La Profession
Attention au mélange des genres...
à venir (dans un ordre non exhaustif !)...
les négociations conventionnelles
le tarif d'autorité
les contrôles
la requalification des actes
les urps
les maisons de soin, de santé, pluridisciplinaires...
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- Written by Vincent Jallu
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Vous ne vous êtes surement pas intéressé à la réforme de l’assurance chômage, logique puisque nous ne sommes presque pas concernés.
Je ne reviendrais pas sur le contenu de cette réforme qui ne manquerait pas d’être largement commenté mais, non ce n’est pas le propos.
Non, je vais revenir sur un fait essentiel dans l’élaboration de cette réforme.
Cette réforme de l’assurance chômage s’est faite dans la plus grande perversion administrative possible. Le gouvernement a dit aux partenaires sociaux, « débrouillez vous, faites nous une réforme, amis assurez vous que cela nous fasse gagner de l’argent ». Après un certain temps, les partenaires sociaux ont dit « nous n’arrivons pas à un consensus ».
Le gouvernement a alors fait ce qu’il fait le mieux… Il a repris la main !
Le gouvernement a simplement éliminé les partenaires sociaux du dialogue et a imposé directement son texte. Texte qui ne sera pas débattu à l’assemblée, mais directement édicté par décrets. Point final. Peu importe le contenu, le gouvernement n’en a finalement fait qu’à sa tête et arrivera à nous faire croire que le processus a été démocratique alors que finalement nous sommes très proche du totalitarisme.
Je vous l’ai déjà dit, pour ma part, je pense que le monde politique a changé le 10 décembre 2016 lors de la campagne de monsieur Macron.
J’y ai vu là la fin. La fin de toutes négociations possibles.
Et malheureusement ce qui a suivi n’a fait que confirmer ce sentiment.
Depuis l’investiture du président Macron, les mots « dialogue social » n’ont plus aucune signification. Le ton est donné, « je vous écoute, je vous entends, mais je n’en fait qu’à ma tête »… voilà la réalité.
Pourquoi cela nous intéresse-t-il ?
La réponse est simple. L’état a déjà fait, passer en force en reniant les partenaires sociaux et cela, en 1995. La réforme de l’assurance maladie, cela vous rappelle quelque chose ?
Second point, une réforme d’ampleur nous concernant arrive sur le plateau politique. La réforme des retraites et la création du régime universel.
Voilà donc comment nous allons être traité… Nous pourrons nous agiter autant que nous le voulons, nous serons balayés du revers de la main.
Vous le savez, je ne suis habituellement pas tendre avec nos syndicats. Cependant, je dois bien avouer que dans cette situation ils n’auront aucun mot à dire, aucune marge de manoeuvre, aucun pouvoir. Et franchement, nous ne pourrons pas les blâmer dans cette difficile tâche.
La réforme des retraites est malheureusement perdue d’avance.
Allons plus loin
L’accord cadre interprofessionnel sur les CPTS, fraîchement signé, quelque soit son contenu est de la même trempe. Pour paraphraser Jean-Louis Barrault, la dictature c’est « ferme ta gueule », la démocratie c’est « cause toujours ». Plus que jamais cette citation prend tout son sens.
Le mot « libéral » n’a plus aucun sens aujourd’hui. Nous sommes libéraux emprisonnés dans un carcan administrativo-financier.
Jusqu’où irons nous ? Nous laisserons-nous nous faire dicter ce que nous devons faire en laissant nos libertés s’envoler ?
La question qui vient de suite à l’esprit, est « Comment faire ? ».
Vous le savez, je ne suis plus convaincu par « l’action », entendez par là que l’ensemble des manifestations, mouvement populaires ou autres n’ont plus rien donné depuis 2 ans maintenant. Bloquer le périphérique ? très bien… où en sont les taxis ? nul part. Les gilets jaunes, sincèrement qu’ont ils obtenus ?… Des promesses, rien d’autre.
Non, à mon sens il faut prendre l’état à son propre jeu. Par exemple la démarche du SMAER (https://smaer.fr) pour faire requalifier la relation caisse-médecins en contrat de travail n’est pas dénuée de sens. Nombre sont ceux qui ont essayé avant eux et qui malheureusement n’ont pas obtenu gain de cause, mais les contraintes augmentant, les textes évoluants, il se pourrait bien que…
Il faut être intelligent, créer des projets en adéquation avec la « législation » imposée et nos désidératas. Il faut être fin et arrêter la stupide opposition infertile pour tendre vers la subtilité juridique et le biais inattendu.
