La Profession
Attention au mélange des genres...
à venir (dans un ordre non exhaustif !)...
les négociations conventionnelles
le tarif d'autorité
les contrôles
la requalification des actes
les urps
les maisons de soin, de santé, pluridisciplinaires...
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- Written by Vincent Jallu
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Voilà c’est officiel, Alizé est le premier syndicat de France, juste après l’autres premier syndicat de France et l’autre autre premier syndicat de France.
Les résultats sont donc là, Alizé emporte ces élections et 2 sièges, suivi de la FFMKR avec 1 siège.
Fait intéressant, les 3 syndicats sont d’accord pour dire qu’il y a eu des soucis d’envois postaux du matériel de vote.
Cependant je n’en ai lu aucun qui proposait de s’unir pour demander l’annulation du vote.
Comme quoi… quand certains ne passent pas deux jours sans proposer de s’unir à trois syndicats, le jour venu… il n’y a plus personne !
Le grand perdant
Contrairement à ce que l’on a pu lire de ci de là, le grand perdant n’est pas le SNMKR. Non, le grand perdant est la FFMKR. En effet, la FFMKR perd 1 siège et son écrasante majorité absolue. Et si L’UNION perd elle aussi son siège, elle n’était pas en position de force.
L’autre grand perdant est peut être la masso-kinésithérapie elle même.
En effet, notre profession ne cesse de perdre en niveau de participation à toutes les élections.
Notre univers est devenu excessivement technique d’un point de vue administratif et politique. Malheureusement nous ne sommes pas formés pour. Et je crains que cela ne s’améliore pas.
Alizé tout est à construire... et à prouver
Si l’on peut sans conteste affirmer que les votes pour Alizé ne sont pas des votes d’adhésion mais des votes d’opposition, le fait est qu’Alizé a obtenu 2 sièges. Toutes mes félicitations aux nouveaux élus.
Il va maintenant falloir se mettre au travail pour pouvoir tenir toutes les promesses qui ont été faites. Car c’est finalement le gros problème du populisme, le jour où vous êtes élus... les promesses ne tiennent plus.
La représentativité s’ouvre à vous, il serait dommage de la rater à cause de promesses non tenues.
Nous attendrons donc avec impatience de savoir comment Alizé pense pouvoir tenir ses engagements et comment ils vont nous défendre face à la réforme des retraites en cours.
Car déjà dans leurs propres rangs, 2 visions se dessinent, ceux qui rappellent que les élus n’ont aucun pouvoir et ceux qui continuent à promettre…
Et n’oubliez au passage votre volonté de non cumul de mandats qu’Alizé a toujours mis en avant... Pas de cumul CARPIMKO-URPS. Ha oui c’est vrai, ça… C’était avant. Autant modifier ses propres règles quand on arrive plus à les tenir...
Bon courage aux nouveaux élus. La tâche va être dure, et préparez vous à subir les critiques de toutes parts.
Vous étiez des agitateurs, vous voilà devenu des coapteurs de voies. Les autres syndicats ne vous voient plus comme un allié potentiel mais comme un ennemi désigné. Persister à croire à une alliance est encore une forme démagogique de pensées.
L’autre point inquiétant est la cohésion interne d’Alizé. L’actuel président n’ayant pas réussi à garder un bureau stable plus de six mois, je me demande vraiment comment il va tenir des élus parmi ses rangs pendant 6 années !
J’espère que cela ne fera pas comme pour les élections des URPS où après quelques semaines toute communication a disparue et les élus se sont retrouvés « dans la nature ». Normal qu’un grand nombre d’entre eux se soient détourné d’Alizé.
Dans tous les cas, Alizé s’est engagé à consulter l’ensemble des kinésithérapeutes, espérons qu’ils se souviennent que plus des 2/3 de la profession n’est pas sur les réseaux sociaux...
La fin d’un système ?
Les deux syndicats majoritaires s’érodent. C’est l’époque qui veut cela. Le Parti Socialiste n’existe plus, pas plus que l’Union pour la Majorité Présidentielle. Les Français veulent sortir des clivages anciens.
