapie n'est ni soutenue, ni reconnue et que ceux qui sont dits représentatifs et dont le boulot est de la défendre ont accumulé une succession d'erreurs qui d'année en année a fait sombrer la kinésithérapie dans un "triangle des Bermudes" où personne ne sait ce qui s'y fait.
En effet, derrière les apparences flatteuses que constatons-nous ?
Les kinésithérapeutes sont appréciés des patients mais combien de commentaires circulent avec des : "je le vois pour me brancher et me débrancher", "il passe d'un boxe à l'autre", "nous sommes 3, 4, en même temps", "j'ai fait le même exercice toutes mes séances", etc...
A l'hôpital ce n'est pas mieux : "le kiné, il est gentil, il est passé me dire bonjour", "le kiné ! quel kiné ?", "en 1 semaine, je n'ai vu personne", "il est très bien mais il est toujours appelé pour une urgence", etc...
Et peu importe si ces commentaires sont minoritaires, ce sont ceux qui sont retenus.
Les kinésithérapeutes sont appréciés des patients mais quelles associations de patients s'élèvent pour défendre la place des kinésithérapeutes dans le système de santé ? Quelles associations de patients militent pour la revalorisation et la reconnaissance de la kinésithérapie ?
Tournons-nous du coté des médecins qui connaissent l'intérêt d'avoir des kinésithérapeutes et nous obtenons : "je ne sais pas ce qu'il fait", " je n'ai jamais de courrier", "j'ai un bon kiné, c'est à lui que j'envoie mes patients, les autres j'ai arrêté"...
Et du côté des hospitaliers si le discours est différent, il n'en est pas moins inquiétant : "en réa j'aimerai bien avoir des kinés mais comme il n'y en a plus, nous avons formé les infirmières", "on se débrouille, on fait sans", etc... Et nous pouvons constater que les postes sont progressivement transformés pour des APA, des ostéopathes, des coachs sportifs, et avec des glissements de tâches vers les infirmières, les aides-soignantes, les ergothérapeutes, les psychomotriciens. Cela avec des économies et des DRH ravis de pouvoir supprimer des postes qui ne sont pas utilisés.
Il n'est même pas la peine d'aborder les conditions de travail en milieu hospitalier qui, sauf exception, sont tellement dégradées, voire n'ont jamais évoluées depuis 30 ans, qu'aucun professionnel ne veut travailler dans de telles situations. Si en plus vous croisez des chefs de services, professeurs d'université, qui sans frémir vous disent : "je recrute des APA au moins ils ont un master", ou "pourquoi vouloir des équipements, faire marcher les patients dans le couloir c'est suffisant", et bien vous complétez le panel des situations qui font fuir les kinésithérapeutes de l'exercice salarié.
Les conditions de travail en libéral, ne sont pas forcément plus enviables. Horaires à rallonge, patients qui ne viennent pas sans prévenir, submergé par des prescriptions alors que les rendez-vous sont déjà plus que complets, prescriptions fantaisistes incompréhensibles, marathon pour ceux qui continuent à faire de la kinésithérapie au domicile des patients, conditions tarifaires qui ressemblent plus a de l'escroquerie institutionnelle qu'a une réelle valeur du travail, charges qui augmentent d'année en année...
La kinésithérapie est une belle profession mais a-t-elle encore un avenir ?
Didier LANTZ
(les commentaires attribués aux patients ou aux médecins, ne relèvent pas de la fiction, ils ont été collectés lors d'échanges et de discussions ainsi que les situations décrites)
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