Tant que nous écouterons et adhèrerons aux chimères vendues par certains qui promettent monts et merveilles, nous ne resterons que médiocres et nous ferons phagocyter par nos tutelles.
Vincent Jallu
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Événement passé totalement inaperçu par le microcosme kinésithérapie, la création des Conseils Nationaux des Universités (CNU). La semaine dernière, l’ensemble des structures dirigeantes en orthophonie, se sont élevées contre la création du CNU des métiers de la rééducation. Nos dirigeants à nous, s’en sont félicité il y a quelques mois !
Comme quoi les attentes des uns ne sont pas les mêmes que celles des autres.
Encore une fois, merci à nos amies orthophonistes de se préoccuper un peu mieux des professions paramédicales que ce que nous pouvons le faire ! (à lire ici)
Un CNU c’est quoi ?
Pour faire simple, c’est l’organisme qui s’occupe de la carrière des enseignants-chercheurs. Si le CNU de votre profession n’existe pas, vous n’avez ni carrière ni recherche possible au titre de votre profession. Vous pouvez toujours vous faire embaucher comme enseignant ou comme chercheur, mais dans une branche qui n’est pas la votre spécifiquement.
Ainsi il y a eu une création de CNU en sciences infirmières, un autre en sciences maïeutique et un dernier en sciences de la réadaptation et de la rééducation. Les IDE ayant validé par le biais de pratiques avancées le fait d’accéder au grade Master et donc d’accéder à des carrières spécifiques d’enseignants en soins infirmiers et ou de chercheurs en soins infirmiers. Le président de la faculté de Rennes ayant déjà annoncé les premiers « maitres de conférence en sciences infirmières d’ici à la fin de l’année ». Mieux, dans son communiqué de presse du 03/05, madame la ministre Agnès Buzyn déclarait « Enfin, « Ma santé 2022 » repose sur le principe de libérer du temps médical utile pour permettre aux médecins d’accueillir de nouveaux patients. Cet objectif sera notamment rempli par la création de la fonction d’assistant médical et l’arrivée des 300 premiers infirmiers en pratique avancée. Ces derniers, de niveau Bac+5, disposeront de compétences plus étendues pour se voir confier le suivi de patients atteints de maladies chroniques stabilisées ». Voilà comment les infirmières arrivent à faire avancer leur profession.
Voilà aussi pourquoi les orthophonistes ne veulent pas se contenter d’un CNU non spécifique à leur profession et pourquoi elles qui ont aussi le grade Master, aimeraient bien aller de l’avant et obtenir ce que les infirmières ont obtenu.
Et nous ?
Ne cherchez pas le CNU des masseurs-kinésithérapeutes, il n’existe pas et n’existera jamais !
En effet, il a été créé un CNU « fourre tout » regroupant tous les métiers de la rééducation !
Voilà c’est simple, un « truc » ou l’on range « ce qui ennuie le gouvernement » et où il mettra tout le « bordel » pour lequel il a pas envie de faire quoi que ce soit.
Nous sommes prévenus, la masso-kinésithérapie ne semble pas être à la hauteur pour que le législateur s’intéresse à nous.
Contrairement à nous les IDE, ont vraiment bien joué leur jeu. Les orthophonistes, elles réagissent et montent au créneau. Et nous, nous nous complaisons de cela !
Encore une fois nous allons être le dindon de la farce !
Il est notable de voir que le conseil de l’ordre des orthophonistes a vaillamment bataillé pour obtenir le grade master et de voir aussi sa réactivité face à la constitution de ces CNU. Merci à lui d’oeuvrer de manière aussi présente et puissante.
Mais j’y pense ?
Il n’existe pas de conseil de l’ordre des orthophonistes ! C’est peut être pour cela qu’elles ont obtenus ce que nous n’arrivons pas à avoir et qu’elles ont une réelle volonté de défense de leur profession en refusant la médiocrité proposée !
Devons nous, nous contenter uniquement de cette médiocrité que l’on nous propose ? Où peut on espérer qu’un jour nos dirigeants prennent réellement conscience de comment ils sont traités et nous fasse de vraies propositions de défense de notre profession ?
Ce qui est sur c’est que chez nous, nous trouverons toujours quelques illuminés pour défendre l’indéfendable à savoir que la situation est idyllique et que tout va bien se finir !