Alizé/La République En Marche, même dessein ?
Ce qui est sur, à mon sens, Alizé doit changer son mode de communication si ils veulent transformer ce vote d’opposition en vote d’adhésion. En parlant aux kinésithérapeutes à un niveau national, alors ils pourront peut être le faire. Si ils continuent à s’enfermer dans les réseaux sociaux je ne suis pas sur que cela se concrétise. Lorsqu’ils s’ébrouent sur internet, ils ont 800 adhérents. Quand ils sont présents au niveau national ils ont la majorité des votes... N'est pas à méditer ?
Car si ils veulent la représentativité, il leur faudra trouver des candidats pour aller siéger dans les commissions paritaires départementales, et malheureusement avec si peu d'adhérents, cela ne sera pas possible. Oui c'est la fin d'un système, mais l'adminsitration reste. Alizé ne doit pas l'oublier.
Les deux autres syndicats, FFMKR et SNMKR (pardonnez le raccourci), vous avez fait des campagnes tardives avec certainement un manque d’apprentissage envers les kinésithérapeutes.
Être plus didactiques pour expliquer les enjeux actuels et comment notre microcosme a changé et comment il fonctionne.
Si vous n’arrivez pas à expliquer pourquoi vous servez à quelque chose syndicalement parlant (et pas qu’en terme de services assurenciels) vous aurez toujours un crétin promettant la lune qui vous coupera l’herbe sous le pied…
Le SNMKR a déjà entamé une grande vague de modernisation, la FFMKR est à la traine et Alizé jouit d’une présidence puérile qui préfère bânir des réseaux sociaux ses opposants plutôt que d’apporter des réponses cohérentes.
La tache est donc grande face aux changements qui sont déjà en route.
Nous ne pourrons pas espére plus de 20% de participation à une élection tant que nous n'arriverons pas à intéresser les masseurs-kinésithérapeutes. Si vos seules envies sont de vendre de l'assurance ou des formations alors les seules chose qui intéresseront les kinésithérapeutes seront de savoir si ils ont la meilleures RCP ou si telle ou telle formation vaut le coût...
Il ne faudra pas s'étonner alors que les effectifs syndicaux s'érodent.
Oui les kinésithérapeutes sont majoritairement libéraux, oui ils sont majoritairement conventionnés et oui globalement le kinésithérapeute moyen ne s'intéresse qu'à faire vivre sa famille sans réellement attacher beaucoup d'importance à la santé publique ou à l'organisation de sa profession. L'origine de ce mal est multiple, défauts de sélection avant concours, défauts d'orientation lors du PACES, défauts de formation, défauts syndicaux, défauts sociétaux...
Nous n'avons pas d'influence sur certains points, mais si nous continuons à ne pas intéresser les kinésithérapeutes au monde qui le gère, alors nous aurons perdu.
Vincent Jallu
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Nous aurions pu penser que la plus grande escroquerie de l’année revenait à l’une de nos tutelles, un(e) ministre, un directeur(trice) de ceci ou de cela, de l’UNCAM, d’une ARS ou je ne sais quoi d’autre…
Non, l’escroquerie de l’année revient au Collège de la Masso-Kinésithérapie (CMK) !
490€, oui vous avez bien lu, quatre cent quatre vingt dix euros ! C’est la somme demandée par le CMK pour faire passer l’examen final de dry needling.
D’aucun dirait que l’on achète son exam’ !
Consultez les deux avis du CMK:
Le CMK, dont la fonction première est je cite «de favoriser les échanges et la communication entre les différentes composantes de la profession(ordre, sociétés savantes scientifiques, syndicats professionnels) afin d’apporter sa caution scientifique à des actions, travaux et publications pour répondre aux autorités et aux entants de notre profession dans une mission de santé publique », se lance donc dans la sanction formative !
Il n’y a pas d’autre mot que celui de la sanction.
Sanction financière, 490€, montant hors de prix pour passer un examen en candidat libre. Et n’ayez aucun doute, on vous redemandera 490€ en cas d’échec !
Sanction administrative car à l’issue de cet examen, aucun titre, aucun diplôme, aucune reconnaissance.
Sanction de l’organisme de formation car c’est lui qui supporte le coût de l’examen si vous ne vous présentez pas en candidat libre (soyez surs que ces organismes de formation le répercuteront sur les frais d’inscription !).
Sanction morale des formateurs, car oui, vous les formateurs en Dry Needling, vous n’êtes pas assez qualifiés pour savoir si votre élève peut exercer ou non.
Est-ce vraiment dans la mission du CMK que de s’autoproclamer président de jury d’examen ?!
Non, le pire dans cette démarche c’est que le CMK en toute complicité avec le CNO, vient de porter un coup à notre liberté de formation en imposant son examen.
L’étape d’après ? Nous imposer une formation organisée par le CMK ? Nous imposer une RCP spécifique « validée par l’ordre ». Avec rétro-commissions assurées ?
Jusqu’où irons nous ?…
Les deux seuls buts de cette manoeuvre sont de s’imposer dans le domaine de la formation et, encore une fois, de remplir les caisses des vampires suceurs d’indemnités !
J’espère sincèrement qu’un organisme de formation va attaquer la légalité et la légitimité de ces avis…
Aucune ambition
Encore une fois, le CMK et le CNO nous montrent la portée de leurs actions… Centro-centrées ! regardons notre nombrils mais surtout n’essayons pas d’améliorer la situation. Au contraire, si nous pouvions embêter quelques kinésithérapeutes au passage, cela serait parfait !
La manoeuvre aurait pu être diplômante (un DU, un DIU ou même un titre comparable à celui d’ostéopathe), non rien de tel. Restons dans notre médiocrité et faisons notre possible pour embêter au maximum les candidats et surtout n’oublions pas de leur extorquer un peu de sous au passage !
Mais soyons rassurés, tout ceci est pour la sécurité des patients ! Quelle blague…
Aucune ambition toujours, côté conventionnel. Parce que pour organiser un examen sans valeur mais qui coute 490€, ils sont forts, mais pour mettre en place un juste paiement de l’acte, il n’y a plus personne !..
Parce que parler de la sécurité du patient c’est une chose, mais pour parler de la moralité de l’accessibilité au soin, qui le fait ? Ni le CMK ni le CNO… Mais suis-je bête, ce n’est pas leur faute, ils n’ont pas leur mot à dire dans les négociations conventionnelles !
La place est belle…
Donc ma question reste entière, est-ce moral pour le CMK et le CNO de promouvoir un acte qui n’est pas remboursable et donc non accessible aux plus démunis, ce qui organise une masso-kinésithérapie à deux vitesses ?
Conclusion
Sous des grands airs de sécurité et de bonnes pratiques, le CMK s’autoproclame avec l’aval du CNO, président de jury en s’immisçant dans la formation qui n’est pas dans ses prérogatives.
Aucun diplôme, aucun certificat, aucun titre, aucune lettre clé, aucun acte, aucune rémunération. 490€ pour du vent.
Le perdant reste encore et toujours le patient qui si il peut se le permettre pourra bénéficier du soin…
Vincent Jallu
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Événement passé totalement inaperçu par le microcosme kinésithérapie, la création des Conseils Nationaux des Universités (CNU). La semaine dernière, l’ensemble des structures dirigeantes en orthophonie, se sont élevées contre la création du CNU des métiers de la rééducation. Nos dirigeants à nous, s’en sont félicité il y a quelques mois !
Comme quoi les attentes des uns ne sont pas les mêmes que celles des autres.
Encore une fois, merci à nos amies orthophonistes de se préoccuper un peu mieux des professions paramédicales que ce que nous pouvons le faire ! (à lire ici)
Un CNU c’est quoi ?
Pour faire simple, c’est l’organisme qui s’occupe de la carrière des enseignants-chercheurs. Si le CNU de votre profession n’existe pas, vous n’avez ni carrière ni recherche possible au titre de votre profession. Vous pouvez toujours vous faire embaucher comme enseignant ou comme chercheur, mais dans une branche qui n’est pas la votre spécifiquement.