Non, la réalité est que le Master de Masso-Kinésithérapie n’existera jamais. Nous devrons nous contenter de ce qui se fait « à côté ». J’irais même jusqu’à dire, « tout cela pour ça ! ». Oui 10 ans de bataille et d’énergie perdue pour revenir à ce que nous avions déjà avant ! La recherche en masso-kinésithérapie continuera à végéter jusqu’à l’extinction de la profession.
Conclusion
J’espère que cet article fera, un tant soit peu, réagir nos têtes vides mais qui essayent de penser, et qu’au moins ils nous tiendrons informé des événements à venir. Devrons nous pleurer la réforme du PACES, devrons nous en finir avec l’espoir du Master de Masso-Kinésithérapie, devrons nous en finir avec l’espoir d’une pratique avancée, devrons nous en finir avec l’espoir de voir un jour un « docteur en kinésithérapie » ou un « maitre de conférence en sciences kinésithérapique », etc…
Vincent Jallu
P.S. Merci à Didier Lantz au passage...
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Je vous annonce l’ouverture de la Chasse aux Primes sur les Territoires de Santé autrement appelé CPTS !
L’expression n’est pas de moi mais je l’ai trouvé tellement réaliste que je n’ai pu m’abstenir de la citer.
Depuis quelques temps tout le monde s’agite autours des CPTS. Sous cet acronyme se cache les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé.
Superbe idée à la base et si l’on écoute les professionnels déjà en place au sein d’une CPTS, tout est parfait dans e meilleur des mondes. Enfin les libéraux peuvent travailler ensemble autours d’un projet qui la plupart du temps est un projet qui nous touche directement.
Bénéficiant d’un financement entre 50 et 150 000€ comme l’a précisé la directrice de l’offre de soin, voilà qui pourrait être alléchant. puisque cela peut financer un secrétariat coordonnant le système ou tout autre moyen utile à la CPTS.
Travailler en collaboration, autours d’un objectif commun et en ayant les moyens de le faire, franchement ? Que demander de plus ?
Mais alors, où est le piège ?
Si certains affirment haut et fort que le financement des CPTS ne sert pas à rémunérer des actes, ils ont raisons. Mais le financement des CPTS pourrait rémunérer des missions !
L’UNCAM a trouvé là un moyen encore plus intéressant que les forfaits pour payer indirectement les professionnels. Car dans le forfait vous n’avez aucun objectif. Alors que là tout est clairement indiqué. L’UNCAM ayant même déjà délivré certains indicateurs. Vous savez, comme pour les ROSP ! Des indicateurs !…
Même origine, même trajet, même terminaison, ROSP=CPTS=piège à c..
De plus Nicolas Revel rajoute une petite phrase intéressante, « Il est nécessaire de passer de l’obligation déontologique individuelle à une organisation territoriale et collective ». Tout est dit. La déontologie individuelle ayant échouée, nous allons passer à une organisation obligatoire en collectif avec objectifs, indicateurs et prime à la clé.
Et si depuis 2016 les CPTS ont eu des fonctionnements « facile », l’étau se resserre déjà.
En effet, l’UNCAM a précisé que les CPTS fonctionneraient dorénavant autours de missions dites « socles » et de missions dites « complémentaires » et suivant des « indicateurs ».
D’ailleurs, Nicolas Revel a déjà indiqué que les médecins qui ne suivront pas le chemin des CPTS se verront « limités » dans leurs rémunérations forfaitaires ! Que ce soit pour employer un assistant médical, ou pourquoi pas tout ou partie de ROSP… Pensez vous réellement que si le système était si parfait, l’UNCAM aurait besoin de menacer ? Laissez moi rire, soit toutes celles et ceux qui vantent les méritent des CPTS se sont laissé bernés comme des imbéciles, soit ils n’ont vraiment aucune once de lucidité.
Ne doutons pas une seule seconde qu'avec le futur avenant 6 à notre convention, Nicolas Revel saura se montrer "convaincant" avec nous aussi !
Missions socles, missions complémentaires, indicateurs
Parmis les missions socles, indiscutablement, la rééducation n’en fait pas partie. Donc que tous les kinésithérapeutes qui ont eu la « chance » d’être dans une CPTS fonctionnant autours d’un projet de rééducation, malheureusement, tout cela c’est fini.
Les missions socles ? Simple. Il y en a 2.
- l’accès au soin (médecin traitant, soins programmés)
- l’organisation des parcours de soins
Voilà… Les kinés là dedans ? Désolé, il faudra repasser ! Ha si, nous serons dans l’organisation du parcours. Donc terminé les CPTS centrées autours de projets de soins. Seuls l’accès et l’organisation sont des missions socles.