Ainsi il y a eu une création de CNU en sciences infirmières, un autre en sciences maïeutique et un dernier en sciences de la réadaptation et de la rééducation. Les IDE ayant validé par le biais de pratiques avancées le fait d’accéder au grade Master et donc d’accéder à des carrières spécifiques d’enseignants en soins infirmiers et ou de chercheurs en soins infirmiers. Le président de la faculté de Rennes ayant déjà annoncé les premiers « maitres de conférence en sciences infirmières d’ici à la fin de l’année ». Mieux, dans son communiqué de presse du 03/05, madame la ministre Agnès Buzyn déclarait « Enfin, « Ma santé 2022 » repose sur le principe de libérer du temps médical utile pour permettre aux médecins d’accueillir de nouveaux patients. Cet objectif sera notamment rempli par la création de la fonction d’assistant médical et l’arrivée des 300 premiers infirmiers en pratique avancée. Ces derniers, de niveau Bac+5, disposeront de compétences plus étendues pour se voir confier le suivi de patients atteints de maladies chroniques stabilisées ». Voilà comment les infirmières arrivent à faire avancer leur profession.
Voilà aussi pourquoi les orthophonistes ne veulent pas se contenter d’un CNU non spécifique à leur profession et pourquoi elles qui ont aussi le grade Master, aimeraient bien aller de l’avant et obtenir ce que les infirmières ont obtenu.
Et nous ?
Ne cherchez pas le CNU des masseurs-kinésithérapeutes, il n’existe pas et n’existera jamais !
En effet, il a été créé un CNU « fourre tout » regroupant tous les métiers de la rééducation !
Voilà c’est simple, un « truc » ou l’on range « ce qui ennuie le gouvernement » et où il mettra tout le « bordel » pour lequel il a pas envie de faire quoi que ce soit.
Nous sommes prévenus, la masso-kinésithérapie ne semble pas être à la hauteur pour que le législateur s’intéresse à nous.
Contrairement à nous les IDE, ont vraiment bien joué leur jeu. Les orthophonistes, elles réagissent et montent au créneau. Et nous, nous nous complaisons de cela !
Encore une fois nous allons être le dindon de la farce !
Il est notable de voir que le conseil de l’ordre des orthophonistes a vaillamment bataillé pour obtenir le grade master et de voir aussi sa réactivité face à la constitution de ces CNU. Merci à lui d’oeuvrer de manière aussi présente et puissante.
Mais j’y pense ?
Il n’existe pas de conseil de l’ordre des orthophonistes ! C’est peut être pour cela qu’elles ont obtenus ce que nous n’arrivons pas à avoir et qu’elles ont une réelle volonté de défense de leur profession en refusant la médiocrité proposée !
Devons nous, nous contenter uniquement de cette médiocrité que l’on nous propose ? Où peut on espérer qu’un jour nos dirigeants prennent réellement conscience de comment ils sont traités et nous fasse de vraies propositions de défense de notre profession ?
Ce qui est sur c’est que chez nous, nous trouverons toujours quelques illuminés pour défendre l’indéfendable à savoir que la situation est idyllique et que tout va bien se finir !
Non, la réalité est que le Master de Masso-Kinésithérapie n’existera jamais. Nous devrons nous contenter de ce qui se fait « à côté ». J’irais même jusqu’à dire, « tout cela pour ça ! ». Oui 10 ans de bataille et d’énergie perdue pour revenir à ce que nous avions déjà avant ! La recherche en masso-kinésithérapie continuera à végéter jusqu’à l’extinction de la profession.
Conclusion
J’espère que cet article fera, un tant soit peu, réagir nos têtes vides mais qui essayent de penser, et qu’au moins ils nous tiendrons informé des événements à venir. Devrons nous pleurer la réforme du PACES, devrons nous en finir avec l’espoir du Master de Masso-Kinésithérapie, devrons nous en finir avec l’espoir d’une pratique avancée, devrons nous en finir avec l’espoir de voir un jour un « docteur en kinésithérapie » ou un « maitre de conférence en sciences kinésithérapique », etc…
Vincent Jallu
P.S. Merci à Didier Lantz au passage...
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Vous ne vous êtes surement pas intéressé à la réforme de l’assurance chômage, logique puisque nous ne sommes presque pas concernés.
Je ne reviendrais pas sur le contenu de cette réforme qui ne manquerait pas d’être largement commenté mais, non ce n’est pas le propos.
Non, je vais revenir sur un fait essentiel dans l’élaboration de cette réforme.
Cette réforme de l’assurance chômage s’est faite dans la plus grande perversion administrative possible. Le gouvernement a dit aux partenaires sociaux, « débrouillez vous, faites nous une réforme, amis assurez vous que cela nous fasse gagner de l’argent ». Après un certain temps, les partenaires sociaux ont dit « nous n’arrivons pas à un consensus ».
Le gouvernement a alors fait ce qu’il fait le mieux… Il a repris la main !
Le gouvernement a simplement éliminé les partenaires sociaux du dialogue et a imposé directement son texte. Texte qui ne sera pas débattu à l’assemblée, mais directement édicté par décrets. Point final. Peu importe le contenu, le gouvernement n’en a finalement fait qu’à sa tête et arrivera à nous faire croire que le processus a été démocratique alors que finalement nous sommes très proche du totalitarisme.
Je vous l’ai déjà dit, pour ma part, je pense que le monde politique a changé le 10 décembre 2016 lors de la campagne de monsieur Macron.
J’y ai vu là la fin. La fin de toutes négociations possibles.
Et malheureusement ce qui a suivi n’a fait que confirmer ce sentiment.
Depuis l’investiture du président Macron, les mots « dialogue social » n’ont plus aucune signification. Le ton est donné, « je vous écoute, je vous entends, mais je n’en fait qu’à ma tête »… voilà la réalité.
Pourquoi cela nous intéresse-t-il ?
La réponse est simple. L’état a déjà fait, passer en force en reniant les partenaires sociaux et cela, en 1995. La réforme de l’assurance maladie, cela vous rappelle quelque chose ?
Second point, une réforme d’ampleur nous concernant arrive sur le plateau politique. La réforme des retraites et la création du régime universel.
Voilà donc comment nous allons être traité… Nous pourrons nous agiter autant que nous le voulons, nous serons balayés du revers de la main.
Vous le savez, je ne suis habituellement pas tendre avec nos syndicats. Cependant, je dois bien avouer que dans cette situation ils n’auront aucun mot à dire, aucune marge de manoeuvre, aucun pouvoir. Et franchement, nous ne pourrons pas les blâmer dans cette difficile tâche.
La réforme des retraites est malheureusement perdue d’avance.
Allons plus loin
L’accord cadre interprofessionnel sur les CPTS, fraîchement signé, quelque soit son contenu est de la même trempe. Pour paraphraser Jean-Louis Barrault, la dictature c’est « ferme ta gueule », la démocratie c’est « cause toujours ». Plus que jamais cette citation prend tout son sens.
Le mot « libéral » n’a plus aucun sens aujourd’hui. Nous sommes libéraux emprisonnés dans un carcan administrativo-financier.
Jusqu’où irons nous ? Nous laisserons-nous nous faire dicter ce que nous devons faire en laissant nos libertés s’envoler ?
La question qui vient de suite à l’esprit, est « Comment faire ? ».
Vous le savez, je ne suis plus convaincu par « l’action », entendez par là que l’ensemble des manifestations, mouvement populaires ou autres n’ont plus rien donné depuis 2 ans maintenant. Bloquer le périphérique ? très bien… où en sont les taxis ? nul part. Les gilets jaunes, sincèrement qu’ont ils obtenus ?… Des promesses, rien d’autre.