Voici un exemple donnée par l’UNCAM, « la CPTS pourrait avoir la responsabilité de recenser les patients sans médecin traitant, d'identifier la capacité des médecins à prendre de nouveaux patients ou encore de définir les patients prioritaires pour la prise en charge par un médecin traitant ». Quelle joie pour les masseurs-kinésithérapeutes de faire partie d’une telle organisation !
Voilà ce à quoi ressemblera une CPTS.
Seulement après ces missions socles, interviennent les missions complémentaires.
Mais attention, ces missions ne sont pas « gratuitement » rémunérées, il faudra répondre à des indicateurs. Augmentation de la population prise en charge, augmentation de la patiente par praticien, augmentation du nombre de créneaux horaires par praticien, baisse du nombres de prises en charge aux urgences et même la « satisfaction » des patients ! Nous voilà prévenus !
Parlons des missions complémentaires. Quatre sont mises en avant.
- Prévention
- formation
- qualité
- pertinence
Voilà, en dehors de la prévention, tous les projets à titre rééducation semblent mis de côté non ?
Et cerise sur le gâteau, les financements seront attribués aux missions. Donc si les kinésithérapeutes d’une CPTS n’ont pas de mission réelle, pas de financement. Donc pour avoir le financement les kinésithérapeutes devront s’adapter et de venir des chasseurs de primes !
L’avenir des CPTS existantes ?
C’est un point des plus inquiétant. En effet, lorsque les objectifs de la CPTS déjà en place seront atteints, que va-t-il se passer ?
Les objectifs vont changer tout simplement. Et ces objectifs devront alors répondre aux missions socles. Donc toutes celles et ceux qui ont actuellement des projets « sympathiques » se verront avec des projets uniquement administratifs avec des indicateurs de réussite, des objectifs… En fait un contrat entre l’UNCAM, les ARS et les professionnels. Si le contrat n’est pas respecté, fin du financement (et pourquoi pas un remboursement) obligation de se conforter aux objectifs, indicateurs etc.
Conclusion
Compte tenu des missions socles, il est clair que les CPTS sont au mains des médecins et que les objectifs
Le gouvernement est en train de réinscrire le fait que nous ne sommes que des « para » médicaux et que nous n’aurons aucune place majeure et nous resteront subordonnés. Travailler « ensemble » dans un rapport hiérarchique parfaitement établi en suivant des objectifs strictement médicaux sans réels rapports avec nos objectifs du quotidien. Voilà ce que sont les CPTS.
Alors, ça vous tente ?
Tout est actuellement en construction au sein des négociations avec l’UNCAM. Peut être est-il temps d’interroger nos syndicats représentatifs avant que l’accord cadre interprofessionnel ne soit signé non ?
Dans tous les cas la chasse à la prime est ouverte !
Vincent Jallu
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Madame la ministre de la santé a reçu ce mardi un rapport d’une « task force » sur la future réforme des modes de financement et de régulation de la santé.
Cette « task force », comprenez par là, « force opérationnelle », ou plus précisément, truc qui ne sert à rien mais qui va mettre le bordel, est dirigée par Jean-Marc Aubert. Si vous ne connaissez pas ce monsieur, il s’agit du directeur de la DREES (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). Tout est dit, des chiffres, de l’argent et… rien d’autre.
Si vous pensiez que la santé c’était des gens, des prises en charges, de l’humain quoi ! Et bien non, la santé ce sont donc des chiffres, de l’argent qui rentrer et qui sort, rien d’autre. Merci madame la ministre de nous le rappeler !
Parmis les « possibilités » envisagées, paiement à la qualité et à la pertinence, paiement au suivi des pathologies chroniques, paiement groupé à la séquence de soins… et comme de par hasard nous retrouvons le paiement à la structuration pour le travail en équipe et les soins de ville, en précisant directement « d’ici à 2022, 1 000 communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et 2 000 structures d’exercice coordonné (maisons de santé, centres de santé, équipes de soins primaires) ».
Je trouve curieux que l’on parle de la coordination des soins et des forfaits groupés dans le même temps, pas vous ?
Le paiement groupé à la séquence de soins
Si les détails sont encore inconnus, nous avons un début de réponse sur ce que sera ce procédé !
« séjour, consultations externes, honoraires médicaux, soins infirmiers, kinésithérapie, etc. » seront rémunérés via un forfait unique.
Vous souvenez vous de mon dernier article sur les CPTS ? (à lire ici). Je relis encore les commentaires de certains syndicalistes se voulant « rassurants » ! La bonne blague ! Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer tellement leur crédulité est affolante !
Voilà donc comment tout cela va s’organiser et se dérouler…
Un montant global sera proposé pour l’ensemble des actes depuis l’hospitalisation jusqu’à la fin de la rééducation… Juste histoire de plaisanter un peu, imaginez ce qui se passera si l’hospitalisation dure 3 jours au lieu de 2 ? Et bien c’est simple, les 300€ qui étaient originellement alloués à la rééducation resteront à l’hôpital puisque ce sera le premier à se servir !
Donc soit on proposera au patient de ne pas avoir de rééducation soit on dira au gentil kiné de faire « les soins » pour « rien » !
Qui sera le pigeon de l’histoire ? Plaisanterie à part, redevenons réalistes et voyons comment cela pourra s’organiser…
Nous pouvons supposer que l’argent va transiter depuis le haut vers le bas. Premier arrivé, premier servi. Nous pouvons aussi supposer que l’argent sera réparti forfaitairement parlant. Ce qui implique directement que les soins devront être faits pour une somme définie à l’avance. Vous aurez donc disons 240€ pour la rééducation de la PTH. SI il n’y a pas de problème en 15 séances (actuel forfait) tout va pour le mieux. Si par manque de chance tout ne va pas pour le mieux… Vous finirez les soins « à votre charge », à savoir que vous n’aurez pas un euro de plus.
Autre possibilité, les acteurs définissent entre eux leurs besoins. Et donc leur financement... Est-ce que le terme « compérage » vous parle ?
Alors laissez moi vous guider… Le compérage étant interdit par les différents, ordres, imaginons un hôpital négociant avec plusieurs CPTS. « la CPTS qui nous laisse la plus grande part des financement remporte tous nos patients ! ». Voilà… C’est cela du compérage (ou plus littéralement, entente secrète entre deux ou plusieurs personnes en vue d’avantages obtenus au détriment du patient).
Voilà donc les trois scénarios envisageables, tous plus charmants les uns des autres !
Le patient dans l’histoire ? Tout le monde se fout royalement de ce que l’humain représente, seul les économies comptent. Voilà ce que nous propose madame la ministre.
Et comme tout sera orchestré depuis l’hôpital vers les CPTS gentiment organisées pour répondre présent, et bien oui, nous seront comme souvent les dindons de la farce !
Car finalement, les cabinets libéraux vont devenir les petites mains des hôpitaux.
Mais soyez en surs, nous allons bien trouver des syndicalistes pour nous expliquer que c’est l’avenir que tout va bien et que nous avons une grande place au sein de ce système dans lequel nous sommes le dernier sous-personnel de la grande pyramide hiérarchique !
Juste histoire de vous apporter un élément factuel financier, en Suède où ce procédé existe déjà le forfait est de 5400€ pour l’ensemble de la prise en charge d’une PTH. Hospitalisation, chirurgie, anesthésie, consultations pré-post opératoire, soins (IDE, MK…). Et si l’on en croit le rapport de la SOFCOT (à lire ici), ce n’est pas une réussite ! Risque élevé de sélection des patients, baisse de la qualité de prise en charge, surcoûts induits, complexité croissante des circuits financiers.
Posons nous la question due pourquoi les orthopédistes ne sont pas contents de cette mesure ?
La mascarade de l’ordre
Je fus assez surpris de lire le communiqué de notre ordre (à lire ici), presque satisfait que madame la présidente fût invité à la présentation de ce superbe avenir qui se dessine pour nous. On peut même lire dans ce communiqué « la présidente du conseil national a participé au groupe de travail mis en place dans le cadre de la stratégie de transformation du système de santé lancée en février 2018 par le Premier Ministre et la ministre des Solidarités et de la Santé dont ce rapport présente les conclusions. ».
Devons nous en conclure que notre ordre a participé activement et est satisfait que l’humain et que le patient soient irrémédiablement exclus dans l’avenir de la santé en France ?
Devons nous en conclure que notre ordre se félicite de cet avenir qui se dessine pour les kinésithérapeutes ?
Je vous avoue que je suis totalement perdu dans la logique que notre ordre semble mener dans tout cela.
Parallèlement notre ordre nous informe depuis quelques temps de son souhait de créer la profession d’aide-kiné (à lire ici et là).