Non, à mon sens il faut prendre l’état à son propre jeu. Par exemple la démarche du SMAER (https://smaer.fr) pour faire requalifier la relation caisse-médecins en contrat de travail n’est pas dénuée de sens. Nombre sont ceux qui ont essayé avant eux et qui malheureusement n’ont pas obtenu gain de cause, mais les contraintes augmentant, les textes évoluants, il se pourrait bien que…
Il faut être intelligent, créer des projets en adéquation avec la « législation » imposée et nos désidératas. Il faut être fin et arrêter la stupide opposition infertile pour tendre vers la subtilité juridique et le biais inattendu.
Tant que nous écouterons et adhèrerons aux chimères vendues par certains qui promettent monts et merveilles, nous ne resterons que médiocres et nous ferons phagocyter par nos tutelles.
Vincent Jallu
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Madame la ministre de la santé a reçu ce mardi un rapport d’une « task force » sur la future réforme des modes de financement et de régulation de la santé.
Cette « task force », comprenez par là, « force opérationnelle », ou plus précisément, truc qui ne sert à rien mais qui va mettre le bordel, est dirigée par Jean-Marc Aubert. Si vous ne connaissez pas ce monsieur, il s’agit du directeur de la DREES (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). Tout est dit, des chiffres, de l’argent et… rien d’autre.
Si vous pensiez que la santé c’était des gens, des prises en charges, de l’humain quoi ! Et bien non, la santé ce sont donc des chiffres, de l’argent qui rentrer et qui sort, rien d’autre. Merci madame la ministre de nous le rappeler !
Parmis les « possibilités » envisagées, paiement à la qualité et à la pertinence, paiement au suivi des pathologies chroniques, paiement groupé à la séquence de soins… et comme de par hasard nous retrouvons le paiement à la structuration pour le travail en équipe et les soins de ville, en précisant directement « d’ici à 2022, 1 000 communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et 2 000 structures d’exercice coordonné (maisons de santé, centres de santé, équipes de soins primaires) ».
Je trouve curieux que l’on parle de la coordination des soins et des forfaits groupés dans le même temps, pas vous ?
Le paiement groupé à la séquence de soins
Si les détails sont encore inconnus, nous avons un début de réponse sur ce que sera ce procédé !
« séjour, consultations externes, honoraires médicaux, soins infirmiers, kinésithérapie, etc. » seront rémunérés via un forfait unique.
Vous souvenez vous de mon dernier article sur les CPTS ? (à lire ici). Je relis encore les commentaires de certains syndicalistes se voulant « rassurants » ! La bonne blague ! Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer tellement leur crédulité est affolante !
Voilà donc comment tout cela va s’organiser et se dérouler…
Un montant global sera proposé pour l’ensemble des actes depuis l’hospitalisation jusqu’à la fin de la rééducation… Juste histoire de plaisanter un peu, imaginez ce qui se passera si l’hospitalisation dure 3 jours au lieu de 2 ? Et bien c’est simple, les 300€ qui étaient originellement alloués à la rééducation resteront à l’hôpital puisque ce sera le premier à se servir !
Donc soit on proposera au patient de ne pas avoir de rééducation soit on dira au gentil kiné de faire « les soins » pour « rien » !
Qui sera le pigeon de l’histoire ? Plaisanterie à part, redevenons réalistes et voyons comment cela pourra s’organiser…
Nous pouvons supposer que l’argent va transiter depuis le haut vers le bas. Premier arrivé, premier servi. Nous pouvons aussi supposer que l’argent sera réparti forfaitairement parlant. Ce qui implique directement que les soins devront être faits pour une somme définie à l’avance. Vous aurez donc disons 240€ pour la rééducation de la PTH. SI il n’y a pas de problème en 15 séances (actuel forfait) tout va pour le mieux. Si par manque de chance tout ne va pas pour le mieux… Vous finirez les soins « à votre charge », à savoir que vous n’aurez pas un euro de plus.
Autre possibilité, les acteurs définissent entre eux leurs besoins. Et donc leur financement... Est-ce que le terme « compérage » vous parle ?