Voilà un bel outil complémentaire aux forfaitisations globales !
Et oui, réfléchissons, si ce sont des « petites mains » qui réalisent les actes dans le cadre des forfaits globaux, transformant les cabinets en usines à patients (je ne sais même pas si nous devons encore les appeler comme cela ou si le terme « bestiaux » ne serait pas plus adapté ?), alors nous avons là une solution toute trouvée.
Je pense qu’il va être urgent pour notre ordre d’annoncer clairement ses positions et ses volontés pour que l’on sache réellement où notre ordre veut aller. Et il est de notre devoir de le demander à notre ordre.
Conclusion
Si pour l’instant ces mesures sont « envisagées », ne doutons pas une seule seconde qu’elles arriveront. Car madame la ministre a même précisé que ces dispositions pourraient entrer en vigueur, soit pas le droit commun soit par la possibilité introduite par l’article 51. Il n’y aura donc pas de recours législatifs contre ces mesures si elles étaient introduites de cette manière. C’est beau la démocratie, surtout quand on fait en sorte de s’assoir dessus !
Nous voici donc dans l’ère de l’inhumain, des cabinets usines, des regroupements en MSP, en CPTS. Le patient, pardon, le bétail, sera pris en charge avec des critères exclusivement financiers.
Vincent Jallu
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Suite à mon article (à lire ici) sur les sous-kinés, le conseil de l’UNCAM m’a fourni quelques éléments de réponse et de réflexion.
En effet, la profession d’assistant médecin est en cours de création. Et si contrairement à nous, l’initiative est partie d’en haut pour arriver en bas, les cadrages ne manquent pas de se faire sentir et pressants. Le parallèle entre les assistants-médecins et les sous-kinés me semble être flagrant.
Ainsi le ministère avait déjà donné une feuille de route assez stricte, mais l’UNCAM vient d’enfoncer le clou de manière assez virulente.
Alors que notre conseil national réfléchit éventuellement à limiter les sous-kinés au monde salarial pour soit disant sauver la kinésithérapie salariée, l’UNCAM a elle défini les assistants-médecins dans les domaines administratifs et cliniques, en les interdisant aux spécialités techniques comme la radiologie et la biologie médicale ainsi qu’aux praticiens en établissements de santé.
Me voilà donc rassuré, si une partie des élus de notre ordre veut faire n’importe quoi, l’UNCAM semble être beaucoup plus réaliste et partager mes craintes. Si l’on ouvre ce type de personnels au monde salarial, ce sera la catastrophe.
Si l’UNCAM ne veut pas d’assistants médecins en établissements de santé c’est parce qu’elle a elle même très peur des abus qui pourraient en découler.
Je repose alors ma question, pourquoi voudrions nous de sous-kinés en établissements alors que l’UNCAM elle même craint les assistants-médecins dans les mêmes conditions ?
L’UNCAM et notre ordre ne semblent donc pas avoir réfléchi aux mêmes problématiques !
Je suis aussi rassuré sur les effets d’aubaines. En effet l’UNCAM semble très stricte sur les critères d’attribution des assistants médicaux. Hors de question de licencier du personnel existant, mais de surcroit, les médecins devront augmenter leur patiente ou mettre en oeuvre de nouvelles actions améliorant la qualité ou l’efficience, parlant même de la hausse du nombre d’heures travaillées !
En effet, l’UNCAM financera en partie les assistants médicaux. Hors de question pour elle de ne pas avoir de compensation. Elle a même prévu le remboursement de sa participation si le contrat n’est pas respecté.
J’espère vivement que si les sous-kinés existent un jour, l’UNCAM maintiendra le même cap avec notre profession…
Conclusion
En écrivant mon article la semaine dernière, je ne pensais pas avoir un soutien de taille par le biais du conseil de l’UNCAM.
Je demandais l’appui des syndicats représentatifs dans le cadre des négociations conventionnelles pour pouvoir endiguer la création des sous-kinés, mais finalement c’est peut être l’UNCAM elle même qui refusera totalement cette mesure.
Désolé pour toutes celles et ceux qui pensaient s’enrichir sur le dos de kinésithérapeutes salarié ou sur le dos des assistants, l’UNCAM veille !
Dans tous les cas je suis maintenant curieux de voir comment les élus partisans des sous-kinés vont s’en sortir face à cet énième affront. Le gouvernement et l’UNCAM semblent vraiment ne pas être en phase avec notre ordre…
Vincent Jallu
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