Alors laissez moi vous guider… Le compérage étant interdit par les différents, ordres, imaginons un hôpital négociant avec plusieurs CPTS. « la CPTS qui nous laisse la plus grande part des financement remporte tous nos patients ! ». Voilà… C’est cela du compérage (ou plus littéralement, entente secrète entre deux ou plusieurs personnes en vue d’avantages obtenus au détriment du patient).
Voilà donc les trois scénarios envisageables, tous plus charmants les uns des autres !
Le patient dans l’histoire ? Tout le monde se fout royalement de ce que l’humain représente, seul les économies comptent. Voilà ce que nous propose madame la ministre.
Et comme tout sera orchestré depuis l’hôpital vers les CPTS gentiment organisées pour répondre présent, et bien oui, nous seront comme souvent les dindons de la farce !
Car finalement, les cabinets libéraux vont devenir les petites mains des hôpitaux.
Mais soyez en surs, nous allons bien trouver des syndicalistes pour nous expliquer que c’est l’avenir que tout va bien et que nous avons une grande place au sein de ce système dans lequel nous sommes le dernier sous-personnel de la grande pyramide hiérarchique !
Juste histoire de vous apporter un élément factuel financier, en Suède où ce procédé existe déjà le forfait est de 5400€ pour l’ensemble de la prise en charge d’une PTH. Hospitalisation, chirurgie, anesthésie, consultations pré-post opératoire, soins (IDE, MK…). Et si l’on en croit le rapport de la SOFCOT (à lire ici), ce n’est pas une réussite ! Risque élevé de sélection des patients, baisse de la qualité de prise en charge, surcoûts induits, complexité croissante des circuits financiers.
Posons nous la question due pourquoi les orthopédistes ne sont pas contents de cette mesure ?
La mascarade de l’ordre
Je fus assez surpris de lire le communiqué de notre ordre (à lire ici), presque satisfait que madame la présidente fût invité à la présentation de ce superbe avenir qui se dessine pour nous. On peut même lire dans ce communiqué « la présidente du conseil national a participé au groupe de travail mis en place dans le cadre de la stratégie de transformation du système de santé lancée en février 2018 par le Premier Ministre et la ministre des Solidarités et de la Santé dont ce rapport présente les conclusions. ».
Devons nous en conclure que notre ordre a participé activement et est satisfait que l’humain et que le patient soient irrémédiablement exclus dans l’avenir de la santé en France ?
Devons nous en conclure que notre ordre se félicite de cet avenir qui se dessine pour les kinésithérapeutes ?
Je vous avoue que je suis totalement perdu dans la logique que notre ordre semble mener dans tout cela.
Parallèlement notre ordre nous informe depuis quelques temps de son souhait de créer la profession d’aide-kiné (à lire ici et là).
Voilà un bel outil complémentaire aux forfaitisations globales !
Et oui, réfléchissons, si ce sont des « petites mains » qui réalisent les actes dans le cadre des forfaits globaux, transformant les cabinets en usines à patients (je ne sais même pas si nous devons encore les appeler comme cela ou si le terme « bestiaux » ne serait pas plus adapté ?), alors nous avons là une solution toute trouvée.
Je pense qu’il va être urgent pour notre ordre d’annoncer clairement ses positions et ses volontés pour que l’on sache réellement où notre ordre veut aller. Et il est de notre devoir de le demander à notre ordre.
Conclusion
Si pour l’instant ces mesures sont « envisagées », ne doutons pas une seule seconde qu’elles arriveront. Car madame la ministre a même précisé que ces dispositions pourraient entrer en vigueur, soit pas le droit commun soit par la possibilité introduite par l’article 51. Il n’y aura donc pas de recours législatifs contre ces mesures si elles étaient introduites de cette manière. C’est beau la démocratie, surtout quand on fait en sorte de s’assoir dessus !
Nous voici donc dans l’ère de l’inhumain, des cabinets usines, des regroupements en MSP, en CPTS. Le patient, pardon, le bétail, sera pris en charge avec des critères exclusivement financiers.
Vincent Jallu
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